Egypte : Le nouveau procès de Moubarak s'ouvre samedi au Caire

Par Le Monde.fr avec AFP - Le nouveau procès de Moubarak s'ouvre samedi au Caire.

Le nouveau procès de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak, poursuivi pour complicité dans le meurtre de centaines de manifestants et corruption, doit s'ouvrir samedi 11 mai au Caire, après un premier faux départ en avril. Le 13 avril, l'audience n'avait duré que quelques secondes, le temps pour le président du tribunal, Mostafa Hassan Abadallah, mis en cause pour avoir acquitté des responsables du régime déchu dans une autre affaire, de se récuser.

M. Moubarak doit comparaître avec son ancien ministre de l'intérieur, Habib el-Adli, et six ex-responsables de la sécurité, pour complicité dans le meurtre de manifestants pacifiques pendant la révolte qui a provoqué sa chute début 2011 et qui a fait, selon des statistiques officielles, près de 850 morts. Lors du premier procès, qui avait débuté en août 2011, MM. Moubarak et Adli, qui risquaient la peine de mort, avaient été condamnés à la réclusion à perpétuité, mais les autres responsables avaient été acquittés. Tous ces verdicts ont été annulés en cassation en janvier.

LE SORT DE MOUBARAK SUSCITE DÉSORMAIS MOINS D'INTÉRÊT

L'ancien président doit comparaître également avec ses fils Gamal et Alaa pour corruption. L'homme d'affaires en fuite Hussein Salem sera jugé par contumace. Le premier procès avait captivé l'Egypte et le monde arabe, fasciné par l'image de l'ancien chef d'Etat autrefois intouchable et tout-puissant, couché sur une civière dans le box des accusés.
Dans un pays secoué par une crise économique et financière, ainsi que de fortes tensions politiques depuis l'élection de l'islamiste Mohamed Morsi à la présidence il y a près d'un an, le sort de l'ancien raïs suscite désormais nettement moins d'intérêt.
Ainsi Oum Moaz, dont le fils de 20 ans est mort le 28 janvier 2011 lors de manifestations massives sur la place Tahrir au Caire, avait manifesté devant le tribunal pendant toute la durée du premier procès, mais elle explique avoir perdu tout espoir. "Aujourd'hui, je n'ai plus confiance en personne, même pas la cour qui revoit le procès. Je n'ai aucun espoir que cela garantisse que justice soit rendue pour mon fils ou aucun martyr", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Pour Soraya Hanafi, qui regrette l'ère Moubarak, ce nouveau procès devrait être l'occasion de rétablir la vérité. "Après deux années, j'ai vraiment envie d'entendre les arguments des avocats des victimes et ce qu'ils ont à dire. Quelles nouvelles preuves vont-ils apporter pour re-juger M. Moubarak ? Et ses fils, sont-ils coupables de quoi que ce soit ? Ils n'ont tué personne", a-t-elle déclaré.
M. Moubarak, qui vient de fêter ses 85 ans, devrait assister au procès, qui se tiendra à l'académie de police ayant longtemps porté son nom dans la banlieue du Caire. Après des mois de rumeurs sur une dégradation de son état de santé et une profonde dépression, M. Moubarak a surpris lors de la courte audience d'avril, se montrant détendu et déterminé, assis bien droit dans le box des accusés.

Le Monde avec Afp