Débats et Opinions: Sous Alassane Ouattara, c'est l'illusion pour tous et le bonheur pour certains

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Sous Alassane Ouattara, c'est l'illusion pour tous et le bonheur pour certains.

Alassane Dramane Ouattara lors de son investiture en 2011 par Nicolas Sarkozy. Image d'archives.

Pendant la campagne électorale, Alassane Dramane Ouattara a parcouru la Côte d’Ivoire pour faire des promesses dans chaque département. Du nord au sud, de l’ouest à l’est en passant par le centre, il a inondé tout le pays de promesses de milliards de francs. Au total, il a promis à 48 localités, la somme de 7.685 milliards. Ecoutons-le lors d’un meeting à Soubré « Nous avons prévu, au niveau de l’agriculture, une enveloppe de vingt-six milliards de francs CFA pour faciliter l’expansion du secteur agricole ici, dans le département de Soubré. C’est au total, un investissement de 531 milliards de francs CFA que nous prévoyons pour le département de Soubré au cours des cinq prochaines années. Ce n’est pas du "bluff", c’est la réalité ». Mais voilà, les faits rattrapent toujours ceux qui font des promesses démesurées. Le Président Ouattara a servi à tous Ivoiriens un « plateau d’illusion » avec ses pelleteuses partout à Abidjan et une communication assidue sur le taux de croissance. Les Ivoiriens ont été floués par le Président Ouattara. Les régions n’ont pas reçu les financements annoncés et les jeunes, les millions d’emplois promis. Les étudiants attendent toujours l’équipement des laboratoires après les couches de peinture dans nos universités. Finalement, ce qui est juste à dire, c’est que le Président Ouattara a illusionné tous les Ivoiriens. Mais, tous ses chantiers étatiques peinent à cacher la galère vécue par une large partie de la population, dont la moitié vit avec moins de 1 dollar par jour et doit faire face à la hausse croissante du coût de la vie. Selon une étude réalisée en 2013 par l’Institut national de statistique (INS), près de 70% des familles ivoiriennes éprouvent des difficultés pour se nourrir et se soigner. Plus grave, une famille sur trois n’a pas accès à l’eau potable, surtout à Abidjan. Le directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, Ousmane Diagana affirmait ceci : «Le niveau de pauvreté est très élevé en Côte d’Ivoire. Dans six ou sept régions du pays, il est facile d’identifier ces populations qui ne jouissent pas des retombées de la croissance.». A Abidjan et à l’intérieur du pays, les populations se bousculent autour des fontaines. Il faut se réveiller tôt le matin pour chercher de l’eau. Les robinets sont régulièrement à sec et on doit parcourir une longue distance pour s’approvisionner.
Pendant que la majorité des ivoiriens souffre, une poignée profite des richesses du pays. En 2014, la Côte d’Ivoire est classée 115ème au classement de l’organisation non gouvernementale allemande Transparency International, de l’indice de perception de la corruption mondial du classement à l’indice de corruption. En 2013, le pays était 136ème et 130ème en 2012. Même si le pays gagne 21 places dans le classement de 2014, la corruption a la peau dure. Le Groupe d’experts des Nations Unies indiquait que d’anciens seigneurs de guerre rebelles — maintenant commandants dans l’armée ivoirienne — détournent des millions de dollars de l’économie ivoirienne au moyen de la contrebande et d’un système de taxation parallèle sur le cacao, le bois et d’autres produits d’exportation. Les scandales se sont multipliés sous le régime Ouattara. Les marchés publics n’offrent aucune transparence, les proches du Président utilisent les moyens de l’Etat à leur profit. Les Ivoiriens se souviennent toujours des sales affaires de certains ministres du gouvernement. Accusé pour détournement de fonds dans l'affaire des déchets toxiques, l'ex-ministre de l'Intégration africaine a été, contre toute attente, " blanchi " par le procureur de la République de l'époque, Simplice Kouadio Koffi. Quant aux ministres Kandia Kamara et Sanogo Mamadou (affaire Celpaid) ; Anne-Désirée Oulotto (affaire Satarem) et Cissé Bacongo (affaire 110 milliards des Universités publiques), ils sont tous encore membres du gouvernement. Sous le régime Ouattara, certains ont droit au bonheur mais pas tous. Pour les autres, ils doivent se contenter d’une promesse de l’émergence de la Côte d’Ivoire. En définitive, sous le Président Ouattara, certains s’enrichissent, profitent de tout tandis que le grand nombre souffre, gémit et saigne de l’intérieur.

DR PRAO YAO