Me Altit, avocat de Gbagbo sur RFI: «Nous sommes en position de force…»

Par IvoireBusiness - Me Altit, avocat de Gbagbo sur RFI «Nous sommes en position de force…».

Me Emmanuel Altit.

Me Altit, avocat de Gbagbo sur RFI: «La décision est une étape, une
étape nécessaire sur le chemin du dévoilement de la vérité. Nous,
nous sommes satisfaits qu’il puisse y avoir un procès pour que
la vérité puisse éclater. Le président
Gbagbo y tenait. Je vous renvoie à ce qu’il disait lors des
audiences : il veut un procès. Et
pourquoi ? Pour l’Histoire et pour
la Côte d’Ivoire, pour que tout soit enfin dit parce que c’est la condition
d’une véritable réconciliation
nationale. De plus, nous sommes
en position de force juridique. Ça veut dire que la plupart des observateurs,
et par exemple l’un des trois juges qui viennent de
rendre leur décision aujourd’hui,
considère que le Procureur ne dispose pas d’éléments suffisants pour gagner un procès.

C’est certainement l’un des trois juges. Deux autres considèrent qu’il y a suffisamment d’éléments ?

Ça veut dire que pour beaucoup, le
procès sur les bases arrêtées par le Procureur, il est d’une certaine
manière déjà joué. Parce que ce que les juges ont décidé
aujourd’hui, c’est d’aller au procès.
Ils ont en quelque sorte souspesé la preuve du procureur. Ils
n’ont pas dit que c’est une preuve suffisamment forte pour gagner un
procès. On en est loin. Très très
loin. Au contraire, l’un des trois juges est rentré lui dans le débat.
Il a dit mais, même si on confirme,
même s’il y a un procès, il ne peut pas gagner le Procureur sur ces
bases là. Et c’est ça qui est important.
C’est cette position de force juridique que nous tenons.
Pourquoi ? Parce que si c’est la
réalité, et c’est la réalité, ça fait trois ans que le Procureur essaie
de trouver des éléments nouveaux,
il n’y arrive pas. Qu’il y ait procès ou pas de procès, cette réalité elle existe.
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Mais le procureur a quand même recueilli plusieurs milliers de documents, de nouveaux éléments de preuve, et ces éléments de preuve nouveaux ont permis à la chambre préliminaire de dire on va au procès. Il y a quand même des éléments substantiels ?

Mais, je ne suis pas sûr que ce soit
le cas. En tout cas, de notre point de vue, c’est loin d’être le cas. Et
du point de vue de l’un des trois juges, c’est loin d’être le cas. Ça
veut dire que ce procès, il sera quoi? Il sera le procès de ceux qui sont
à l’origine de la crise. Il sera le procès de ceux dont c’était l’intérêt
de détruire un pays. Il sera le procès de la corruption. Il sera le
procès des petits arrangements entre tenants de la Françafrique. Et
c’est ça qui est intéressant. C’est pour ça que le président Gbagbo veut un procès. Parce que le processus
judiciaire nous permet de faire émerger la vérité. Et ça c’est
formidable et ce sera extrêmement utile pour tous et d’abord pour les Ivoiriens et pour les Français.

Nous savons que Fatou Bensouda s’est rendue dans plusieurs pays notamment en France. Est-ce qu’on peut imaginer que les français ou les services secrets français lui auraient apporté des éléments ?

Vous pouvez tout imaginer. La chose intéressante ici, c’est que
dans son document contenant les charges, c’est-à-dire en gros, dans
son acte d’accusation, le Procureur évite soigneusement de mentionner
l’intervention française. Et c’est un petit peu, d’après nous, comme si un Procureur qui avait enquêté ou
qui enquêtait sur la guerre de Corée dans les années 50, passait
sous silence l’intervention russe,
l’intervention chinoise et l’intervention américaine. Vous voyez.
Donc ça pose un problème. Donc le rôle de la France, c’est cela que
nous dévoilerons. Et ce n’est pas le rôle de la France d’ailleurs. C’est
le rôle de certaines factions, de certains groupes d’intérêts, de certains
lobbys, de certains industriels aussi ou de certains politiques.
Ce rôle là, nous le mettrons en lumière quand il y aura procès.
Et c’est pourquoi nous sommes satisfaits qu’il y ait procès.
C’est la première fois que la CPI juge un chef d’Etat.

On peut imaginer qu’elle joue sa réputation d’une certaine façon ?

Elle joue tout à fait clairement sa réputation. Et c’est bien ce que
l’un des trois juges a dit aujourd’hui. Est-ce que c’est véritablement
raisonnable d’engager un procès sur des bases aussi
légères ? De notre point de vue, ce sera l’occasion de démontrer, de faire émerger la vérité».

Propos retranscris sur RFI par Anderson D (Nouveau Courrier)