François Hollande en Côte d'Ivoire : Les secrets d’une visite

Par LG Info - Les secrets de la visite de François Hollande en Côte d'Ivoire.

Le climat des affaires est morose en Côte d'Ivoire. En dépit des chiffres concernant la croissance dont le régime s'enorgueillit, la vie n'est pas du tout rose pour les entreprises implantées en Côte d'Ivoire, dont la plupart sont aux mains des Français. Nombre d'entre elles éprouvent de pires difficultés. Certaines sont près de déposer le bilan, si les choses ne s'améliorent pas au plus vite. Et il y a des craintes que la situation sociopolitique ne se dégrade, dans un avenir très proche, toute chose qui inquiète sérieusement la France des affaires. C'est pour parler de tous ces problèmes avec d'une part le pouvoir ivoirien et d'autre part ses compatriotes qui font des affaires en Côte d'Ivoire que le Président Hollande effectue le voyage d'Abidjan. La visite du locataire de l'Elysée lui permettra donc de rassurer ses compatriotes quant au vif intérêt de l'exécutif français par rapport à leur situation qui est en lien avec la philosophie du gouvernement français. Cette philosophie est d'œuvrer pour que les industries françaises trouvent les meilleures conditions pour leur développement, partout dans le monde. Etant donné qu'elles manquent de compétitivité sur les autres continents, c'est en Afrique, surtout la partie située au sud du Sahara, que ces industries, auxquelles les pouvoirs publics locaux offrent des marchés, sans faire jouer, la plupart du temps, la loi de la concurrence, font des profits substantiels, sans grand mal. La Côte d'Ivoire n'échappe pas à cette règle. Elle est même la vitrine de l'Hexagone. Malheureusement, depuis la crise post-électorale, cette vitrine a commencé à se briser. Il faut donc parer au plus pressé, au risque de voir la situation empirer, avec ce que cela représente comme conséquences dommageables pour l'économie française, alors qu'elle n'est pas non plus au mieux de sa forme. Si, en plus de cela, du côté des "comptoirs africains'',la situation venait encore à se dégrader pour les entreprises françaises, l'équation deviendrait encore plus difficile à résoudre, d'où le voyage de Hollande sur les bords de la lagune Ebrié, pour également recommander au pouvoir ivoirien de prendre, sur le plan politique, des mesu- res qui permettent l'instauration d'un climat propice aux affaires. Et ce climat ne peut s'instaurer qu'avec une réelle décrispation qui aboutira à la réconciliation tant recherchée, mais qui est malheureusement en panne. Bien sûr que l'on assiste, ces derniers temps, à une petite vague de libération de quelques partisans du Président Gbagbo, toutes choses qui pourraient témoigner de la volonté du pouvoir d'aller à la paix. Mais ces mesures paraissent bien anecdotiques, tant il est vrai qu'ils sont encore très nombreux, ceux qui croupissent, depuis trois ans, sans jugement, dans les prisons ivoiriennes. Les plus connus ont pour nom Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé, Jean Yves Dibopieu, Youan Bi Angenor... Il faut les libérer, annuler les mandats d'arrêt lancés contre les exilés pour qu'ils regagnent tranquillement le pays. C'est à ce prix que la confiance reviendra. Mais celle-ci ne sera totale qu'avec la libération du Président Gbagbo. Hollande devra donc aller plus loin. Il sait, sans doute, que bien qu'emprisonné à la Haye, l'ancien chef d'Etat ivoirien influence l'échiquier sociopolitique de la Côte d'Ivoire. Par ricochet, les affaires des entreprises françaises dans ce pays.

Sita Ouattara