France: Déception des partisans de Gbagbo envers Hollande

Le 18 septembre 2012 par PANA - L'immense espoir suscité par l'élection du nouveau président français, François Hollande, a fait désormais place à une amère déception en France chez les partisans de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo,

Partisans de Laurent Gbagbo au cours d'un rassemblement samedi 15 septembre 2012, au Trocadero à Paris.

Le 18 septembre 2012 par PANA - L'immense espoir suscité par l'élection du nouveau président français, François Hollande, a fait désormais place à une amère déception en France chez les partisans de l'ancien chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo,

qui espéraient une réorientation des relations franco-ivoiriennes. Aussitôt la victoire du président Hollande confirmée dans les urnes, plusieurs dizaines de partisans de Gbagbo s'étaient précipitées le 7 mai dernier à Paris sur la place de la Bastille, brandissant des drapeaux ivoiriens et célébrant la défaite de Nicolas Sarkzoy, 'l'ami' de Alassane Ouattara.
Quelques jours plus tard, des partisans de l'ancien président ivoirien s'étaient retrouvés non loin de la place de la Bastille, dans une atmosphère de kermesse ponctuée de tubes phares de la musique moderne ivoirienne, pour célébrer encore la victoire du nouveau président français.
Ils étaient alors convaincus que ce changement politique en France ne profiterait jamais au président Ouattara, leur adversaire.
Mais la déception ne tardera pas à venir.
'Les hommes changent mais les intérêts de la France demeurent', avertissait Laurent Fabius le nouveau ministre français des Affaires étrangères, lors de la passation des pouvoirs avec son prédécesseur, Alain Juppé.
Tenant compte des immenses intérêts de son pays en Côte d'Ivoire, le président français choisit finalement d'inscrire les relations franco-ivoiriennes dans la continuité de ce qu'elles étaient sous son prédécesseur.
Le président ivoirien a été un des tout premiers chefs d'Etat africains à rencontrer François Hollande le 26 juillet à Paris où il était venu en visite officielle de trois jours.
A l'issue d'un long entretien, qualifié de 'chaleureux et fructueux' avec le nouveau président français, Alassane Ouattara a décroché une annulation de la dette ivoirienne envers la France de l'ordre de 3,76 milliards d'euros.

'Ce fut plus que chaleureux: Hollande est resté près de 30 minutes sur le perron de l'Elysée pour écouter la conférence de presse de Ouattara qu'il a tenu à raccompagner. C'était comme si les deux se connaissaient depuis fort longtemps', a raconté un journaliste présent à l'entretien entre les deux présidents.
Pour les partisans de Gbagbo en France, le réveil fut difficile au lendemain de cette visite officielle.
Ils venaient de perdre définitivement l'espoir que la victoire de Hollande marginaliserait le président Ouattara 'l'ami de Sarkozy, le cerveau de la chute de Gbabgo'.
'Nous considérons que la venue de M. Ouattara en visite officielle en France est un mauvais geste. Cela nous indigne au plus haut point. Le président François Hollande a fait campagne sur le thème 'le changement, c'est maintenant', mais nous considérons qu'il n'y a pas eu d'évolution, de changement majeur', avait alors déclaré Alain Toussaint, conseiller de l'ex-président ivoirien sur Radio France internationale (RFI).
'La France est en quelque sorte le parrain de ce régime. M. Ouattara, en tant que filleul, devrait être rappelé à l'ordre. Mais il vient en France, où il reçoit même une remise de la dette. Cela ressemble fort à une prime pour les mauvaises actions qu'il mène contre la démocratie en Côte d'Ivoire', avait-t-il ajouté.
Le rêve étant brisé, il faut repartir au combat autrement qu'en comptant sur le changement politique à Paris.
En vérité, les partisans de Gbagbo n'étaient pas les seuls Africains à avoir espéré que la victoire de Hollande changerait radicalement la politique de la France envers leurs pays.
En effet, les adversaires politiques du Togolais Faure Gnassingbé, du Gabonais Ali Bongo Ondimba, du Congolais Denis Sassou N'Guésso, du Camerounais Paul Biya ou du Tchadien Idriss Déby nourrissaient le même espoir.
Tous risquent pourtant d'être déçus tôt ou tard par 'la real politik' qui rappelle parfois brutalement, que les Etats n'ont pas d'amis, mais seulement des intérêts.

PANA