Grève à l'université. Déclaration du SYNARES suite à la grève des étudiants

Par Ivoirebusiness - Grève à l'université. Déclaration du SYNARES suite à la grève des étudiants.

Université Félix Houphouët Boigny d'Abidjan Cocody.

DECLARATION DU SYNARES SUITE A LA GREVE DES ETUDIANTS

Depuis le lundi 11 avril 2016, les campus des universités publiques de Côte d’Ivoire vivent une atmosphère délétère suite au mouvement de grève des étudiants desdites universités à l’appel de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Face à cette situation, le SYNARES livre ci-après une déclaration en trois points : les faits (1) ; l’analyse des faits (2) ; la position du SYNARES (3).
1-Les faits
Obéissant à l’appel de la direction de leur syndicat, la FESCI, les étudiants des universités publiques de Côte d’Ivoire et les élèves des établissements secondaires observent un mouvement de grève de cinq (5) jours depuis le lundi 11 avril 2016. Si l’on en croit le Secrétaire général de la FESCI, cette grève fait suite à une série de revendications portant, entre autres, sur l’inadaptation du système Licence, Master, Doctorat (LMD) adopté depuis la réouverture des universités ; la non mise à disposition à leurs ayants droit, des cités Mermoz et de la Riviera 2 après leur réhabilitation ; la demande, de la part du gouvernement, de la libération de la cité universitaire de Cocody par leurs occupants, afin d’y loger les athlètes des jeux de la francophonie ;la formation au rabais des étudiants en Sciences de la santé privés de Travaux pratiques, faute d’équipements didactiques ; le non respect des franchises universitaires et de la liberté d’association et de réunion dans les lycées et collèges. Des échauffourées s’en sont suivies avec les forces de l’ordre dont le point culminant est la descente musclée des FRCI sur le campus de Cocody dans la nuit du mercredi 13 à jeudi 14 avril 2016, comme en 1991 à Yopougon sous la Primature de Monsieur Allassane Dramane Ouattara. De cette escalade de violence, il ressort que des étudiantes ont été violées, des dizaines d’étudiants grièvement blessés, et de nombreuses arrestations dont celle du Secrétaire Général de la FESCI, déféré à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) où règnent, en maîtres absolus, des bras séculiers du régime déguisés en détenus. Cette situation appelle l’analyse des faits par le SYNARES comme il suit.
2-L’analyse des faits
Hormis les rumeurs faisant état de la demande de libération du campus universitaire au motif rappelé supra, qui est un élément de protestation nouveau, le SYNARES note que, pour ce qui est des conditions de travail et de vie sur l’espace universitaire, les revendications ne sont pas étrangères aux autorités. En effet, dans ses déclarations antérieures en date respectivement du 20 novembre 2013, du 4 octobre 2014 et du 14 décembre 2015, relatives à la situation dans les universités publiques de Côte d’Ivoire après une réhabilitation qui a coûté la bagatelle de plus de cent vingt deux milliards de nos francs (122 000 000 000 FCFA) aux contribuables ivoiriens, le SYNARES a dénoncé le sort injuste fait à l’ensemble de la communauté universitaire, à travers les problèmes d’ordre structurel, infrastructurel et social qui minent les universités publiques et grandes écoles ivoiriennes. Au nombre de ces problèmes figurent, par exemple, la violation des franchises universitaires, le manque d’intranet, d’équipements des laboratoires et des bibliothèques, et l’absence de matériels didactiques dans les UFR des sciences médicales et techniques. Mieux, lors de la rencontre avec Monsieur Daniel KABLAN DUNCAN, Premier Ministre, en son cabinet le 19 juin 2015, le SYNARES insistait sur le risque que représentait l’accumulation d’années invalidées dans les UFR sus citées. A ce jour, le gouvernement n’a fait droit à aucune de ces revendications, contribuant ainsi à précariser davantage une situation déjà préoccupante. A preuve, le siège du campus universitaire de Cocody par les forces de l’ordre et les échauffourées récurrentes y subséquentes avec les étudiants, ne peuvent vraiment étonner. Faut-il rappeler, à ce sujet, que le droit syndical est un droit constitutionnel, et que la violence policière et les arrestations ne sauraient être une réponse gouvernementale responsable aux revendications corporatistes, de quelques organisations syndicales qu’elles puissent venir. Au demeurant, sur la question spécifique de la libération de la cité universitaire de Cocody afin d’y donner gîte aux athlètes des jeux de la francophonie dont la Côte d’Ivoire sera l’hôte en juillet 2017, le SYNARES tient à marquer son vif étonnement embarrassé. En effet, l’acceptation volontaire, par un gouvernement souverain, de telles festivités sportives suppose au préalable l’existence d’infrastructures adéquates, dont les réceptifs d’hébergement pour les athlètes, ou ses capacités à être à la hauteur des engagements volontairement pris, par la construction, à bonne échéance, des équipements attendus. Il ne peut s’agir d’un sort lancé à une victime dont l’avis n’est pas requis, et qui le subit au péril de sa vie. Au contraire, l’Etat ivoirien était soit demandeur au titre des hôtes possibles de ces jeux, soit consentant pour les abriter. Cela appelle la position du SYNARES comme exprimée ci-après.
3-La position du SYNARES
Sur la base de ce qui précède, le SYNARES :
- Condamne l’arrestation des étudiants qui expriment des revendications légitimes dans un cadre syndical, conformément à la Constitution ivoirienne ;
- Adresse ses vœux de prompt rétablissement aux étudiants blessés ;
- Invite le gouvernement à privilégier la voie du dialogue avec les acteurs sociaux en général, pour la résolution des problèmes corporatistes, et non celle de la violence qui a montré ses limites et ne peut prospérer ;
- Rappelle au gouvernement que la préservation d’un climat social apaisé est non seulement de son devoir régalien, mais encore, il en est le tout premier bénéficiaire.

Pour le SYNARES
Le Secrétaire Général par intérim
GLIN Léon