Les anti et pro-compaoré se déchaînent sur la toile / Accusé par des pro-Soro, Doumbia Major régit : Tout sur la polémique qui fait le buzz

Par L'Intelligent d'Abidjan - Tout sur la polémique qui fait le buzz.

L’affaire « immixtion de Guillaume Soro dans les affaires intérieures du Burkina Faso », est devenue une guéguerre entre anti et pro-Compaoré qui, se lancent des flèches depuis le mardi 7 janvier 2014, date de la visite de Guillaume Soro, Ahmed Bakayoko et Ibrahima Ouattara au Burkina Faso. Visite au cours de laquelle, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, à la demande du Chef de l’Etat Alassane Ouattara, avait tenté de rapprocher les démissionnaires du CDP (Parti au pouvoir) du Président Blaise Compaoré, et qui projettent d’organiser une manifestation avec "Le Mouvement ça suffit" le samedi 18 janvier 2014. Il s’agit pour eux de s’opposer à la tentative de modification de l’article 37 de la Constitution pour ’’ le service d’un seul homme’’. La réaction de la jeunesse Burkinabé ne s’est pas fait attendre. Le 10 janvier 2014, un jeune Burkinabé du nom de Aziz Sana, Doctorant en Economie et membre du « Mouvement ça suffit » adresse une lettre ouverte à M. Soro et l’appelle à une implication pour une transition politique apaisée au Burkina : « (…) Je sais compter sur vous, vous connaissant et vous admirant depuis mes bancs au Lycée moderne de Gagnoa dans vos prises de position courageuse que vous allez dans une parfaite clairvoyance et objectivité conseiller au président du Faso de ne pas s’accrocher au pouvoir (...) Vous êtes conscient qu’après avoir assassiné des hommes comme Coulibaly Ibrahim, Koné Moussa, Koné Morel, Bamba Kassoum et des centaines de jeunes nordistes qui ont été mis dans des containeurs, vous n’êtes pas assuré d’avoir les voix des nordistes et des musulmans de Côte d’Ivoire lors d’un scrutin libre, démocratique et ouvert ! Vous savez aussi que vous êtes vu par les Sudistes et les hommes de l’Ouest de votre pays, comme celui qui a orchestré de nombreux charniers à l’Ouest de votre pays et dans la région d’Abidjan. Il ne vous reste donc plus que la violence comme seule stratégie pour accéder au pouvoir, et c’est pour ça que vous avez besoin de Blaise Compaoré qui doit, de votre point de vue, demeurer au pouvoir, pour permettre à vos ambitions personnelles de se réaliser ». En plus de la lettre du ‘’Mouvement ça suffit’’, d’autres réactions d’anti-Compaoré vont inonder la toile. Dans son Blog, l’universitaire Burkinabé Etienne Traoré, demande à Guillaume Soro de s’armer de courage et de dire à son ‘’Grand Ami de renoncer au tripatouillage de la Constitution dans son pays. Il pourrait vous écouter et le peuple Burkinabé vous en serait reconnaissant. Toutes autres attitudes amicalistes ou partisanes renforceraient la crise ici en sacrifiant les intérêts de nos peuples sur l’autel des intérêts individuels et partisans, tous passagers, alors que ceux de nos peuples sont permanents’’. Avant de rappeler que bon nombre de conflits politiques, armés ou non, en Afrique, sont dus aux immixtions des pays voisins, parfois relais d’intérêts étrangers, qui les allument ou les entretiennent. Saran Sérémé Séré, Présidente du Parti pour le Développement et le Changement (PDC), va lui emboîter le pas. A travers des propos acerbes et très critiques, la présidente du PDC ne fait pas de cadeau à Guillaume Soro. « Vos récentes déclarations à l’endroit du peuple burkinabé, sont si choquantes et insultantes pour notre intelligencia, qu’elles nous questionnent quant aux raisons réelles qui l’ont motivées à tomber dans cette bassesse, digne d’un rebelle instrumentalisé et non d’une autorité d’un pays frère ou même d’un frère qui a suscité tant d’admiration. Nous ne saurions vous rappeler, en tant que président de l’Assemblée Nationale de la Côte d’Ivoire, pays frère, les textes qui régissent les relations internationales. Si votre réaction est motivée par le fait que vous êtes un burkinabé d’un village du Yatenga ou tout autre village, affirmez le clairement, le cas échéant, taisez-vous en attendant d’être sonné et mandaté comme médiateur régional dans les affaires burkinabé. Du reste, les médiations régionales ne concernent pas les questions intra-parti politiques ou tout au plus si cela doivent l’être, elles ne sauraient se concevoir que de manière interne au parti et non officielle. Dans votre réponse à Monsieur Aziz Sana, vous rappelez votre incommensurable amitié avec le Président Blaise Compaoré (…). Cette reconnaissance peut-elle justifier une aliénation rampante, la perte de vos repères et le non-respect de vos principes qui était d’antan les vôtres depuis étudiant, à savoir la lutte contre toute forme d’injustice contre le peuple. Nous ne saurions imaginer que votre combat puisse être guidé pour l’intérêt d’un seul individu ne fusse-t-il votre protecteur ou pour des intérêts personnels, politiques et économiques. Par ailleurs vous affirmez que si vous avez confiance dans le Che Bogota que vous connûtes à la FESCI à Gagnoa, et pourtant ce surnom qui vous élevait au rang de combattant de la liberté ne vous sied plus et est aujourd’hui aux antipodes de la vision du vrai CHE en qui vous vous identifiez et que le monde a connu comme un des meilleurs combattants contre l’injustice et pour la liberté. Le CHE n’affirmait t- il pas, que ‘’ celui qui peut voir l’injustice sans s’offusquer, ni la combattre n’est pas un camarade ?’’. Méritez-vous encore ce surnom du Che ? », s’est-elle interrogée.

La riposte des pro-Compaoré et de Guillaume Soro

Dans une réponse à la requête du « Mouvement ça suffit » en date du 12 janvier, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, interpelle à son tour la jeunesse burkinabè sur la bonne lecture qu’il faut avoir de la conjoncture politique actuelle : « Il y a des demandes légitimes qui ne peuvent rester sans réponse, au risque d’entraîner le juste courroux de la conscience universelle. C’est donc avec un profond enthousiasme et avec un intérêt certain que j’ai pris connaissance de la lettre ouverte et courageuse que vous avez bien voulu m’adresser, suite à la mission fraternelle que j’ai conduite récemment au Burkina-Faso, sous les hautes recommandations du Président de la République de Côte d’Ivoire, S.E.M Alassane Ouattara (…) Mon cher Aziz, vous m’avez parfaitement mis à l’aise pour vous donner sans m’ingérer bien sûr dans les affaires politiques de l’Etat frère du Burkina Faso, mon humble point de vue sur les voies et moyens d’une possible consolidation de la convivialité et de la confiance dans la démocratie burkinabè (…).» Il sera rejoint dans sa démarche par Mariam Ouédraogo, ressortissante Burkinabé résident à Le Blanc-Mesnil(France) qui a pu déceler une connexion entre l’Ivoirien Doumbia Major, ancien compagnon de Guillaume Soro et la jeunesse Burkinabé. Pour Mariam Ouédraogo, le petit cerveau des détracteurs du Président Soro, n’est autre que Doumbia Major qui a été très actif dira-t-elle, dans le partage du lien de l’article en réaction de la jeunesse Burkinabé,’’ non sans en laisser quelques commentaires du moins intrigants’’. Pour achever son forfait, Mariam Ouédraogo soutient que c’est Doumbia Major qui aurait induit la jeunesse burkinabé en erreur en leur faisant avaler sa tasse de thé habituellement servie sur sa page Facebook ou sur son site internet au début de ses embrouilles avec Guillaume Soro avec qui il a partagé des moments glorieux de la rébellion de 2002 à Bouaké. « La mort de ses proches, IB (dont il fut le chargé de mission pendant des années), mais aussi de jeunes combattants, Koné Moussa, Bamba Kassoum et surtout le jeune Koné Morel dont Doumbia Major portera la responsabilité à jamais pour avoir recruté en personne ce jeune étudiant pour le compte du MPCI », a rappelé Mariam Ouédraogo . A l’en croire, c’est un tissu de calomnies sans le moindre début de preuves et qu’il n’est donc pas étonnant de lire dans cette lettre ouverte au Président Guillaume Soro, le passage relatif à la mort de ses camarades.

La réaction de Doumbia Major

« Décidément je ne comprends pas cette bande de semi-ignorants qui ne voient que l’ombre de Doumbia Major dans tout ce qui leur arrive. Vous allez vous mêler dans des affaires des burkinabés, vous vous faites lyncher et comme par hasard, c’est Doumbia Major qui serait le commanditaire de ce lynchage! Courage à vous et bonne continuation! ». Pour sa part, Guillaume Soro a évoqué la sagesse sénoufo (et sans doute la courtoise et la galanterie) pour ne pas répondre à Dame Sérémé. Une retenue que n’a pas eu le professeur Franklin Nyamsi agrégé de philosophie, connu pour ses positions très favorables à Soro, au Rhdp et hostiles à Laurent Gbagbo, ainsi qu’aux camps des souverainistes et panafricaniste anti-françafricain. Déjà suspecte d’être le porteplume et l’auteur de la ‘’tribune et adresse’’ du PAN à la jeunesse burkinabé, le professeur Franklin Nyamsi a appelé Dame Sérémé à élever le débat, aussi qu’a respecter la stature du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, ‘’dauphin constitutionnel’’ du Président Alassane Ouattara. La polémique fait le buzz sur la toile et sur les réseaux sociaux. Elle s’est amplifiée à partir d’une interview accordée par Guillaume Soro, à un confrère burkinabé. La jeunesse burkinabé et les opposants du pays des hommes intègres en marge de la manifestation du samedi prochain, ont mis en place un groupe sur Facebook, qui compte plus de 10 000 membres déjà et qui rêvent du même impact qu’en Tunisie et en Egypte lors des révolutions dans deux pays. Déjà présent sur Facebook, Blaise Compaoré a crée son compte Twitter depuis le week-end dernier.

Dosso Villard