LE RATTRAPAGE ETHNIQUE EN CÔTE D'IVOIRE ET LE MOUVEMENT AN SARDINE AU MALI

Le rapport des experts indépendants contesté par les pro-Gbagbo relève un lien

Le rapport des experts indépendants contesté par les pro-Gbagbo relève un lien

entre les pro-Gbagbo et les pro-Sanogo qui ont étrangement un objectif commun : la
défense de la souveraineté, des Institutions de leurs pays respectifs (le Mali et la Côte
d'Ivoire). Il nous appartient de comprendre que cette volonté délibérée d'un tel
rapport d'endiguer l'aspiration des peuples africains à une véritable indépendance est
certainement à l'origine des crises que traversent ces deux pays. Cette réflexion n'est
pas suscitée par un rejet de l'Occident, de la France, ou un refus de prendre en compte
les mécontentements des populations du Nord du Mali et de la Côte d'Ivoire. Certains
pays occidentaux comme la Belgique connaissent des conflits qui opposent leurs
peuples, c'est au sein de leurs Institutions que des solutions pacifiques sont trouvées
et non sur des champs de bataille. Jules Destrée, il y a cent ans, disait au roi qu'il n'y
avait pas de nation belge parce que seulement 15% de la population parlaient à la fois
français et flamand. La volonté politique de tout gouvernement doit, en effet,
chercher à consolider les fondements de la nation en favorisant l'unité entre les
citoyens. En Afrique francophone, les véritables gouvernants sont les membres du
gouvernement français, conformément à l'article 55 de la Constitution française et à
l'art. 78 de la Communauté franco-africaine. Tant que la France détiendra ces
pouvoirs exclusifs qui lui permettent de faire et de défaire les présidents africains,
afin qu'ils ne servent que ses intérêts et non ceux de leurs populations respectives, il
est légitime d'analyser d'abord les actions politiques posées par leurs gouvernants
dans nos pays respectifs, dans le but de mieux appréhender les origines des crises
africaines. Ces deux crises, celle du Mali et de la Côte d'Ivoire ont un point commun:
nous assistons, en réalité, à une rupture de l'unité nationale, maillon indispensable à la
construction de l'État-nation : en Côte d'Ivoire, nous avons la philosophe politique du
rattrapage ethnique justifiée, indirectement, par l'ambassadeur de France Jean Marc
Simon qui oppose les ivoiriens du Nord et ceux du Sud. Au Mali, les armes de
Sarkosy qui ont transité par la Lybie concède au Mouvement An Sardine le monopole
de la violence physique légitime; un pouvoir exclusif de tout État. Dans un tel
contexte, les bases de la nation malienne et ivoirienne sont fragilisées. Pourquoi ces
deux mouvements caractérisés par un désir commun de purifier les autres tribus à
partir de l'Islam ont-ils été suscités? Nous ne pouvons le comprendre qu'en analysant
ce qui fondait jusqu'à ce jour l'unité de la nation ivoirienne, et celle du Mali. Le Mali
ne fonde pas son unité sur l'Islam mais plutôt sur sa culture multiséculaire. Les
germes de cette unité furent semés au sein du peuple mandingue par un génie
politique africain ; Soundjata Kéïta. Dans la Charte du Manden conçue, selon le
professeur Wa Kamissoko, par la confrérie des chasseurs du Mandé (au Sud du Mali),
on peut noter une volonté politique qui tend à inculquer dans l'esprit des membres
des différentes tribus, des clans qui forment le mandingue l'intérêt primordial du
peuple dans son ensemble : « Toute vie est une vie ; Pratique l'entraide ; Veille sur la
patrie ; Le tort demande réparation ; Ruine la servitude et la faim, Que cessent les
tourments de la guerre ; Chacun est libre de dire, de faire et de voir ». Tout au long
des siècles, malgré la chute de l'empire du Mali, et la naissance de l'empire Songhaï,
les fils du mandingue sont restés solidaires jusqu'à nos jours. Les fondements de la
nation malienne, les facteurs favorables à la cohésion des mandingues ne datent donc
pas d'aujourd'hui. La Côte d'Ivoire, contrairement au Mali, est un pays de
peuplement. Les fondements de la nation ivoirienne ont été posés grâce au génie de
son président Félix Houphouët Boigny. Les peuples qui composent la nation
ivoirienne n'ont rien à envier à la culture riche des mandingues, ils proviennent euxaussi
de peuples qui ont une tradition, une culture multiséculaire. Certains, comme les
Akans qui proviennent du Ghana seraient originaires de la vallée du Nil ; les rois
agnis portaient, par exemple, le titre de Amon, nom du démiurge de la cosmogonie
égyptienne. Nous avons, par exemple, les rois Amon Aznia (au XVI è siècle) et Amon
Aguire (au XIX e siècle). Houphouët a réussi à tisser des liens forts entre les soixante
ethnies de la Côte d'Ivoire, en se servant de la francophonie, de la langue française
adaptée à nos réalités africaines. Le président Laurent Gbagbo, a joué son rôle
d'opposant, en utilisant les instruments, les armes politiques propres à toute nation
démocratique. Il a incité un Houphouët hésitant à passer de la nation ivoirienne à
l'État-nation, en jetant les bases d'Institutions fortes de la République au service de
tous les ivoiriens (mandingues, Krous, wé, Akans etc...). La Côte d'Ivoire a
commencé, grâce aux actions politiques pragmatiques de ces deux leaders, à faire son
entrée progressive, dans la famille des grandes démocraties occidentales. Houphouët,
en accueillant, tout de même, Alassane Ouattara, comme un fils, et le président
Laurent Gbagbo, en créant les conditions favorables à sa candidature aux élections
présidentielles ivoiriennes n'ont fait qu'exprimer leur volonté de jeter les bases d'un
véritable panafricanisme; une solidarité entre tous les fils du continent africain. Que
l'on constate plus tard qu'Alassane Ouattara soit le seul chef d'État présent au
Quarantième anniversaire des Accords de coopération monétaire n'est pas de leur fait.
C'est grâce aux Institutions fortes soutenues par des peuples unis au sein de leur
nation que les deux pays ; le Mali et la Côte d'Ivoire pouvaient peser de tout leur
poids sur les relations avec la France pour ne plus reconduire des accords secrets qui
permettent encore à la métropole d'administrer nos pays africains. Le rattrapage
ethnique fut donc suscité en Côte d'Ivoire, et l'AN SARDINE au Mali, dans le but de
détruire les bases de l'unité nationale de ces pays respectifs. Une fois ces bases
fragilisées tout l'édifice institutionnel s'écroule. L'ambassadeur de France Jean Marc
Simon fustige à dessein, à travers le général de division Dogbo Blé tous les brillants
officiers ivoiriens et maliens qui sont les derniers remparts de ces nations. Sans nos
armées, la nation disparaît après nos États, après les Institutions ivoiriennes et
maliennes. Le piège politique ne s'arrête pas là, pour nous fragiliser d'avantage on
suscite un Islam qui prône la pureté des moeurs pour nous enfermer dans un monde
médiéval, des républiques fondées sur l'Islam qui ignorent, et nient la laïcité de la
nation. A la fin du parcours de ces deux mouvements que l'on pousse vers l'intégrisme
religieux: celui du rattrapage ethnique et de l'AN SARDINE attend le rapport des
experts indépendants introduits à l'ONU, qui mettra sur eux l'étiquette suivante :
« ALQAEDA, INTÉGRISTES RELIGIEUX ». Ce qui leur donnera le droit d'envahir
de nouveau l'Afrique et de nous retirer des droits élémentaires acquis chèrement, au
prix de vies humaines. Notre salut réside, sur le plan politique, dans la LAÏCITE DES
NATIONS AFRICAINES et dans des valeurs qui fondent notre unité nationale. Pour
Soudjata Kéïta et les véritables chasseurs du mandingue : une vie était une vie, il
suffisait d'appartenir au même territoire, à la même patrie. On ne peut que s'incliner
devant le génie politique de cet africain qui vécut au XII e siècle et jeta, à cette
époque, les bases de la nation malienne propres à toute nation moderne.
Isaac Pierre BANGORET
(Écrivain)