Journée de l'Enfant Africain 2013: Le FPI dénonce le calvaire des enfants et des jeunes sous Ouattara

Par IvoireBusiness - Communiqué du FPI à l'occasion de la Journée de l'Enfant Africain 2013.

Depuis 1991, et particulièrement le 16 juin de chaque année, est célébrée la Journée de l’Enfant africain. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), à l’instar de plusieurs organisations politiques et de la société civile du continent africain, commémore cet important événement qui rappelle le massacre, le 16 juin 1976, de centaines d’enfants lors d’une marche pour leurs droits à Soweto, en Afrique du Sud. A l’échelle de la Côte d’Ivoire, notre pays, cette manifestation permet, après plus d’une décennie de crise militaro-politique, de mettre en relief la situation des enfants et des jeunes, victimes des incompréhensions et des conflits d’intérêts des adultes.
Elle nous offre également l’opportunité de nous pencher sur les réponses qu’apporte le nouveau régime installé dans les conditions que l’on sait depuis le 11 avril 2011, à la problématique d’une jeunesse sans repères, traumatisée, au sortir d’une crise postélectorale inutilement meurtrière et qui affecte durablement leur quotidien et leur devenir.
Depuis cette date en effet, l’on assiste à des phénomènes jamais observés dans notre pays avec l’exode de milliers d’enfants et de jeunes sur les routes de l’exil, fuyant l’insécurité, les dénonciations et leur stigmatisation en tant que pro-Gbagbo. De terre d’accueil, notre pays est devenu gros pourvoyeurs de réfugiés dans des pays frères de la sous-région Ouest-africaine comme le Ghana, le Togo et le Benin. Combien sont-ils encore aujourd’hui, les jeunes ivoiriens, dans les camps d’Elubo, d’Ampain au Ghana et d’Avepozo au Togo, pour ne citer que ces deux pays ? Comment vivent-ils et surtout, en quoi pourrions-nous espérer que leur situation, ne serait-ce qu’un jour, préoccupe les autorités ivoiriennes, quand on se rappelle le drame du camp de Nahibly avec de nombreux morts, ici même en Côte d’Ivoire, du fait de certains membres des Frci et de leurs supplétifs ?
Ce constat marque un contraste frappant avec l’idée qui inspire l’article 6 de la Convention sur les droits de l’enfant de l’Onu que la Côte d’Ivoire a pourtant ratifié le 4 février 1991, qui stipule que « les Etats parties doivent assurer dans toute la mesure possible la survie et le développement de l’enfant. L’article 24 ajoute que l’enfant a le droit aux soins de santé et aux soins médicaux de la plus haute qualité qui soit ».
Pour les enfants et les jeunes demeurés sur place, la situation n’est guère meilleure. Les fléaux sociaux autrefois décriés tels les phénomènes des enfants de la rue, les enfants victimes de trafics et d’exploitation par le travail, les filles-mères, la prostitution juvénile sont accrus par la situation de crise qu’a connu le pays et se traduisent chez les jeunes comme des stratégies de survie. Les phénomènes des enfants soldats, des enfants orphelins en exil et des mineures prostituées sont des réalités nouvelles qui restent à renseigner pour une meilleure compréhension. Un des constats les plus alarmants est celui de l’expansion de la grande pauvreté qui touche une frange très significative de la population ivoirienne.

Pire, avec les licenciements massifs, abusifs et sélectifs, sans véritables mesures d’accompagnements opérés dans divers secteurs d’activités par le nouveau régime là où des millions d’emplois avaient été annoncés pendant la campagne électorale, la situation des familles se trouve gravement impactée par la misère, au point d’amener les parents à faire l’arbitrage entre la nécessité de se nourrir au moins au quotidien ou le devoir de scolariser durablement leurs enfants.
La singulière et inique politique dite de « rattrapage ethnique » qui catégorise les ivoiriens avec une préférence pour les ressortissants du Nord au détriment de ceux des autres régions, ajoutée à l’opacité qui entoure les recrutements sans concours dans des secteurs essentiels d’emplois de la fonction publique, achèvent de réduire de nombreuses familles et de jeunes au découragement, voire à la résignation. La dislocation des familles du fait de la séparation consécutive à la guerre, les veufs, veuves et orphelins et les responsabilités nouvelles induites par la monoparentalité sont contrariées par un chômage accru des parents et l’absence de perspectives face au coût élevé de la vie.
Comment s’étonner alors de la forte dépravation des mœurs chez les enfants et les jeunes quand la misère, la faim et le désespoir forcent les femmes, les filles et même les jeunes garçons à se prostituer, pour satisfaire leurs propres besoins ou ceux de leur famille ? Dans ce contexte, la pédophilie, le VIH-sida et autres maladies sexuellement transmissibles ont encore de beaux jours devant eux. Face à un tableau aussi sombre, face aux cris de cœur des enfants de Côte d’Ivoire, que propose le régime de monsieur Alassane Dramane Ouattara ?

Du point de vue des milliers d’enfants en exil, la gestion par le pouvoir du massacre perpétré dans le camp de Nahibly est symptomatique du peu de cas qui est accordé aux enfants ivoiriens vivant dans les pays étrangers. Le silence des autorités devant les cas de violences exercés dans les camps de Nahibly (Duékoué) autant qu’à Avezopo (Togo) en témoigne, tout comme la lenteur des enquêtes dont on est en droit de douter, dans ce contexte de licence dont croient jouir les militaires Frci et les membres des milices assurés de bénéficier d’une justice des vainqueurs.
Au demeurant, alors que la Constitution ivoirienne proscrit l’exil, le pouvoir semble plutôt l’encourager comme pour se débarrasser d’une jeunesse ainsi punie pour avoir choisi de supporter un adversaire politique. Malgré la volonté exprimée d’aller à la réconciliation nationale, la traque des jeunes en exil est devenue un véritable programme politique du gouvernement Ouattara, encouragé en cela par la passivité de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation devant les cas flagrants de tortures maintes fois dénoncées par les organisations des droits de l’Homme.
Sous Ouattara, la Côte d’Ivoire est devenue une prison à ciel ouvert. Après l’arrestation de Michel Gbagbo, Youan Bi Angenor, Yavo Martial, Blé Goudé, Jean Yves Dibopieu et celle plus récente de Koua Justin en plus des centaines de jeunes anonymes qui croupissent dans les prisons souvent au mépris de leurs droits les plus élémentaires, on comprend l’allergie du pouvoir à une véritable contradiction politique face à ces jeunes leaders d’opinion et son total mépris pour les millions de jeunes qu’ils représentent.

Comment, à ce stade de notre exposé ne pas avoir une pensée pour le Président Gbagbo qui avait su tisser avec la jeunesse ivoirienne une véritable relation affective, pour avoir compris qu’emprisonner gratuitement la jeunesse, c’est emprisonner l’avenir et pour son souci constant de garantir la promotion des droits de l’Homme : création expresse d’un ministère chargé des droits de l'homme, indépendamment du ministère de la justice et des libertés publiques, création de la Commission Nationale des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire (CNDHCI), chargée de veiller à la protection des droits et libertés en Côte d'Ivoire. Il s'agit d'une institution de concertation, de consultation, d'évaluation et de proposition en matière de protection des Droits de l'Homme. Mais la relation du Président Gbagbo avec les jeunes de Côte d’Ivoire se fondait également sur sa politique humaniste qui mettait les enfants et les jeunes au centre de sa politique avec l’école gratuite et obligatoire pour tous, le fonds national de solidarité pour la promotion d’emploi des jeunes, l’assurance maladie universelle, programmes en parfaite adéquation avec les termes de la Convention sur les droits de l’enfant de l’Onu.
C’est pourquoi, malgré son éloignement, le président Gbagbo demeure dans le cœur des millions de jeunes ivoiriens et africains qui n’ont de cesse de prier pour son retour. A ces prières auxquelles le FPI s’associe, nous portons Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’apartheid aujourd’hui malade, à qui les enfants d’Afrique du Sud discriminés doivent de voir leurs droits promus et respectés. Que le Tout-puissant veille sur sa santé. Aux enfants et jeunes de Côte d’Ivoire, en exil ou non, en prison ou non, le Fpi tient à marquer sa solidarité, son soutien devant les épreuves que le pouvoir sensé œuvrer à leur bien-être leur impose. En tant que parti forgé dans les épreuves, le FPI recommande aux jeunes de Côte d’Ivoire de garder espoir. Aussi longtemps que dure la nuit, le jour finira par se lever.

Fait à Abidjan, le 18 juin 2013

Le Secrétaire Général par intérim & Porte-parole
Dr Kodjo Richard