Espionnage de la NSA : l'Espagne demande des comptes aux Etats-Unis

Par Le Monde.fr avec AFP | l'Espagne demande des comptes aux Etats-Unis.

Photo: Le chef du gouvernement espagnol au sommet européen de Bruxelles, le 25 octobre 2013. Par AP Virginia Mayo.

Suite aux révélations du quotidien El Mundo concernant l'espionnage de 60 millions d'appels téléphoniques en Espagne entre décembre 2012 et janvier 2013 par la NSA, lundi 28 octobre, le gouvernement espagnol a réclamé aux États-Unis des informations dans les plus brefs délais, quelques heures seulement après avoir convoqué l'ambassadeur américain.
"Ces pratiques, si elles sont avérées, sont inappropriées et inacceptables entre pays alliés et amis", a commenté le ministère des affaires étrangères espagnol. Lors de l'entretien entre l'ambassadeur américain, James Costos, et le secrétaire d'Etat espagnol pour l'Union européenne, Iñigo Mendez de Vigo, ce dernier a "sommé les autorités des États-Unis de fournir toutes les informations nécessaires sur les supposées écoutes réalisées en Espagne", a indiqué le ministère espagnol.
L'ambassadeur a pour sa part écrit que les États-Unis allaient "poursuivre les consultations avec leurs alliés, au travers des canaux diplomatiques habituels, pour répondre aux préoccupations qui se sont exprimées".
Selon un graphique présenté comme émanant de l'ex-analyste de la NSA Edward Snowden et reproduit par le quotidien, cette agence "a espionné 60 millions d'appels téléphoniques en Espagne" entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013, dont "plus de 3,5 millions d'appels pour la journée du 11 décembre". Aucune activité n'apparaît les 30 décembre, 1er et 2 janvier, "correspondant à une baisse substantielle du trafic de données espionnées durant les fêtes de Noël".
Selon le journal, la NSA "n'a pas enregistré le contenu des appels, mais le numéro de série des téléphones, le lieu où ils se trouvaient, le numéro de téléphone des cartes SIM utilisées et la durée de l'appel".

L'ANCIEN PREMIER MINISTRE ZAPATERO ESPIONNÉ

Sur la même période, en France, la NSA a capté 70,3 millions de données téléphoniques, comme le révélait Le Monde. L'agence américaine a enregistré l'historique des communications de certaines cibles, le contenu des appels et leurs SMS, selon certains mots-clés. Les programmes captaient environ 3 millions de données chaque jour, avec des pointes approchant les 7 millions de données les 24 décembre 2012 et 7 janvier 2013.
Les révélations d'El Mundo compliqueront probablement un peu plus la tâche de l'ambassadeur des Etats-Unis à Madrid, James Costos, attendu au ministère des affaires étrangères dans la journée : il a été convoqué dès vendredi pour donner des explications sur des révélations d'El Pais et de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel sur des activités d'espionnage américain ayant visé 35 dirigeants de la planète.
El Pais affirmait ainsi vendredi que la NSA aurait espionné du personnel et des membres du gouvernement espagnol, dont l'ancien premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. La NSA "n'a pas seulement espionné les communications téléphoniques, les SMS et les courriers électroniques de millions d'Espagnols, elle a aussi espionné des membres du gouvernement et des hommes politiques", écrivait El Pais.
Pour autant, le chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, avait réagi prudemment à ces révélations, soulignant qu'il n'envisageait pas "pour l'instant" d'adhérer à l'initiative franco-allemande pour demander des "clarifications" à Washington sur le travail de ses services secrets et établir des règles du jeu. Il a rappelé que Madrid restait "partenaire et allié" des Etats-Unis.

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LA CARTE DES PAYS SURVEILLES PAR LA NSA

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Depuis le mois de juin et les premières révélations sur le site du Guardian, les tentaculaires activités d'espionnage de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) sont exposées par des médias du monde entier.
Le journaliste américain basé au Brésil Glenn Greenwald a multiplié les partenariats sur tous les continents, donnant accès à une partie des documents de la NSA dévoilés par l'ex-agent Edward Snowden. C'est ainsi, par exemple que Le Monde a pu révéler l'ampleur de la surveillance exercée par l'agence sur les communications téléphoniques françaises ou les représentations diplomatiques hexagonales à New York et Washington.
La France est loin d'être la seule à être surveillée : de l'Inde à l'Italie en passant par le Brésil ou l'Allemagne, les communications privées de simple citoyens, ainsi que celles de certaines entreprises et dirigeants politiques sont, à des échelles variées, retenues par les mailles du filet de la surveillance américaine.
Ainsi que Le Monde l'a expliqué lors des premières révélations sur l'espionnage de la France, la plupart des journaux partenaires de Glenn Greenwald et Edward Snowden ont limité leurs révélations aux pays considérés comme des alliés de longue date des Etats-Unis.
Le but de cette série de partenariats, en ligne avec les motivations d'Edward Snowden, est bien de renforcer le débat démocratique autour de la surveillance américaine, pas de mettre en péril des vies humaines. De plus, un partenariat avec un média mettrait Glenn Greenwald dans une position juridiquement risquée, exposés à des poursuites en vertu de l'Espionage Act, à l'instar d'Edward Snowden ou Bradley Manning. On sait cependant que des pays comme le Pakistan, l'Iran ou la Chine font partie des pays les plus écoutés par la NSA.

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