Emmanuel Macron à propos de la Françafrique : « La nouvelle génération qui arrive aux affaires, de part et d’autre, doit tirer les leçons des erreurs passées »

Par Ladepechedabidjan - Emmanuel Macron à propos de la Françafrique « La nouvelle génération qui arrive aux affaires, de part et d’autre, doit tirer les leçons des erreurs passées.»

Emmanuel Macron.

Extraits de son intervention devant les lauréats africains du prix CHOISEUL, le 3 juin 2016 à Business France à Paris.
(…) Entre l’Afrique et la France, entre l’Afrique et l’Europe, il y a une histoire.Il y’a une histoire parce que, au fond, nous sortons de plusieurs décennies d’un passé qui ne veut pas passer. Ce qui est un problème pour nous. C’est pourquoi je trouve que cette initiative de faire émerger une nouvelle génération est, je pense, l’une des clés de la réussite commune de la France et de l’Afrique. (…) Pendant beaucoup d’années, en France en particulier, certains ont voulu oublier qu’il y avait une histoire coloniale. Plutôt, ils ont voulu la perpétuer. Ça a donné la merveilleuse formule de la Françafrique. C’est à dire qu’on a fait comme si la décolonisation n’avait pas eu lieu. Certains s’y sont essayés dans d’autres pays. Ça n’a pas été la meilleure option, et pour la France, et pour l’Afrique. Ça n’a pas permis le développement nécessaire en Afrique, ça n’a pas permis de mettre en place une économie stable, ça n’a pas permis d’assainir justement la nature de ces relations et d’avoir une relation vraiment équilibrée. Et ensuite, d’autres ont pensé que la meilleure solution, c’était de (…) tout faire comme si nous n’avions aucune relation particulière entre la France et l’Afrique. Et donc, presque d’oublier ce continent, de considérer que, au fond, ce n’était pas une terre d’avenir, qu’il y avait même une histoire un peu honteuse sur laquelle il fallait jeter un voile. Et nous avons, ce faisant, laissé souvent l’Afrique à ses propres problèmes, nous avons laissé d’autres venir, et collectivement, nous n’avons pas tiré les enseignements.
La nouvelle génération qui arrive aux affaires, de part et d’autre, doit tirer les leçons de ces erreurs passées et prendre en considération que (…) il y’a une histoire millénaire entre l’Europe, en particulier la France, et l’Afrique. L’Afrique francophone comme l’Afrique Anglophone. Et cette histoire, c’est notre force. C’est la profondeur des relations humaines, culturelles, qui ont des ramifications dans nos systèmes politiques, dans nos systèmes économiques. (…)
Il faut regarder en face l’avenir et se dire (…) qu’est ce qu’on peut faire ensemble, dans une relation repensée et équilibrée. Parce que c’est cela notre défi commun, c’est le défi de notre génération. Pour ce faire, il faut justement regarder en face, ce que sont nos défis. Je pense que nous avons, en France, en Afrique, beaucoup de défis communs. (…)
D’abord un défi économique. Quand on regarde nos situations, il y’a une forme de symétrie parfaite. Nous sommes dans un continent mature, avec un écosystème d’innovations, d’enseignements, des infrastructures stables, des systèmes politiques et démocratiques, peut être trop sophistiqués parfois, avec une lenteur de décision (réelle), des réticences au changement (nombreuses) et le risque d’une stagnation séculaire à nos portes. Précisément parce que les contraintes que porte ce continent sont multiples. (…)
Et en même temps, un continent africain qui, on le sait aujourd’hui, a une croissance annuelle moyenne supérieure à 5%. (…)
Nous avons, de part et d’autre, à vivre la grande transformation du siècle qui s’ouvre, qui est la transformation numérique. (…)
Dans les banques et les assurances, pour ne prendre qu’un exemple, plus de 60% des métiers aujourd’hui, n’auront plus cours dans dix ans. Nous créons chaque année 1500 start-up. Il y’a, dans la salle, de beaux exemples de leaders français qui font partie de cette génération. (…)
Nous sommes en train de conduire ici une révolution culturelle, économique, qui passe justement par cette transformation qui est le numérique et qui bouleverse les modes de consommation, d’investissement, d’innovation, de production. Et le numérique frappe aussi rapidement le continent africain ou plutôt, vient en quelque sorte comme une opportunité inédite. Et il n’ y’a pas une histoire linéaire à ce titre. Ceux qui pensaient que l’Afrique devrait rentrer dans l’air de l’analogique, avant de connaitre le numérique, se sont profondément trompés. (...)

Retranscrit par Axel Illary