Gabon : démission du ministre de la Justice, Jean Ping lance un appel à la grève

Par France24 - Gabon. démission du ministre de la Justice, Jean Ping lance un appel à la grève.

Séraphin Moundounga , 2e vice Premier ministre, ministre de la Justice et des Droits humains, Garde des Sceaux, a rendu sa démission.

La crise politique au Gabon semble s'enliser. Dernier rebondissement en date, Jean Ping, candidat malheureux à l'élection présidentielle et qui s'est autoproclamé "Président", a lancé un appel à la grève générale, alors que le ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, a rendu sa démission lundi.
En effet, le camp présidentiel d'Ali Bongo a enregistré une première défection de taille en la personne du ministre de la Justice et deuxième vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga. "J'ai pris la décision de prendre congé, d'une part, du Parti démocratique gabonais, et de me décharger de mes fonctions de membre du gouvernement pour que (...) je puisse bénéficier de ma totale liberté", a dit le ministre sur les ondes de RFI.

Tout en annonçant sa démission, ce dernier, considéré comme l'un des protégés du président, a demandé le "recomptage des voix bureau de vote par bureau de vote et procès-verbal par procès-verbal." Une demande qui rejoint celle de Jean Ping qui n’a de cesse de dénoncer des fraudes. Il réclame particulièrement un recomptage dans la province du Haut-Ogooué - fief de la famille Bongo - où la participation officielle a dépassé 99 % avec plus de 95 % des suffrages pour le président sortant.

Des proches en colère devant le palais de justice au début d’auditions

Plusieurs dizaines de personnes étaient regroupées lundi devant le palais de justice de Libreville dans l’espoir d’obtenir des nouvelles d’un proche introuvable depuis le début des violences post-électorales au Gabon, alors que le parquet doit commencer à mener les auditions de 800 personnes arrêtées la semaine dernière rien qu’à Libreville après des émeutes et des pillages, selon le ministère de l’Intérieur.

Le chef de l'opposition gabonaise Jean Ping a lancé lundi un appel à une "grève générale" pour "faire tomber le tyran". Il a demandé aux Gabonais de "résister par le blocage économique du pays", dans une déclaration sur sa page Facebook, qui n'est toutefois pas accessible au Gabon en raison de la coupure des réseaux sociaux.

Côté français, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a exprimé lundi sa préoccupation d'être sans nouvelles de plusieurs de ressortissants français ou binationaux. Des dizaines de Gabonais cherchent toujours un proche introuvable depuis les violences et les centaines d'arrestations qui ont suivi l'annonce des résultats de la présidentielle mercredi dernier.

"Des arrestations ont eu lieu ces derniers jours. La France est sans nouvelle de plusieurs de ses compatriotes. Elle exprime, à cet égard, sa vive préoccupation et demande à pouvoir exercer la protection consulaire telle que prévue par la Convention de Vienne", déclare le ministre des Affaires étrangères dans un communiqué. Quelque 14 000 ressortissants français, dont des binationaux, vivent au Gabon.

De son côté, l'Union africaine (UA) a annoncé qu'elle était prête à envoyer une délégation au Gabon. "Une délégation à haut niveau composée de chefs d'État africains, accompagnés par de hauts responsables de la Commission de l'UA et des Nations unies, est prête à être envoyée à Libreville, dès que les conditions pour une visite seront établies", a annoncé l'instance.

Nouveau Bilan des violences : 3 morts et 105 blessés

Trois morts et 105 blessés dans les violences post-électorales, ce sont les derniers chiffres donnés par le ministère de l’intérieur. « Il y a 67 blessés parmi les forces de défense et de sécurité », a précisé le ministre Pacome Moubelet-Boubeya lors d’une conférence de presse.

L’AFP a compté pour sa part sept morts, trois déjà annoncés par le ministre jeudi dernier, deux civils à Libreville dans la nuit de jeudi à vendredi, un civil samedi à Port-Gentil et un policier mort des suites de ses blessures reçues à Oyem, dans le Nord du pays. Selon l’opposition, le bilan est beaucoup plus lourd.

Mireille Kouamé Avec France24, AFP, et Reuters