Littérature - Poésie: LES NÉVROSÉS DE LA RÉPUBLIQUE, par Sylvain de Gbogou

Par correspondance particulière - LES NÉVROSÉS DE LA RÉPUBLIQUE, par Sylvain de Gbogou.

Avec l’allure de sages de paille
Se faisant passer pour des lumières
Trainant avec eux d’autres écervelés
Qui en eux, croient bêtement et sauvagement
Ils sillonnent la nation sans faire ce qu’ils doivent
Pour faire avancer les choses espérées d’eux
Comme des sophistes athéniens aux cheveux gris
Ils font le porte-à-porte pour vider leur bille
Noircie par une haine injustifiée et injuste
A l’égard des défenseurs du peuple et de la nation
Marchant comme des bouffons à la recherche
De la bouffonnerie devenue quotidienne chez eux
Leur monde ne se résumant « qu’aux-on dit »
Et « aux-il semble que » puis « aux-on l’a vu-avec »
Comme des cannetons par leur mère, abandonnés
Se suivant dans les rues de la République en mouchards
En lâches se cachant derrière leur semblant de savoir
Et de leur supposée maîtrise de la vie et de ses contours
Ils fréquentent tout le monde pour enseigner le mensonge
Pour distiller comme de l’alcool leur névrose généralisée
Comme un cancer en eux pendant des années de bêtises commises
Les épaules en voûte de paille, les jambes sentant le poids de l’âge
Ils refusent cependant de s’asseoir et d’enseigner la sagesse
Ils courent toutes les portes pour tendre la main à la suite
De causeries interminables, intempestives et ennuyantes
Au lieu donc d’enseigner la sagesse que l’âge semble
Leur conférer, ils sont des petits singes aux cheveux gris
Ils sont des voyous loin des sages de Soubré, d’Oureyo et de Zattry
Ils sont des serpents inoffensifs qui trompent leur entourage
Malade comme eux, vil comme eux, aveugle comme eux certainement
Ils sont de « grandes gueules » aux mille projets avec mention
Zéro dans la réalisation de leurs nombreux « on-va-faire »
Et, lorsque les éveilleurs prennent la vie de la République en main
De jalousie incontrôlée et très visible pris, ils s’exposent
Dans leur nudité totale et dans leurs petites limites de philosophes
De derrière la case de Fatou leur nouvelle amie
Elle aussi malade dans le tréfonds, noircie dans la profondeur
Ils paniquent comme des mouches pulvérisées avec de l’eau de Nawa
Leurs murmures, leurs chants de cygne et leurs ragots ne tenant plus
Constatant qu’ils ont lamentablement échoué, les névrosés, entre
Eux se piétinent et, sentant leur mort très proche, ils veulent
Eux-aussi devenir des « hommes », ils veulent faire part de notre histoire
Or, la vie, le dos leur a déjà tourné depuis des lunes immémoriales.

Un poème de SYLVAIN DE BOGOU
Londres 02/11/2013