Déclaration de la FIDHOP relative à la présidentielle du 25 octobre 2015 en Côte d'Ivoire : « Vive le président dérivé Ouattara ! »

Par IvoireBusiness - Déclaration de la FIDHOP relative à la présidentielle du 25 octobre 2015 en Côte d'Ivoire : « Vive le président dérivé Ouattara ! ».

Dr BOGA SAKO GERVAIS.

ECLARATION DE LA FIDHOP RELATIVE A LA PRESIDENTIELLE DU 25 OCTOBRE 2015 EN COTE D’IVOIRE :

« VIVE LE PRESIDENT DERIVE OUATTARA ! »

1/ DU SCORE SOVIETIQUE OU NORD-COREEN DE 83,66% :

Selon la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne, pro-Ouattara, le « candidat dérivé » à l’élection présidentielle qui s’est tenue le 25 octobre 2015, M. Alassane D. Ouattara, aurait remporté le scrutin présidentiel, dès le premier tour, avec 83,66% des suffrages exprimés ; sur un taux de participation qui avoisinerait finalement 53%.

Si M. Ouattara et les siens se gênent à se réjouir, c’est sans doute parce qu’ils reconnaissent que ce résultat est honteux, et pour la Démocratie et pour eux-mêmes. Selon l’adage : « à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire ! » Seuls dans les régimes soviétiques et Nord-Coréens, ou dans les partis uniques de l’époque, où l’on obtenait de tels résultats.

Quant aux autres candidats, ils auront compris pourquoi il fallait d’abord gagner la bataille des conditions justes et équitables et du changement de la CEI, avant de se lancer dans ce scrutin gagné d’avance. Chacune ou chacun retiendra que Cent Millions de francs CFA ne suffiront jamais pour conférer à une élection pipée d’avance, un caractère démocratique!

Cependant, malgré cette victoire sans gloire, M. Ouattara et ses amis doivent savoir que cette mascarade électorale n’effacera jamais ce que les Ivoiriennes et les Ivoiriens retiendront de ce Monsieur pour l’Histoire : depuis 1990 où il est apparu dans le paysage sociopolitique ivoirien, le nom Alassane Dramane Ouattara rime avec la Violence et la Force !

Et, tant qu’il n’était pas lui-même au pouvoir, M. Ouattara a rendu la Côte d’Ivoire ingouvernable ! La preuve, les principaux soutiens et acteurs de son régime, ne sont autres que les responsables politiques et militaires de la rébellion de septembre 2002, nommés par lui au sommet de l’Etat.

A l’issue donc de ce scrutin, dont les conditions n’étaient ni justes, ni équitables, le vrai adversaire du Chef de l’Etat et « candidat dérivé » Alassane Ouattara était bien le taux d’abstention.

2/ DU TAUX DE PARTICIPATION DE 52,86% OU L’AGONIE DE LA DEMOCRATIE IVOIRIENNE.

Alors qu’il se situe, vraisemblablement, autour de 30%, au maximum, la CEI a d’abord annoncé un taux de participation de 60%, qui est ensuite passé à 54,63%, avant d’être fixé finalement à 52,86%. Quelle tristesse !

Aussi, par respect pour les compatriotes ivoiriens ayant voté pour M. Alassane D. Ouattara, aurais-je bien voulu saluer leur choix et féliciter cet élu.

Cependant, la FIDHOP fait observer ce que révèle ce scrutin.

En effet, la Côte d’Ivoire compte à ce jour, selon les chiffres officiels, admis dans le monde entier, 23.295.302 habitants ; y compris près de 25 à 30% d’étrangers. La population habilitée à voter, selon la CEI, est de 6.301.189. Et, sur ce nombre-là, seules 3.330.928 personnes, donc environ la moitié, sont allées voter ; d’où le taux de 52,86%.

Or, si l’on prend en compte, et les erreurs objectives, et les fraudes sur la nationalité, ou les fraudes planifiées (allusions faites aux 500 cartes d’identités saisies par les forces de l’ordre, trois mois avant le vote, lors d’un contrôle routier dans la région de Gagnoa, etc.), on peut admettre, objectivement et de façon absolue que seulement 2 à 2,5.000.000 d’Ivoiriens ont vraiment voté le 25 octobre 2015.

Et si l’on retire de ce chiffre, les 16% de voix redistribuées entre les neuf candidats malheureux, on obtient un grand maximum de Deux Millions d’Ivoiriens ayant élu M. Alassane D. Ouattara. Que vaut donc un président élu par deux Millions de personnes, sur une population d’environ Dix-sept Millions d’Ivoiriens ?

MAIS PLUS GRAVE, en observant les résultats région par région, l’on se rend compte que les plus gros scores de M. Ouattara ont été réalisés dans le Nord du pays, dans son fief tribal et ethnique.

Il est donc indiscutable que ce vote est essentiellement celui des militants et sympathisants du RDR, notamment des Nordistes ; et qu’il n’est motivé, en réalité, que par la politique du « rattrapage ethnique » qu’applique M. Ouattara depuis le 11 avril 2011 ; ainsi que la vengeance qu’il exerce avec son régime, contre les pro-Gbagbo.

Dès lors, M. Alassane D. Ouattara demeure et demeurera le Président des uns, d’une ethnie, contre le reste du Peuple de Côte d’Ivoire !

A la vérité, le crime grave qu’aura commis M. Alassane D. Ouattara contre la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens, c’est qu’il aura réussi à diviser, bien profondément, notre pays : depuis 2002, le Nord se barricade contre les filles et les fils du Sud ; alors que des filles et des fils du Nord sont bien intégrés dans le Sud. Les Ivoiriennes et les Ivoiriens, devront faire très attention à cette division, dont les conséquences seraient désastreuses pour l’avenir de la Nation !

TIRANT DONC LES LEÇONS de ce scrutin non démocratique, La FIDHOP (la Fondation Ivoirienne pour l’observation et la surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Politique) se réserve le droit de ne pas reconnaître un tel président illégitime ; puisqu’il s’agit d’un Président tribal ou clanique.

Sans oublier que M. Ouattara a été un « candidat dérivé », donc inconstitutionnel, qui est maintenu à la tête de la Côte d’Ivoire par moins d’un tiers du peuple ivoirien, issus principalement de sa région ; avec le soutien inconditionnel de leur rébellion armée, qui est la principale cause de cette abstention massive.

Aussi, LA FIDHOP félicite-t-elle toutes celles et tous ceux qui ont appelé au boycott de cette parodie d’élection ; et elle remercie ceux des candidats qui ont décidé de se retirer de la course, même à quelques heures du scrutin : Le pari de l’abstention a bel et bien été gagné !

Néanmoins, la FIDHOP pourrait réviser sa position ; mais à la seule condition que M. Alassane D. Ouattara change radicalement sa politique.

3/ DE L’APRES 25 OCTOBRE 2015 :

Passé l’euphorie de cette élection présidentielle du 25 octobre 2015, avec son lot de gaspillages de plusieurs Milliards de francs CFA, alors que les populations ivoiriennes ne parviennent toujours pas à se nourrir ni à se soigner correctement, quelle option décidera de choisir M. Ouattara avec son régime ?

L’OPTION A : Avant d’oser toucher à la Constitution ivoirienne, M. Alassane D. Ouattara devrait choisir, prioritairement et immédiatement, la voie de la Réconciliation des Ivoiriens, en appliquant une politique humanisée, visant à susciter l’adhésion de tous.

Dès lors, s’il est vraiment sincère lorsqu’il dit tendre la main à ceux qui ne l’ont pas élu, M. Ouattara devra poser les actes forts suivants.


Libérer (enfin) tous les prisonniers politiques !

En effet, l’objectif du renouvellement de son mandat par ses partisans étant atteint, il est temps que M. Ouattara libère aussitôt tous les détenus politiques, qui sont torturés quotidiennement dans ses prisons officielles ou officieuses ; des plus anonymes aux plus illustres.

Plus particulièrement, M. Ouattara doit permettre à Mme Simone Ehivet Gbagbo de recouvrer la pleine et totale liberté. De même, il peut entreprendre, auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, des démarches visant à faire revenir en Côte d’Ivoire, le Président Laurent Gbagbo et M. Charles Blé Goudé : c’est encore et toujours possible !


Faire revenir au pays, en toute sécurité, tous les exilés !

Après avoir vécu tant de souffrances hors de leur pays, il est temps que le nouvel élu par les siens fasse revenir dans leur pays, avec des garanties sécuritaires et des soutiens matériels et financiers conséquents (en pensant au Milliard partagé entre candidats), toutes les filles et tous les fils qui ont dû fuir le pays depuis 2010.


Faire revivre la Démocratie par la Liberté d’expression !

Dans cette voie de la Réconciliation, M. Ouattara devra admettre qu’une bonne partie des Ivoiriennes et des Ivoiriens n’est pas d’accord et ne sera jamais d’accord avec sa vision de la Côte d’Ivoire émergente, ni avec sa façon de gouverner le pays ; et c’est leur droit !

Aussi, au nom du principe de la liberté d’expression, socle de la Démocratie, et qui est consacré par la Constitution ivoirienne, M. Alassane D. Ouattara devra accepter qu’il puisse exister dans notre pays une opposition forte, ainsi qu’une Société civile active, qui dénonce les violences et les violations des Droits de l’Homme commises au quotidien par des responsables de son régime.

Dans le cas contraire, il se heurtera toujours à des oppositions fermes.

L’OPTION B : Aussi longtemps que M. Alassane D. Ouattara persistera dans la voie de la vengeance, de la dictature, de l’arrogance et de la défiance contre les autres Ivoiriens, il se butera toujours à de vrais Patriotes, toujours debout et plus déterminés que jamais !

Car, nous serons toujours prêts, (tant que Dieu nous donnera le souffle de vie), à nous battre, pour arracher, pacifiquement, la Liberté, la Souveraineté et l’Unité de notre Nation !

Aussi, si M. Alassane D. Ouattara refusait toujours de faciliter la Réconciliation nationale, et s’enlisait dans une dictature plus féroce qu’auparavant, notre projet du Soulèvement populaire devra-t-il être sérieusement préparer et réalisée.

D’où notre Appel ci-après.

L’APPEL A L’UNION DES FORCES D’OPPOSITION :

Considérant que depuis 2002, la Côte d’Ivoire et ses populations sont toujours prises en otage par M. Alassane D. Ouattara et ses rebelles venus du Nord ;

Devant l’échec de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC), dont des masques de traitres sont tombés au soir du 25 octobre 2015 ;

Et dans la perspective du changement annoncé de la Constitution du 1er août 2000, socle de la République ivoirienne et de l’unité de notre Nation ;

LA FIDHOP appelle à l’Union de toutes les forces vives d’opposition, des Filles et des Fils dignes de la Côte d’Ivoire, épris de Paix, de Justice, de Démocratie et du Respect des Droits de l’Homme, afin de tracer, ensemble, les fondamentaux d’une Côte d’Ivoire nouvelle.

LA FIDHOP considère que cette Union nationale, pour la nouvelle Côte d’Ivoire, devrait s’ouvrir à toutes les organisations de la Société civile qui le souhaitent, les Syndicats, les ONG ou Associations ; mais aussi aux partis politiques de l’opposition. La double condition devant être, l’attachement aux idéaux des Droits de l’Homme et de la Démocratie et l’amour profond à la Côte d’Ivoire, dont les valeurs cardinales sont définies dans son Hymne national et dans sa Devise.

La FIDHOP, tout en renouvelant sa détermination à toujours défendre les populations ivoiriennes et la Souveraineté de la Côte d’Ivoire, partout où besoin sera, se dit disposée à apporter sa contribution à la mise en place d’une telle Union, au sein de laquelle, les partisans du Président Laurent Gbagbo, principales victimes du régime-Ouattara, ainsi que certains candidats malheureux mais qui sont demeurés dignes, devront accepter d’assumer les responsabilités qui seront les leurs. Car, il nous faut dès maintenant, ENSEMBLE, SAUVER LA CÔTE D’IVOIRE de Demain !

La FIDHOP ne saurait clore cette Déclaration, sans saluer le vaillant Peuple de Côte d’Ivoire, pour être resté digne et fier jusqu’à ce jour ; malgré les humiliations, les meurtrissures et les assujettissements qui lui sont imposés, par la violence et la force des armes, du fait des rebelles de M. Alassane D. Ouattara et de la part de la Communauté dite internationale.

Que le Peuple ivoirien retienne, qu’aujourd’hui, plus que jamais, de dignes Filles et de dignes Fils de la Côte d’Ivoire sont toujours déterminés à défendre leur Patrie, vaille que vaille !

VIVE LA CÔTE D’IVOIRE DIGNE, LIBRE ET SOUVERAINE !

POUR QUE VIVE UNE AFRIQUE DEBOUT !

Fait à Milan, ITALIE, le 31 octobre 2015

POUR LA FIDHOP

Dr BOGA SAKO GERVAIS

Enseignant-Chercheur à l’Université de Côte d’Ivoire ;

Ex-Membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme

de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ;

Président de la Fondation Ivoirienne pour

Les Droits de l’Homme et la vie Politique (FIDHOP) ;

Ecrivain-Essayiste.