Débats et Opinions : L'AMOUR DU PROCHAIN ET LA LÉGITIME DÉFENSE À LA LUMIÈRE DES ÉVANGILES

Par Correspondance particulière - L'AMOUR DU PROCHAIN ET LA LÉGITIME DÉFENSE À LA LUMIÈRE DES ÉVANGILES.

La légitime défense est commandée par la nécessité de se défendre ou de défendre autrui. La
justice ne peut, en général, considérer, dès cet instant, illégaux les moyens utilisés pour protéger sa
propre vie ou celle du prochain. En France, l'article 122-5 du code pénal le prévoit dans son livre
premier. Nous sortons, cependant, du contexte de la légitime défense, quand nous agissons par
vengeance ou poursuivons l'agresseur défait en fuite. Ces dispositions, bien que légales, semblent
en désaccord avec le message chrétien délivré par les guides spirituels, dans leur ensemble, qui nous
invitent à pardonner, à offrir l'autre joue à celui qui nous frappe, à aimer nos ennemis. Supposons
donc que survient, chez nous, un malfaiteur sur le point d'exterminer notre famille. Les parents
doivent-il défendre les siens ou les laisser à la merci de l'agresseur? Quelles dispositions doit
prendre, par ricochet, le président d'une République chargé de la défense nationale? Est-il invité,
conformément à la Loi, à défendre les populations qui lui ont confié, par la voie des urnes, leur
destinée, ou doit-il les abandonner, dans le but de protéger sa propre vie ou par amour du prochain?
Il nous faut lever toute équivoque entre l'amour du prochain et la légitime défense que nous
retrouvons bel et bien dans les saintes Écritures. Ces questions fondamentales méritent d'être posées
aux Africains, dans leur ensemble, parce que nous ne savons plus quel est le rôle véritable assigné
aux armées africaines. En Côte d'Ivoire la France a fait enfermer à la Haye le président Laurent
Gbagbo, un Chef d'État qui a défendu sa nation, non contre les jeunes du Nord, mais plutôt contre
des mercenaires africains armés par la métropole, aidés par l'armée française. Au Mali (un pays
soutenu sur le plan économique et militaire par la France), nous entendons, de manière paradoxale,
un autre refrain: l'ex Chef d'État ATT est accusé de haute trahison pour n'avoir pas assuré la défense
de son pays. Ces deux faits politiques qui ne répondent à aucune logique démontrent que les actions
menées par la métropole en Afrique ne visent que la destruction indirecte des forces armées
républicaines. La CPI, dans un tel contexte, ne devient que l'outil judiciaire chargé de trouver des
"moyens légaux" susceptibles de fragiliser les hommes politiques africains favorables à la
démocratie. Il nous faut absolument comprendre ce traquenard que nous tend la France et les
hommes politiques africains qu'ils installent, dans les meilleurs délais, à la tête de nos nations, pour
comprendre qu'elle ne tient qu'à préserver en Afrique un système autoritaire, un ordre opposé
radicalement à la vérité, à la justice, à l'égalité, à la fraternité. Le président Laurent Gbagbo, fils
d'un policier, doit se contenter, conformément à cet ordre, d'une Chaire à l'université. Il ne peut
donner des ordres à des descendants d'empereurs et de princes africains favorables à ce système
oppressif et sanguinaire. Les jeunes intellectuels du continent issus de milieux modestes doivent se
contenter de mettre leur génie au service des fils à papa, de peur de mettre en péril l'ordre établi; le
monopole économique et politique des grandes familles. Tout est mis en oeuvre pour ne pas les voir
émerger, créer des PME; ils courent le risque d'être assassinés à leur propre domicile, à leur service,
sur leurs propres terres. Doit-on au nom de l'amour du prochain continuer de subir de telles atrocités
et nier surtout la vérité pour préserver cet ordre voué au chaos? Comment concilier l'amour du
prochain et la légitime défense? Que nous disent les Évangiles à ce sujet? Lorsque Jean le Baptiste
proclamait le baptême de repentir pour la rémission des péchés, les foules, des publicains (des
administrateurs de la gestion des biens publics), des soldats, l'interrogèrent pour savoir ce qu'il
fallait faire pour obtenir la rémission de leurs péchés, le salut de leur âme. Le prophète s'adressa en
ces termes à ces trois catégories de personnes; aux foules il dit: «Que celui qui a deux tuniques
partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même» Aux publicains
(aux administrateurs des deniers publics) il fit cette recommandation: «N'exigez rien au-delà de ce
qui vous est prescrit», et enfin aux soldats il tint ce discours: «Ne molestez personne, n'extorquez
rien, et contentez-vous de votre solde» (Lc 3, 7-14). Le précurseur ne s'opposa donc pas au métier
des armes mais exhorta les soldats à user de la force dans le respect de la dignité humaine. «Ne
molestez personne»: cette phrase met en évidence le principe de la légitime défense. Jean le
Baptiste adresse aux forces armées exposées à des dangers permanents ce message particulier, pour
leur signifier qu'ils obtiennent aussi leur salut dans l'exercice quotidien de leur fonction. Le Christ
Jésus abonde dans le même ordre d'idée mais fait allusion dans le passage biblique suivant à la
protection de nos biens matériels et spirituels: «Lorsqu'un homme fort et bien armé garde son
palais, ses biens sont en sûreté; mais qu'un plus fort que lui survienne et le batte, il lui enlève
l'armure en laquelle il se confiait et il distribue ses dépouilles» (Lc 11, 21-22). Ce discours tenu à
l'encontre de ceux qui l'accusaient d'expulser les démons au nom de Béelzéboul (du diable) attire
notre attention sur l'enjeu de la lutte entre le bien et le mal. L'Ennemi ne vient pas assurer la sécurité
de nos biens, celle de notre nation, ou le bonheur de nos populations, son objectif est de s'approprier
nos biens et de distribuer nos dépouilles à ses alliés. C'est à cela que nous assistons en Afrique après
la destruction de nos armées souveraines. Une fois notre armure enlevée, nos armées défaites par la
France et ses mercenaires africains qui combattent des soldats républicains déboussolés, enchaînés
par la CPI, arrivent les investisseurs étrangers et non locaux; ces vautours chargés de se partager
nos dépouilles. Les enseignements du Christ transformés en opium spirituel par certains
guides religieux pour asservir les peuples africains ont toujours pris en compte, au grand dam
de ces derniers, aussi bien nos préoccupations spirituelles que matérielles. Aux apôtres qui
voulaient renvoyer les foules affamées chez elles au moment où le jour commençait à baisser, Jésus
leur demanda de leur donner eux-mêmes à manger. Il multiplia ce jour-là cinq pains et deux
poissons et nourrit cinq milles hommes (Lc 9, 10-17). Lorsque Pilate lui dit lors de son procès:
«Ta nation et les grands prêtres t'ont livré à moi. Qu'as-tu fait?» Il répondit: «Mon royaume
n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que
je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas d'ici» (Jn 18: 35). Les Chefs des
nations ne peuvent tenir ce discours de Jésus de Nazareth puisque leur royaume est de ce
monde. Défendre leurs citoyens, leur nation est, par conséquent, un devoir sacro-saint. La
royauté ne venant pas du ciel, ils seront soit des princes soit des sujets dans le Royaume des Cieux;
tout dépend du témoignage de leur vie sur terre qu'ils ont pour devoir de gouverner. Ils peuvent
perdre la royauté comme Saül ou la conquérir à l'image de David, avec l'aide du Dieu unique, si
l'Esprit du Créateur se complait en ses bien-aimés des peuples. Il nous faut donc savoir distinguer
les prédications qui ont trait à l'amour du prochain des enseignements qui concernent la gestion et la
protection des biens publics, de la collectivité. Lorsque Jésus s'adressa à l'apôtre Pierre, qui venait à
peine de trancher l'oreille de Malchus, le serviteur du grand prêtre, il lui dit: «Rentre le glaive dans
le fourreau. La coupe que m'a donnée le Père, ne la boirai-je pas?» (Jn 18, 10-11. Le Christ ne
reproche pas à son ministre l'usage de l'épée mais s'oppose à l'usage du glaive dans l'annonce de la
Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux qui doit se faire sans effusion de sang de la part des
disciples envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Une communauté religieuse qui défend
au prix de sa propre vie son patrimoine matériel contre d'éventuels agresseurs pose un acte légitime,
nous sommes dans un contexte de légitime défense; il nous suffit d'observer pour cela la Papauté,
les gardes suisses et analyser la tentative d'assassinat du Pape Jean Paul II. Une communauté
religieuse désireuse, au contraire, d'amener les hommes au salut, en faisant usage de l'épée ne fait
pas l'oeuvre de Dieu mais du diable. L'histoire de l'humanité qui relate les croisades met simplement
en évidence la grande collusion entre les intérêts politiques, ceux des lobbies, et le monde religieux.
Il s'agissait d'une époque où les templiers favorables à l'hégémonie de l'Europe dans le monde
étaient des banquiers, les trésoriers des armées chrétiennes. Le veau d'or; l'argent et le pouvoir, sous
les apparences d'un dieu, d'un ange de lumière, guidait alors les croyants, car les hommes politiques
se sont toujours servis, jusqu'à ce jour, des religions pour assouvir leurs propres ambitions,
cependant le Dieu unique a su toujours se manifester aux hommes de foi au milieu de toutes ces
intrigues. Les prédications concernant l'amour du prochain, le pardon, ont donc trait au témoignage
quotidien du chrétien appelé à annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux. Être jeté en
prison ou assassiné à cause de son témoignage est pour lui un gain; il ne fait qu'amasser dans le ciel
un trésor: «Allez! Voici que je vous envoie» dit le Christ Jésus «comme des agneaux au milieu des
loups» (Lc 10, 3). Mêlés aux foules les véritables croyants sont de simples agneaux sans défense,
quand ils rendent témoignage à Dieu, mais des défenseurs de leur famille et de leurs biens matériels
(et non des lâches) dans un contexte de légitime défense. Comme publicains (administrateurs des
biens publics), ils sont ces Gérants habiles capables de se faire des Amis avec le malhonnête Argent.
Comme Soldats ils sont ces anges qui défendent au prix de leur vie leur Patrie, la Justice. Méditons
à juste titre ces propos du Christ Jésus: «Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni besace, ni
sandales, avez-vous manqué de quelque chose?» «De rien» répondirent en choeur les apôtres. Il leur
dit alors: «Mais maintenant que celui qui a une bourse la prenne, de même que celui qui a une
besace, et que celui qui n'en a pas vende son manteau pour acheter un glaive. Car je vous dis, il
faut que s'accomplisse en moi ceci qui est écrit: Il a été compté parmi les scélérats» (Lc 22, 35-37).
Si les chrétiens sont invités à jeuner et à prier pour combattre les esprits impurs après l'ascension du
Christ, les croyants africains, pour la défense de leur pain quotidien, sont invités à se munir d'un
glaive, d'une bourse, d'une besace dans un monde sourd à la vérité, à la justice, à Jésus et aux
prophètes traités, dans le secret, de scélérats, par des gouvernants sans foi ni loi.

Une contribution Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)