France - Affaire des primes en liquide : les gardes à vue de Gaudin et Guéant levées

Par Le Monde.fr avec AFP | Fin des gardes à vue de Gaudin et Guéant.

Photo: Image d'archives 2011 par Afp/Ludovic. Michel Gaudin, alos préfet de police, et Claude Gueant, ministre de l'intérieur, posent ici en 2011.
Deux très proches de Nicolas Sarkozy, son ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant et son actuel directeur de cabinet Michel Gaudin, ont été entendus en garde à vue mardi 17 décembre dans l'enquête sur les primes en liquide versées place Beauvau.
C'est la première fois en France que deux anciens responsables de la police de ce niveau sont questionnés dans ce cadre procédural. Les deux hommes ont été relâchés, en fin d'après-midi pour M. Gaudin, et dans la soirée pour M. Guéant.
L'enquête se poursuit, a indiqué le parquet de Paris. « Les mesures de garde à vue (...) ont été prises au regard des nécessités de l'enquête préliminaire, qui se poursuit, concernant des suspicions de détournement de fonds publics, complicité et recel », a-til précisé.
DIX MILLE EUROS MENSUELS DE PRIMES NON DÉCLARÉES
Les faits sur lesquels portent les investigations remontent à la période où l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, était ministre de l'intérieur. Claude Guéant, considéré comme son « éminence grise », était alors son directeur de cabinet, avant de le suivre à l'Elysée comme secrétaire général, puis de devenirministre de l'intérieur.
M. Guéant devait être questionné sur les quelque 10 000 euros mensuels de primes non déclarées qu'il aurait perçues entre 2002 et 2004, lorsqu'il dirigeait le cabinet de Nicolas Sarkozy place Beauvau. Il « a rappelé qu'il s'était borné » àpallier « les insuffisances des dotations budgétaires des fonctionnaires », a commenté, à l'issue de sa garde à vue, son avocat Philippe Bouchez-El Ghozi. « Il n'est accusé de strictement rien » et « s'étonne de la façon dont il est régulièrement mis en cause », a-t-il ajouté.
Mi-juin, une enquête préliminaire avait été ouverte après la publication d'un rapport des inspections générales de l'administration (IGA) et de la police nationale (IGPN, la « police des polices »), selon lequel ces primes en liquide, puisées dans les« frais d'enquête et de surveillance » des policiers, avaient été remises à cette époque à M. Guéant.
M. Guéant avait affirmé avoir, avec ces primes, payé en liquide plusieurs factures découvertes en février pendant des perquisitions à son domicile et dans son bureau, dans le cadre d'une autre enquête sur les accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Les enquêteurs avaient alors également retrouvé la trace d'un versement de 500 000 euros que Claude Guéant explique par la vente, à un avocat malaisien, de deux tableaux d'un peintre flamand du XVIIe siècle, Andries Van Eertvelt.
LE PREMIER CERCLE SARKOZYSTE VISÉ
Autre homme du premier cercle, le préfet Michel Gaudin était à l'époque des faits, entre 2002 et 2004, directeur général de la police nationale, donc chargé des fonds d'enquête dont les policiers cherchent à déterminer s'ils ont été détournés. Il devait ensuite, durant le quinquennat Sarkozy, être nommé au poste très sensible de préfet de police, de 2007 à 2012. A 65 ans, il est actuellement directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy.
Selon une source proche du dossier, deux autres anciens membres du cabinet de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur ont également touché des primes. Jusqu'à présent, les responsables de l'UMP ont été relativement discrets sur cette enquête. Sur BFM TV, l'ancien ministre Xavier Bertrand a toutefois dénoncé une« chasse à l'homme permanente » à l'encontre de l'ancien chef de l'Etat.
Le versement de primes en liquide aux cabinets ministériels avait été supprimé par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin en 2002, mais avait été rétabli entre 2002 et 2004 au ministère de l'intérieur, selon les rapports de l'IGA et de l'IGPN. L'actuel ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé avoir transmis ce rapport à la justice.
Cet épisode judiciaire intervient sur fond de multiplication des témoignages de proches de M. Sarkozy dans lesquels il apparaît que l'ancien président, encouragé par les sondages et par la crise persistante de leadership politique à droite, se montre de plus en plus déterminé à faire son retour politique, avec en ligne de mire la présidentielle de 2017.

Par Le Monde avec AFP