Les déboires de Ouattara: L’Union européenne exige un dialogue politique franc avec l’opposition

Le 21 mars 2012 par Notre voie - Ce n’est plus un secret pour personne. La question de l’insécurité en Côte d’Ivoire avec son corollaire d’assassinats, de rapts, d’enlèvements répétés et de rackets inquiète aussi bien les Ivoiriens que l’opinion internationale.

Alassane Dramane Ouattara, chef de l'Etat et nouveau ministre de la Défense.

Le 21 mars 2012 par Notre voie - Ce n’est plus un secret pour personne. La question de l’insécurité en Côte d’Ivoire avec son corollaire d’assassinats, de rapts, d’enlèvements répétés et de rackets inquiète aussi bien les Ivoiriens que l’opinion internationale.

Y compris les premiers soutiens d’Alassane Dramane Ouattara qui ne cachent plus leur colère devant la honte que le nouveau pouvoir ivoirien leur fait vivre journellement. En fin de semaine dernière, l’Union européenne (UE) a exprimé vertement au ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, son exaspération face à l’incapacité notoire du gouvernement à juguler cette crise de l’insécurité. «La question sécuritaire en Côte d’Ivoire les révolte», rapporte un diplomate qui a participé à la rencontre.
De fait, le porte-parole des 25 de l’UE est venu dire à l’Etat de Côte d’Ivoire combien son Union ne sait plus où donner de la tête quand elle se retrouve dans des cercles où l’on parle de la Côte d’Ivoire. Mais, selon un diplomate européen, ce sont les pays qui étaient en première ligne, poussés par la France dans le soutien à Ouattara, qui se retrouvent au ban des accusés par leurs partenaires de l’UE et les autres organisations internationales. «Nous sommes mal à l’aise aujourd’hui», fulmine-t-il. C’est pourquoi, avant de remettre bientôt un chèque de 114 millions d’euros au gouvernement, l’UE demande des garanties dont l’ouverture immédiate du dialogue politique avec l’opposition. Un dialogue que les soutiens de Ouattara veulent franc et constructif.
Car, selon une source proche du dossier, les soutiens de Ouattara ne comprennent pas encore qu’il n’y ait aucune silhouette de l’opposition au parlement et au sein du gouvernement. Les réponses données par Duncan à leur desiderata sont nombreuses, diverses et pas convaincantes. Mais comme l’UE a l’obligation d’aider celui qu’elle a porté au dos pendant de nombreuses années, elle se voit dans l’obligation de décaisser. «Le ministre (des Affaires étrangères, ndlr) nous a dit que le gouvernement reste ouvert au dialogue. Il nous a même dit que le gouvernement discute avec l’opposition. Seulement, a-t-il dit, il y a une aile radicale qui lui pose problème. Comme solution, le ministre a indiqué que les discussions se font avec l’aile modérée qui doit, à son tour, aller convaincre l’aile dure. Il a ajouté que pour les municipales et régionales qui arrivent, il y a déjà des candidatures des membres de l’opposition qui sont annoncées», rapporte le diplomate occidental.
Avec ces informations de premières mains, nous comprenons mieux pourquoi les Gervais Coulibaly et autres qui représentent pour Duncan l’aile modérée de l’opposition font des va-et-vient entre les bureaux d’Hamed Bakayoko et le CNRD sans qu’on ne sache réellement ce qu’ils veulent d’autant que leurs voix comptent peu au sein du CNRD et auprès du FPI que les soutiens de Ouattara veulent voir coûte que coûte dans le gouvernement afin de commencer à envoyer leur aide à la Côte d’Ivoire. Mais on comprend aussi pourquoi l’ancien-nouveau gouvernement que pilote désormais Jeannot Ahoussou Kouadio fait des pieds et des mains pour engager ici et maintenant le dialogue avec la principale force politique du pays contrainte par la fraude électorale et les armes à vivre dans l’opposition.

Abdoulaye Villard Sanogo