Débats et opinions: Et si les états généraux de la république devenaient un projet du gouvernement de reconciliation nationale

Par Correspondance particulière - Et si les états généraux de la république devenaient un projet du gouvernement de réconciliation nationale.

Pour le Front Populaire Ivoirien, concepteur des états généraux de la République, il s’agit globalement d’un : « large débat, inclusif, franc et sincère sur toutes les questions qui divisent les ivoiriens depuis plusieurs années, qui constituent les causes de la crise ivoirienne et dont la résolution permettra de fonder un nouveau consensus national pour la paix, la stabilité, l’unité et la réconciliation nationale ».
Dans son message de présentation des Vœux du nouvel An, le Président Pascal AFFI N’Guessan, d’un ton mesuré, a formulé la requête ainsi libellée : « … Le pays va mal ; il peine à sortir de la grave crise postélectorale à cause d’une absence de vision politique, d’une politique de rassemblement des Ivoiriens et d’une politique de réconciliation nationale. Notre pays a besoin de paix et de stabilité. Les quelques actes de décrispation posés par le chef de l’Etat, le Président Alassane Ouattara, notamment la libération des 32 prisonniers politiques sur plus d’un millier, sont trop timides et insuffisants pour inverser la tendance et engager résolument le pays dans la voie de la paix et de la stabilité. Restaurer la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire, réconcilier les ivoiriens et reconstruire le pays requièrent du courage politique, de la hauteur de vue et un sens élevé de responsabilité. Cela n’est possible qu’au travers d’un débat républicain, constructif et inclusif engageant toutes les composantes de la nation sur les graves problèmes auxquels celle-ci est confrontée depuis une vingtaine d’années. Le temps est venu de faire le deuil de l’échec de toutes les initiatives hasardeuses du régime actuel et de poser, sans faiblesse et sans complexe, la problématique de la réconciliation de la Côte d’Ivoire avec elle-même ; de la construction de la nation et de la refondation de l’Etat. Le temps est venu de mettre fin aux divisions et aux persécutions ; à la méfiance et suspicion ; aux arrestations arbitraires ; à l’existence de prisonniers et d’exilés politiques. Le temps est venu de bâtir les deux piliers de la réconciliation nationale, à savoir : finaliser le dialogue politique et convoquer les Etats Généraux de la République que propose le FPI. C’est la seule voie et le seul moyen par lesquels l’ensemble des Ivoiriens parviendront à fermer la sanglante et douloureuse parenthèse de plus de dix ans de violences politiques et d’affrontements armés ; à vider le gisement de colères et de révoltes qui étouffe notre pays. C’est le chemin de l’émergence.
Puisse Dieu, dans son infinie bonté, inspirer aux autorités politiques la sagesse nécessaire à la résolution définitive de la crise en Côte d’Ivoire, affermir le soutien de la communauté internationale à notre pays et exaucer les vœux de justice, de liberté et de paix des ivoiriennes et des ivoiriens…»
En réponse à cette requête du Président du FPI, le Président Ouattara annonce dans son discours de Présentation des Vœux à la nation des initiatives nouvelles en faveur de la décrispation : « …En tant qu’héritier du Président Félix Houphouët-Boigny, dont nous venons de commémorer le 20ème anniversaire du décès, je sais, comme vous, que la condition essentielle pour atteindre nos objectifs est la préservation d’un climat de paix, préalable indispensable à tout développement. Nous allons donc poursuivre inlassablement nos efforts dans le sens de la réconciliation et de la cohésion nationale. Je me suis personnellement engagé dans ce domaine. Cela s’est traduit par des mesures de décrispation unanimement saluées. Dans ma volonté de rassembler toutes les filles et tous les fils de notre pays, j’ai instruit le gouvernement de poursuivre le dialogue avec l’Opposition. Je viens également de demander au Garde des Sceaux, que la justice examine à nouveau une mesure de mise en liberté provisoire de certains détenus de la crise postélectorale. La porte reste donc ouverte à tous, à nos frères et sœurs des partis d’opposition. Je les exhorte à participer pleinement à un débat démocratique civilisé et apaisé, respectueux de l’Etat et des Institutions. Nous devons tourner résolument le dos aux comportements qui peuvent fragiliser le climat de paix et la cohésion nationale. J’ai confiance en la volonté de la grande majorité des ivoiriens à favoriser la paix et la quiétude dans notre pays. Par ailleurs, nous allons poursuivre et intensifier la politique de retour volontaire des Ivoiriens réfugiés à l’extérieur, avec l’appui inestimable du HCR et des pays concernés… ». Une promesse que le Chef de l’exécutif Ivoirien confirmera le lundi 6 Janvier répondant aux vœux du corps diplomatique au cours d’une cérémonie au palais présidentiel en martelant à nouveau : “J’ai demandé au Garde des sceaux que la justice examine à nouveau d’autres mesures d’élargissement, afin de favoriser le retour d’une paix définitive dans notre pays”.
Précisons que déjà 48h après la déclaration radiodiffusée des vœux du président a la nation, son ministre de la Justice, Coulibaly Gnénéma, avait indiqué avoir instruit le parquet aux fins de réexamen des requêtes de mise en liberté provisoire des partisans du Président Laurent Gbagbo encore détenus. Mieux encore, le Ministre d’état Ahoussou Jeannot, négociateur attitré du gouvernement a également confirmé que la décision de libération des partisans du Président Gbagbo exprimée par le Président Ouattara et actionnée par son Ministre de la justice, prend en compte l’ensemble des partisans du Président Laurent Gbagbo en détention. Alors même que la presse proche du PDCI (Le Nouveau Réveil et le Démocrate) venait d’indiquer la veille que cette décision de libération des détenus ne concernait ni Charles Blé Goudé ni Madame Simone Gbagbo. Toute chose qui confirme clairement la volonté du Président Ouattara d’agir contre vents et marées en faveur de la décrispation et notamment contre la volonté de son allié, le PDCI qui est nécessairement le grand perdant de cette réconciliation annoncée. Car en vérité le FPI allié du RDR de l’époque du FRONT REPUBLICAIN saurait-il demeurer plus longtemps, l’ennemi juré du RDR ? Pour les fidèles observateurs de la vie politique dans notre pays, cela ne saurait être durablement possible. Pourquoi ?
L’actualité politique des 20 dernières années dans notre pays indique clairement l’immense responsabilité du PDCI-RDA de Henri Konan Bédié dans la longue crise que traverse notre pays. Un rappel historique des faits s’avère très utile à la compréhension du présent et de l’avenir. La responsabilité du président Bédié dans la longue crise que connaît notre pays est indiscutable. Les faits sont têtus et sont de surcroît des faits contemporains dont il est nécessaire d’en rappeler quelques uns:
La politique de l’IVOIRITE du président Bédié qui s’est traduite entre autre, par la révision des dispositions constitutionnelles relatives aux conditions d’éligibilité à la Présidence de la République excluant Alassane Ouattara en 1995 a entraîné la rupture de fait, de l’équilibre socio-politique dans notre pays. C’est évident ! Que ce soit le Coup d’état de 1999 ou la rébellion armée de septembre 2002. La principale revendication des jeunes qui ont pris les armes, a toujours été la question de la recevabilité de la candidature du citoyen Alassane Ouattara. Un fait auquel Laurent Gbagbo apportera temporairement solution en 2004 par usage de l’article 48 de la constitution en application des Accords de Prétoria. En initiant une politique à relents ivoiritaires le président Bédié a causé la fracture sociale de la Nation par dissémination de germes conflictuels dans un pays dont Houphouet Boigny avait fondé la richesse et le succès économique sur la diversité des peuples et des cultures. Avec sa politique de l’ivoirité le président Bédié est responsable de la fracture de la nation et de la cohésion sociale. Qui ne se souvient des TERRIBLES écrits de son protégé TAPE KOULOU, dont M. Bédié finançait le tristement célèbre journal LE NATIONAL, monté de toutes pièces pour divulguer la HAINE et le VENIN de M. Bédié contre son concurrent Alassane Ouattara et les peuples du Nord. Qui ne souvient des diatribes de Jean Noel Loukou, de Pierre Yangni N’da et son Cercle National Bédié, du Professeur Niamkey Koffi, des écrits révoltants de Venance Konan, Yao Noel, Michel Kouakou et de Tiburce Koffi. Le temps ne peut être synonyme d’oubli et de perte de mémoire collective. C’est bel et bien le PDCI de Henri Konan Bédié qui est le maitre d’œuvre des divisions tribalistes dans notre Pays. Et non le FPI de Laurent Gbagbo.
Pour mémoire, rappelons que c’est aussi le président Bédié qui a fait condamner Ahmed Bakayoko, alors Directeur de Publication du Journal LE PATRIOTE, pour avoir simplement publié un pamphlet intitulé “Bédié était au stade, le Malheur aussi”, suite à une défaite des éléphants au stade Houphouët Boigny. L’actuel ministre d’état, ministre de l’intérieur passera 8 mois à la Maca. Par contre, l’on se souvient bien que c’est sous la gouvernance du Président Gbagbo que le jeune Ahmed Bakoyoko a été fait ministre de la République en 2003 et que la loi dépénalisant les délits de presse a été prise en 2004. Pour le triomphe de la vérité et les besoins de la réconciliation, souvenons-nous de la cruelle vague d’arrestations des dirigeants du RDR avec à leur tête Madame Henriette Diabaté, le mandat d’arrêt lancé aux trousses de son rivale Alassane Ouattara et l’interrogatoire humiliant qu’a subit la génitrice du citoyen Ouattara à qui le Président Bédié et son gouvernement ont dénié jusqu’au bout la maternité de son fils. En cela, seul le coup d’état de 1999 conduit par les Généraux Gueï, Palenfo et Coulibaly, sera salvateur pour le RDR.
C’est également sous le président Bédié que la dissolution de la Fesci a été prononcée, comme on le ferait dans les régimes communistes. Soro Guillaume, alors Secrétaire Général de la FESCI, était recherché par toute la police nationale sous l’impulsion de Dibonan Koné, alors ministre de la sécurité. La photo du jeune Charles Blé Goudé, Secrétaire à l’organisation de la FESCI, arrêté et enchaîné sur un lit d’hôpital aura vite fait le tour du Monde. La Fesci sera alors décapitée et ses membres forment aujourd’hui la principale ossature de la rébellion armée pro-Ouattara, des jeunes patriotes pro- Gbagbo et des jeunes révoltés de la société ivoirienne. Car c’est dans l’adversité que se forgent toujours les plus grandes révolutions. Tout cela demeure incontestablement le fruit de la gestion du pouvoir d’état par le PDCI de Henri Konan Bédié.
Parlant de la gestion clanique de l’Administration, le Président Bédié a été un lamentable exemple en la matière. Pour avoir été Conseiller Technique de la plupart des différents Directeurs Généraux du BNETD, depuis Tidjane THIAM, je peux modestement prétendre bien connaitre le cas Ahmadou Gon (actuel SG de la Présidence) qui a vécu la pire des injustices au BNETD lorsque le président Bédié a préféré faire appel à Tidjane Thiam de l’extérieur plutôt que d’opter pour une promotion interne en faisant confiance à Ahmadou Gon issu de la “Mauvaise Tribu” à cette époque de l’ivoirité. Ahmadou GON devant alors se contenter d’un poste de DGA oisif sans contenu réel. Il sera d’ailleurs contraint à la démission et rejoindra Alassane Ouattara qui lui trouvera un point de chute dans son réseau de cabinets de consultants en Afrique centrale. Ces exemples de frustrations des cadres du nord sont légions. Puisque le Président Bédié a eu plaisir à les répéter durant sa gouvernance. Tous les cadres proches du RDR se souviennent bien des ‘’mercredis noirs’’ de Bédié. Car chaque conseil de Ministre était l’occasion de limogeage des cadres proches de son ennemi juré Alassane Ouattara. C’est depuis ce temps que les principaux cadres du RDR seront mis à la touche. Et c’est ce que le Président Ouattara croit devoir régler en parlant maladroitement de RATRAPPAGE ETHNIQUE. Par contre, l’on se souvient bien que c’est la politique de recrutement par appels à candidature du Président Laurent Gbagbo initiée pour le recrutement des dirigeants des régies financières de notre pays qui a révélée à la Côte d’Ivoire trois hauts cadres du PDCI qui ne sont pas de l’ethnie du Président Gbagbo. Diby Koffi, cadre PDCI d’ethnie baoulé (actuel ministre des affaires étrangères) qui sera désigné DG du Trésor, Niamien Konan, d’ethnie baoulé (actuel ministre de la fonction publique) alors DG de la Douane et Feh Kessé, d’ethnie Yacouba, militant PDCI (actuel conseiller du Premier Ministre Duncan) alors DG des impôts. Difficile d’avoir trace de souvenir d’un tel haut fait d’équité dans la gestion des Ressources Humaines sous le Président Bédié qui est un farouche partisan de la gestion clanique et tribaliste de l’Administration centrale. Allant jusqu’à publier dans son livre « Les Chemins de ma Vie » ce terrible jugement de faciès : “seul le peuple Baoulé est prédestiné à la gestion de la chose publique…”. Sans commentaires !
Certes, les candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ont chacun revendiqué la victoire électorale suite aux élections présidentielles de novembre 2010. Mais le FPI ne saurait être l’ennemi éternel du RDR qui n’a été qu’un adversaire, le temps d’une élection. Le RDR a conscience de l’identité de son ennemi juré même si par la force des choses, il est contraint de survivre avec le serpent en culotte.
Le Gouvernement par la voix du ministre d’état Ahoussou Jeannot, précise que la prochaine rencontre avec l’opposition qu’il organise le 9 janvier 2014, devrait porter sur les préparatifs des élections générales de 2015. Pendant que le FPI par la voix du Président AFFI N’Guessan dit « …Le temps est venu de bâtir les deux piliers de la réconciliation nationale, à savoir : finaliser le dialogue politique et convoquer les Etats Généraux de la République que propose le FPI… ». En d’autres termes, il est temps de conclure les interminables discussions conduites par Ahoussou Jeannot de manière disparate dans le cadre du CPD (Cadre Permanent de Dialogue) et ouvrir un nouveau cadre d’échanges ouvert à tous les acteurs de la société ivoirienne que le FPI propose comme étant les Etats Généraux de la République. C’est à ce niveau que ces deux visions convergentes se complètent.
A l’occasion de ses Vœux à la nation, le Président AFFI a sollicité du Président Ouattara de poser davantage d’actes en faveur de la réconciliation nationale. Notamment sur la question de la mise en liberté des personnes proches du président Gbagbo dont seulement 32 ont été libérées sur le millier encore détenu. Le Chef de l’état a accédé à sa demande en autorisant le parquet à réexaminer les requêtes des partisans du président Laurent Gbagbo encore en détention. Une fois que le tribunal se sera exécuté, en principe, rien ne devrait désormais empêcher, le Front Populaire Ivoirien à participer à un gouvernement de réconciliation nationale dont l’essentiel de la feuille de route serait de parachever la réconciliation nationale souhaitée par le FPI et à entreprendre les préparatifs des élections générales de 2015 tels que souhaités par le Président Ouattara. Souvenons nous que dans une négociation politique, chaque partie n’obtient jamais tout ce qu’elle revendique. Chacun doit y mettre un peu du sien. Comme dit le Président AFFI, «… Restaurer la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire, réconcilier les ivoiriens et reconstruire le pays requièrent du courage politique, de la hauteur de vue et un sens élevé de responsabilité…». Cette assertion est autant valable pour les va-t-en guerre du RDR que pour les caciques du FPI qui devront mettre balle à terre et faire preuve de grandeur d’esprit en facilitant la réconciliation par petits pas comme nous l’a démontré Gervais Coulibaly qui dès le départ, malgré les critiques et autres suspicions, a opté pour la diplomatie des petits pas ayant permis la libération de plusieurs des nôtres y compris les 32 ex-prisonniers auxquels il est fait allusion dans le texte du Président AFFI et a aussi facilité le retour d’exil de plusieurs cadres partisans du président Gbagbo dont Kabran Appiah, Mel Théodore, Henriette Lagou…etc.
Le Gouvernement de Réconciliation Nationale ainsi constitué pourra alors s’approprier aisément le projet amendé des Etats Généraux de la République, proposé par le FPI qui deviendrait ainsi un projet du Gouvernement de Réconciliation Nationale piloté par le Ministère de la Réconciliation qui pourrait être confié à un cadre issu du FPI. De même, le Gouvernement de Réconciliation Nationale serait le cadre approprié des préparatifs des élections générales de 2015. Ainsi, aucune partie n’aura perdu la face dans un accord que les observateurs avertis pourraient assimiler à une Paix des Braves conclue aux forceps entre deux anciens partenaires politiques du FRONT REPUBLICAIN. Mieux, sur le chemin immédiat de la réalisation de sa feuille de route à court terme, le Gouvernement de Réconciliation Nationale devrait impérativement prendre prétexte de l’unité retrouvée pour adresser une requête formelle de l’état de Côte d’Ivoire, au tribunal Pénal International, aux fins de sursis des poursuites engagées contre les Hommes politiques et militaires ivoiriens soupçonnés de crimes contre l’humanité dans la crise post électorale de 2011. Convenons qu’au nom de la réconciliation nationale, Laurent Gbagbo n’a rien à faire à la CPI si tant est que Henri Konan Bédié, père de l’Ivoirité, Alassane Ouattara, père de la rébellion armée et Soro Guillaume, chef de la rébellion armée, ne peuvent y être en application d’une justice équitable. Encore une fois, nous, admirateur du combat de Laurent Gbagbo, avons besoin d’obtenir la libération du Président Gbagbo en offrant à la communauté Internationale, son véritable geôlier, l’ultime opportunité de sortir de ce bourbier ivoirien.

Notons que le Gouvernement de Réconciliation Nationale que nous appelons de tous nos vœux n’est ni une preuve d’abdication de l’opposition, ni une allégeance à Alassane Ouattara. D’ailleurs, je continue de croire que nul ne peut affirmer avec certitude lequel du candidat Laurent Gbagbo et du candidat Alassane Ouattara a remporté les élections présidentielles de Novembre 2010. Eu égard au fait que le Conseil Constitutionnel dirigé par le professeur Yao N’dré, grand ponte du FPI a proclamé le candidat Laurent Gbagbo Vainqueur en Décembre 2010 avant de quitter librement son exil ghanéen pour se rendre à Abidjan afin de proclamer le candidat Alassane Ouattara Vainqueur de ces mêmes élections en Mai 2011. Juste après la victoire militaire des troupes d’Alassane Ouattara et alliés sur celles fidèles à Laurent Gbagbo. En le faisant le professeur Yao N’dré du FPI a donné l’onction démocratique à Alassane Ouattara dont la victoire militaire même avérée ne lui conférait pas forcément la victoire démocratique. La rumeur qui s’en suit insinue que le professeur Paul Yao N’dré y aurait été contraint par la prise en otage de ses parents. Rétorquons à cette rumeur que l’application des lois de la République ne peut être fonction des intérêts familiaux à ce niveau de responsabilité. Laurent Gbagbo lui aussi a été assiégé et bombardé avec sa famille sans pour autant qu’il ne reconnaisse une hypothétique victoire à son rival. C’est le lieu de rappeler aux faux braves qui manifestent leur bravoure dans l’anonymat totale sur les réseaux sociaux que lorsque Nelson Mandela et les leaders de l’ANC étaient emprisonnés à Robben Island, les militants de l’ANC ont opté pour des actes de sabotage, posant des bombes, déraillant les trains, faisant des grèves des produits industriels des Afrikaners, des prises d’otages et des grèves de la faim pour exiger la libération de Mandela. Lorsque le leader kurde du PKK, Abdullah Ocalan a été mis aux arrêts en février 1999 au Kenya et rapatrié en Turquie pour être condamné à mort et emprisonné sur l’ile prison d’Imrali, le peuple kurde à travers le monde a posé des actes forts y compris six attentats suicides en mars et Aout 1999, des prises d’otages et autres qui ont fait plier la communauté internationale et le Gouvernement Kurde qui a commué sa peine en prison à vie et amélioré ses conditions de détention solitaire. La résidence de Laurent Gbagbo a été assiégée et bombardée pendant 10 jours en Avril 2011 par l’armée Française, aucun d’entre ceux devenus spontanément des braves ou des pro-Gbagbo indécrottables ou encore des grands patriotes, n’a pu poser un seul acte fort comme les militants de l’ANC ou ceux du PKK pour exiger le retrait des troupes françaises des alentours de la résidence du Président Gbagbo ou exiger sa libération. Laurent Gbagbo est à la CPI, tous ses partisans sont en exil traqués par des mandats d’arrêt ou emprisonnés, les régions qui lui sont favorables sont sous occupation des FRCI et des dozos, personne ne pose un seul acte fort susceptible de faire plier la communauté internationale. Pire, le professeur Yao N’dré accourt entendre le serment du candidat Alassane Ouattara. En posant cet acte grotesque, le professeur Yao N’dré, a fortement conforté la victoire militaire du candidat Alassane Ouattara en lui donnant l’onction d’un élu démocratique à la tête de l’état de Côte d’Ivoire. A ce que je sache, le Professeur Yao N’dré, militant du Front Populaire Ivoirien, n’a fait l’objet d’aucune sanction d’exclusion du Comité de contrôle du FPI encore moins de la direction intérimaire du Front Populaire Ivoirien. En d’autres termes, le FPI a approuvé cette forfaiture qui complexifie aujourd’hui notre attitude et celle de la direction actuelle du FPI vis-à-vis du Président Alassane Ouattara. Accepter de rentrer au Gouvernement de Réconciliation Nationale que nous appelons de tous nos vœux, ne sera ni une preuve d’abdication, ni une allégeance au Président Alassane Ouattara de la part des partisans du président Gbagbo. Mais plutôt un acte de grande intelligence politique visant à résoudre une équation complexe à variables multiples et dont les inconnues ne peuvent être connues de tous car comme le dit le Président AFFI, «… Restaurer la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire, réconcilier les ivoiriens et reconstruire le pays requièrent du courage politique, de la hauteur de vue et un sens élevé de responsabilité…». A ce propos, je voudrais conclure en me référant à une carrière politique qui fait référence. Parcourant l’autobiographie de Nelson Mandela, dans son livre « Un long chemin vers la liberté », publié en 1994, j’ai pu comprendre la source de la remarquable transformation de Nelson Mandela qui sera son arme la plus redoutable au contraire de l’option militaire qu’il avait prise après sa formation militaire en Algérie en mars 1962 qui a été le prétexte à son arrestation en Aout 1962. Alors que de nombreux prisonniers les plus militants du Congrès panafricain, séjournant avec lui à Robben Island, refusent d’échanger ou même regarder les gardiens, Mandela essaie d’analyser la situation et perçoit que les Afrikaners sont surtout dirigés par la peur que la majorité noire refuse de partager le pouvoir et fasse d’eux et de leur famille les victimes d’une révolution sanglante. Nelson Mandela profite de ces années pour apprendre l’histoire des Afrikaners et leur langue, l’afrikaans, afin de comprendre notamment leur mentalité et d’établir un véritable dialogue avec eux. Défiant le point de vue de l’ANC, qui considérait alors le pouvoir afrikaner comme une version moderne du colonialisme européen, il en vient lui-même à estimer et déclarer que l’Afrikaner est un Africain au même titre que n’importe lequel de ses codétenus noirs, songeant que, à leur place et dans d’autres circonstances, il aurait pu avoir la même vue sur l’apartheid. Cette compréhension des Afrikaners lui donne l’esprit de réconciliation nécessaire aux futures négociations…. Comme quoi, parfois le rapprochement peut aussi aider à apprendre de son adversaire et à mieux connaitre ses forces et ses faiblesses afin de trouver une plateforme de conciliation pour une meilleure cohabitation pacifique sur cette terre commune qu’est la Cote d’Ivoire dont la richesse provient de la diversité culturelle des peuples qui la peuplent.

Une contribution de Armand Gérard Obou
Libre Citoyen Ivoirien
Observateur de la vie politique nationale