Débats et Opinions: Doucement, doucement... Nous sommes pressés !

Par Correspondance particulière - Doucement, doucement... Nous sommes pressés !

L’état de santé précaire d’Alassane Ouattara n’aura pas qu’aiguisé l’appétit vorace des différents clans de son entourage immédiat, désormais engagés dans une lutte sans merci pour sa probable succession.
Son « indisponibilité » aura tout aussi ouvert à ses adversaires politiques, avérés ou pas, la perspective d’un retour rapide au pouvoir. Aussi, les gens du peuple sont-il – plus que jamais - attentifs aux moindres « mouvements », notamment du FPI et du PDCI, eux aussi, en embuscades.
« Le FPI ne se laissera jamais distancer dans la succession à Ouattara » a lancé, lors de la 8ème convention du FPI, Aboudramane Sangaré, membre fondateur du FPI, l’un des plus proches collaborateurs de Laurent Gbagbo. Que peuvent bien signifier ces paroles quand on sait que certains affutent leurs armes pour s’emparer – sans autre forme de procès - du fauteuil présidentiel laissé – apparemment - « vacant », dans un contexte où les inquiétudes se font de plus en plus persistantes quant à un retour probable et « réussi » d’Alassane Ouattara aux affaires, après son opération de la sciatique ? Le FPI se laisserait-il tenter par une prise du pouvoir, en faisant fi de la voie légale pour y accéder, c'est-à-dire, une prise du pouvoir sans des élections crédibles ? Le FPI, s’étant toujours voulu attaché aux valeurs démocratiques, y répondre par l’affirmative, c’est avoir une appréciation erronée des idéaux et des intentions de ce parti.
Sans doute, Aboudramane Sangaré voulait-il signifier à ceux qui s’agitent bruyamment autour d’un Alassane Ouattara « convalescent », que son parti, le FPI, n’assistera pas les bras croisés, à un nouveau coup d’Etat et, au « dépeçage » de la Côte d’Ivoire.
De ce qui précède, l’on comprend aisément que le parti de Laurent Gbagbo a toujours à cœur de revenir au pouvoir. Certes, cela ne saurait se faire qu’à l’issue d’élections démocratiques. C’est-à-dire, des élections crédibles, libres et apaisées.
De là, à se poser des questions sur la participation du FPI aux élections de 2015, il n’y a qu’un pas. En voici la première : le FPI ira-t-il aux élections de 2015 ? Mieux, en voici une autre qui soulèverait des débats houleux au sein même du parti à la Rose et qui serait à l’origine d’un bras de fer entre deux camps opposés au sein du FPI : Le FPI ira-t-il aux élections de 2015 avec ou sans son leader charismatique, Laurent Gbagbo ?
Certes, dans la situation actuelle, tous s’accordent pour reconnaitre que la question n’est pas encore à l’ordre du jour. Les conditions d’une élection transparente, crédible et libre – sans cesse réclamées – tant au plan national qu’au plan international, au régime d’Alassane Ouattara, n’étant pas encore réunies. A quelques mois du crucial scrutin présidentiel, les questions portant sur la sécurité, le désarmement des ex-combattants, la libération des prisonniers politiques, la reforme de la CEI, la révision de la liste électorale, le libre jeu démocratique…, n’ont pas encore trouvées un début de réponse.
Tout compte fait, il faudrait – tôt ou tard – aller à ces élections, pour mettre fin à la partition de la Côte d’Ivoire, au bradage de ses richesses ; mettre fin aux souffrances des ivoiriens… Bref, mettre au fin au règne d’Alassane Ouattara et de ses Seigneurs de guerre.
Aller aux élections sans Gbagbo ?
Pour ce faire, certains qui estiment que : « Le FPI doit s'affranchir de la trop forte domination de son président-fondateur, et (…) perçoivent cela comme un handicap dans son fonctionnement normal de parti d'opposition qui aspire à reprendre le pouvoir ». Ils se fondent surtout sur le fait que « l'horizon judiciaire n'est pas près de s'éclaircir pour l'ancien chef de l'État ivoirien ». Peut-être n’ont il pas totalement tort. Ne pas aller aux élections, n’est-il pas synonyme d’abandonner les ivoiriens, entre les mains d’Alassane Ouattara, pour encore cinq longues années de douleur et de souffrances ? Et comme dit l’adage : « Les absents ont torts », le FPI n’aura-t-il pas tort de vouloir pratiquer la politique de la chaise vide ?
Gbagbo ou rien ?
Il y en a d’autres qui continuent de soutenir la position qui celle-ci : « Gbagbo ou rien ». C'est-à-dire sans Gbagbo libre, pas question, pour le FPI, de participer, ni à un gouvernement, ni à une quelconque élection en Côte d’Ivoire. « L'essentiel et le préalable à tout, c'est bien la libération du président Laurent Gbagbo et son retour en Côte d'Ivoire où l'attend son peuple (…) Il n'y a pas d'autre voie de rechange ». Ces propos de Koné Katinan, membre du FPI et porte-parole de Laurent Gbagbo, à eux seuls, résument bien l’état d’esprit de ceux qui soutiennent la position : « Gbagbo ou rien ». Pour ces derniers, il faut maintenir la pression à tout prix, jusqu’à l’obtention de la libération du leader du FPI des griffes de la CPI. Car c’est bien Laurent Gbagbo qui, toujours selon eux: « donne, pour l'heure, tout son sens à la lutte que mène le Front populaire ivoirien (FPI) ».
Certes, contrairement à ce que pensent les politiciens, les gens du peuple ne sont pas dupes. Ils connaissent bien celui dont il s’agit : Laurent Gbagbo. Celui à qui ils continuent de vouer – malgré son incarcération à la Haye - une admiration et une confiance sans réserves. Car Laurent Gbagbo n’est pas Alassane Ouattara qui gise sur son lit de malade et autour de qui se déroule une danse de vautours affamés, encore moins, Konan Bédié, le vieux monarque du PDCI.
Laurent Gbagbo est « au courant de tout. Il suit l'actualité de la Côte d'Ivoire et du parti », disait un de ses visiteurs anonymes. C’est donc un « animal politique » qui saura, libéré ou pas et, en temps voulu, dire et faire ce qu’il faut. C'est-à-dire rien qui ne saurait aller à l’encontre de l’intérêt du peuple de Côte d’ivoire ou menacer la survie de ce pays. Bien au contraire.
Pourquoi donc de se précipiter et de s’entre-déchirer en vain ? Car les gens du peuple eux, ont encore à l’esprit ce précieux conseil que Laurent Gbagbo hier, leur donnait: « Doucement, doucement..., nous sommes pressés ».

Une contribution de Marc Micael
Chroniqueur politique