Débats et Opinions : Allassane Ouattara et la refondation patriotique ivoirienne, par Dr. Serge-Nicolas NZI

Par Correspondance particulière - Allassane Ouattara et la refondation patriotique ivoirienne.

I – En politique il y a des questions qu’il faut se poser pour comprendre le comportement des acteurs politiques et les contradictions qu’ils trainent derrière eux. Par exemple qu’est ce qui oppose frontalement Allassane Dramane Ouattara à son prédécesseur Laurent Gbagbo ? N’étaient-ils pas des alliés hier contre l’éphémère Henri Konan Bédié ?

Déférer son concitoyen devant la justice internationale pour régler un différent politique lié à la vie nationale, était-il la bonne solution dans le cas de la crise ivoirienne. En constituant un front républicain en 1995, les deux impétrants étaient-ils des amis ou des ennemis, unis par un même but : chasser Henri Konan Bédié du pouvoir ?

Qu’est ce qui a causé la mort du front républicain et à favoriser l’existence du RHDP aujourd’hui ? Nous nous proposons ici d’explorer ces différents questionnements pour comprendre la nature exacte des rapports entre l’un et l’autre afin de saisir ce qui oppose dans le fond le Dr Allassane Dramane Ouattara au Pr Koudou Gbagbo Laurent.

La vie politique est un domaine dans lequel la nature des hommes détermine toujours la finalité des actes que l’on pose. En politique comme ailleurs, il faut toujours se méfier de celui qui privilégie son moi, qui affiche son arrogance et qui n’a pas d’humilité. Le narcissisme, le culte de soi et l’égotisme sont les pires ennemis de l’homme politique.

La crise ivoirienne perdure, les risques d’une libanisation, qui conduira la Côte d’ivoire à la parcellisation et au chaos généralisé existent et s’étalent sous nos yeux au quotidien sans que cela ne puisse émouvoir les institutions de l’Etat et les hommes qui les animent. Ce constat nous amène à comprendre que les hommes peuvent transposer leurs antagonismes personnels au centre de la vie politique pour le malheur des peuples.

Souvenez-vous de la déchirure de l’immense sous continent indien à la veille de son indépendance en août 1945 à cause de la relation complexe entre Jawaharlal Nehru et Mohamed Ali Gina. Cela donna naissance au Pakistan le pays des pures. Alors que la possibilité réelle d’une vie commune était à portée de main. Des familles entières ont été séparées jusqu’à ce jour à cause des antagonismes politiques entre deux personnes.

II - Les amitiés en politique

Un ami est une personne à laquelle on est lié par une relation d’amitié. En politique, les amis peuvent devenir des pires ennemis du jour au lendemain. Le champ politique a toujours été le vaste cimetière des amitiés et nous pouvons le démontrer ici avec des exemples concrets :

Hamed Ben Bella et Houari Boumediene, en Algérie. Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia au Sénégal. Hamed Sékou Touré et Fodéba Keita en Guinée. Félix Houphouët-Boigny et Jean Baptiste Mockey en Côte d’Ivoire. Patrice Emery Lumumba et Joseph Désiré Mobutu au Congo. Hamani Diori et Bakary Djibo au Niger. Yakubu Gowon et Emeka Odjukwu au Nigeria. Kwamé Nkrumah et Joseph Danquah au Ghana. Hassan II et Medhi Ben Barka au Maroc. Nasser et Mohamed Neguib en Egypte. Gabriel Robert Mugabe et Joshua Nkomo au Zimbabwe ou Thomas Sankara et Blaise Compaoré au Burkina Faso, Bref la liste est longue.

Allassane Ouattara et Laurent Gbagbo ne sont pas des amis, ils se fréquentaient au début du mandat de Bédié et ont organisé ensemble le boycott actif de 1995. Mais en réalité, ils étaient des alliés de circonstance. La politique est aussi un domaine ou la bassesse, la turpitude, la dissimulation, le mensonge, la filouterie et la perfidie se conjuguent toujours pour accoucher très souvent la forfaiture.

En vérité tout oppose les deux hommes. Gbagbo fut jeté en prison quand Ouattara était premier ministre de Côte d’Ivoire le 18 février 1992. Il n’a jamais pardonné à Ouattara les lois anticasseurs créees de toutes pièces pour le mettre en prison.

Laurent Gbagbo est un authentique fils du pays bété qui refuse tout aplatissement ou soumission politique avec une tiers puissance. C’est le contraire d’Allassane Ouattara, qui se dit ami du monde occidental. L’un à fait carrière dans les institutions financières internationales, FMI et BECEAO, qui sont considéré comme des instruments d’assujettissement de nos malheureux pays africains par l’autre qui est un historien, enseignant de l’université d’Abidjan.

L’un se dit Musulman du Nord de la Côte d’Ivoire et l’autre se dit chrétien évangéliste. L’un est marié à une affairiste française d’origine juive et l’autre à une femme enseignante originaire du sud de la Cote d’Ivoire. Au plan idéologique Laurent Gbagbo et son parti le FPI se situent dans les mouvances socialistes, alors qu’Allassane Ouattara, le franc-maçon affiche son attachement au libéralisme économique et ne cache pas ses amitiés pour le capital financier multinational étranger dont Laurent Gbagbo se méfie ouvertement.

Allassane Ouattara considère Laurent Gbagbo comme un accident de l’histoire et ne cache pas son mépris pour le populisme ainsi que cette refondation patriotique éburnéenne qu’il dénonce comme un des pendants de l’ivoirité. Laurent Gbagbo veut rendre la Côte d’Ivoire aux ivoiriens. C’est un nationaliste intransigeant qui est pour le droit du sang. Tandis qu’Allassane Ouattara veut gouverner le pays au profit de tous ceux qui y vivent et qui ont des intérêts dans ce pays. Il est pour le droit du sol.

Il se méfie de la refondation et estime que c’est une vision politique qui va à l’encontre du libéralisme économique dont-il est désormais le porte flambeau en Afrique de l’Ouest. C’est pour cela qu’avec le soutien tacite de ses amis occidentaux il a cru bon envoyer durablement son adversaire à la CPI. C’est une erreur monumentale d’appréciation aux yeux de nombreux ivoiriens qui considèrent Laurent Gbagbo, comme la victime de Ouattara et ses alliés.

III - De la refondation patriotique ivoirienne, parlons-en

Adopté par le FPI sous l’inspiration de notre devancier, le Pr. Harris Memel-Fotê. Refondation, c’est refonder ou reconstruire sur des bases nouvelles, ce terme dans son utilisation politique a été élargi à la société ivoirienne dans son ensemble. De ce point de vue, le FPI voulait entreprendre une remise en cause et des réformes en profondeur dans le fonctionnement de la société ivoirienne.

Les refondateurs voulaient en premier lieu, mettre fin au pacte colonial hérité du Parti démocratique de Côte d’Ivoire le PDCI-RDA. Le FPI refuse une indépendance sous tutelle. A l’ombre de la France. Les refondateurs estiment que les relations avec l’ancienne puissance colonisatrice sont étouffantes et empêchent le plein épanouissement de la nation ivoirienne.

Fonder une nation à notre service et non pour l’enrichissement de l’ancienne métropole. C’est l’origine du patriotisme et de la surenchère nationaliste qui ont accompagné la refondation jusqu’à sa chute finale. La refondation voulait aussi sortir du parti unique, de l’absence de débats contradictoires et du centralisme étatique avec ses abus de pouvoir ainsi que de l’étouffement des libertés démocratiques.

Dans ce sens les refondateurs nous proposaient une décentralisation des structures politiques et administratives du pays. Un regard nouveau sur la gestion économique du pays. Ils dénoncent le partenariat privilégié avec la France et au profit de la France. L’endettement excessif de l’Etat et cette monnaie logée au trésor français qu’est le franc CFA.

Diversifier la coopération économique et politique avec d’autres partenaires, en Afrique, en Asie et en Amérique latine et en Amérique du nord pour que la Côte d’Ivoire ne soit la chasse gardée de personne d’autre que les ivoiriens qui travaillent ensemble pour satisfaire leurs besoins et construisent une nation à leur service.

Revoir la répartition des revenus des produits du comme le café et le cacao en faveur des paysans en vue de leur assurer une prise en charge sociale et médicale ainsi qu’une retraite pour leurs vieux jours. Promouvoir l’agriculture vivrière pour parvenir rapidement à l’autosuffisance alimentaire. Et la création d’une assurance maladie universelle (AMU) et l’école publique gratuite jusqu’à l’âge de 17ans. Voici sans aller dans les détails les grandes lignes de ce que les refondateurs nous proposaient dans leur conquête du pouvoir en octobre 2000.

IV - Pourquoi sont-ils des ennemis aujourd’hui

Ils sont des ennemis mortels au nom de deux conceptions différentes de la marche de l’Etat. Ouattara veut prouver à tous ceux qui ont une vision sectaire de la nationalité ivoirienne que la Côte d’Ivoire appartient à tous ceux qui ont participé à sa construction. Il est pour le droit du sol dans une démarche qui s’inscrit dans un nationalisme civique qui rejoint les prétentions des pays voisins que sont le Burkina Faso, le Mali ou la Guinée, qui ont des ressortissants en Côte d’Ivoire.

Ce qui fait de lui un cheval de Troie dans la vie politique ivoirienne. C’est à cause de lui que les refondateurs pose ouvertement la question de savoir : pourquoi les ivoiriens doivent-ils accepter ce que personne n’accepte nul par ailleurs ? Ce n’est pas parce que les travailleurs pakistanais, indiens et philippins sont nombreux en Arabie Saoudite à Doubaï au Koweït ou au Qatar sur plusieurs générations que la nationalité de ces pays qu’ils ont contribué à construire, doit s’offrir à eux comme une fille de joie sans vergogne.

Cette position de Ouattara met les multinationales occidentales à l’aise et la France comme pays incontournable dans les choix politique et économique ivoiriens se reconnait dans Allassane Dramane Ouattara, comme étant mieux soumis et plus proche de ses intérêts. Cette vision ne gène pas du tout l’ancien haut fonctionnaire des institutions de Breton Wood habitué aux costumes trois pièces avec boutons de manchettes en or, aux bureaux capitonnés, aux champagnes et aux petits fours.

Il avait une longueur d’avance sur Henri Konan Bédié et la classe politique ivoirienne, c’est justement ce qui lui a permis d’être le président de la Côte d’Ivoire aujourd’hui. Contrairement à Gbagbo Laurent, c’est un homme sans état d’âme et sûr de son destin. Dans le débat télévisé présidentiel animé par son complice Brou Aka Pascal, il avait prononcé cette petite phrase terrible, insidieuse et tendancieuse qui allait sceller le destin de Laurent Gbagbo : << il faut respecter les résultats que proclamera la CEI. Moi je les respecterais et Laurent Gbagbo doit dire s’il les accepte aussi ? >>. Il savait à l’avance vers où les élections allait conduire le pays. Laurent Gbagbo ne le savait pas. Le résultat est sous nos yeux aujourd’hui.

Si les refondateurs n’avaient rien compris et n’avaient rien vu venir, c’est qu’en communication il ne faut pas entendre que les paroles mais comprendre aussi ce qu’il y a derrière qui n’est pas dite. Ce fut pour eux et leurs suiveurs, l’erreur de GAWA de Laurent Gbagbo et de sa galaxie patriotique.

De son côté Laurent Gbagbo n’aime pas bien Allassane Ouattara. Tout en lui le gène. Son origine Burkinabé. Sa capacité de passer d’un pays à l’autre du jour au lendemain. Ce que Gbagbo ne pardonne pas à Ouattara et compagnie, c’est cette capacité de dissimulation, la perfidie et les alliances qu’ils ont bâti pour Ouattara et autour de lui dans ce que les refondateurs considèrent comme un vaste complot contre la Côte d’Ivoire.
Gbagbo Laurent a toujours traité Allassane Ouattara de menteur. Mensonge dans son appartenance à la Côte d’Ivoire.

Mensonge dans les solutions qu’il propose. Mensonge dans sa relation avec la France qui est une relation d’aplatissement des ivoiriens devant les intérêts français qui sont aujourd’hui au dessus de la vie des ivoiriens. Mensonge dans la gouvernance, mensonge dans l’attribution des contrats de gré à gré à des entreprises françaises et Burkinabès. Mensonge dans la délivrance de la nationalité ivoirienne devenue aujourd’hui un sésame pour tous. Mensonge enfin dans la création d’une opposition entre le nord et les autres régions du pays à des fins de politiques politiciennes.

Les refondateurs trouvent que Ouattara est méchant, violent, comploteur et n’a que la revanche comme but de vie politique. Ils sont nombreux les baoulés, des Bétés des Guérés ou des Abrons et des Agnis qui ont voté pour Allassane Ouattara au deuxième tour et ils ne comprennent toujours pas la violence, l’occupation des plantations et des domiciles, l’emprisonnement de la femme, du fils et des collaborateurs de Laurent Gbagbo avec l’exil dans les pays voisins pour la mère, les frères et sœurs de Laurent Gbagbo, des artistes et autres petits chanteurs de trois sous, ainsi que des simples sympathisants.

Ils sont nombreux les ivoirien qui se posent ces questions sans réponses : Pourquoi toutes ces expéditions punitives dans l’Ouest contre des populations qui ont soutenu Laurent Gbagbo ? Pourquoi le pillage des domiciles des pros-Gbagbo fait-il le bonheur des Dozos et autres Zozos originaires du nord ?
Ouattara oublie-t-il que ce genre d’attitude laisse des traces qui peuvent se retourner contre lui et ses partisans demain ? La dioulaïté ou le rattrapage ethnique ne sont-ils pas une des formes vénéneuses de l’exclusion et de la xénophobie que dénonçaient hier le RDR, de l’actuel président Allassane Dramane Ouattara ?
Les ivoiriens constatent éberlués que les maisons occupées, les plantations occupées, les contrôles au faciès, les emprisonnements arbitraires, la confiscation, le pillage des biens, les perquisitions nocturnes tout cela ne concernent que les autres groupes ethniques pendant que les ressortissants du nord sont tranquilles chez eux, dans une sécurité et une paix que leur envient les autres ivoiriens exclus de la paix civile pour cause d’appartenance ethnique. Nous faisons même le pari que ceux qui ne sont pas dioula ne retrouverons plus jamais leur maison, aucune justice ne la leur rendra.
L’exclusion des pros-Gbagbo de toutes responsabilités politiques ou administratives est-elle une solution qui renforce le pays ou affaiblit la nation ivoirienne en construction ? La Côte d’ivoire ne pourra pas faire l’économie de tous ces questionnements car ils conditionnent notre orientation commune dans la jungle de ce monde et surtout dans une sous région, infectée par des loups affamés qui recherchent l’animal le plus faible du troupeau pour un déjeuner sanglant dans une soupe rouge du sang des innocents.

V - Les faiblesses de la refondation et les dangers du rattrapage ethnique
- Pourquoi c’est après l’attaque des rebelles en septembre 2002, que les refondateurs ont commencé à courir à droite à gauche et dans tous les sens comme des gamins pour acheter des armes au prix fort, car le marchand d’armes qui sait que tu es dans l’urgence du besoin te vend toujours au double du prix du marché ?

- Cette imprévoyance de vouloir refonder un pays et une société humaine sans la moindre capacité de la défendre physiquement est non seulement une inconscience, mais aussi l’une des aberrations de cette refondation frontiste et Gbagboïste qui a fait le lit de sa propre déchéance. N’ayant pas mangé à leur table nous sommes à l’aise aujourd’hui pour leur indiquer l’amertume, l’illusion, et l’immense désastre qu’ils ont laissé aux ivoiriens.

Nous sommes de ceux qui ont dénoncé l’ivoirité comme un venin dans le corps social de la nation ivoirienne, car ce concept politique maudit a mis le feu à la maison commune. Le silence des refondateurs, qui ne l’on pas condamné fermement, et qui ont semblé le reprendre à leur propre compte, a considérablement terni l’image de notre pays et du régime frontiste de la refondation. Dès lors que cela ne venait pas d’eux en le rejetant publiquement, ils auraient rendu un immense service moral à la nation et nous regrettons que cela ne fût pas fait en son temps.

- L’une des grandes questions que nous nous posons aujourd’hui encore, est de savoir s’il était vraiment utile de rompre les équilibres fragiles de la nation pour promouvoir une identité nationale ivoirienne ou ivoiritaire? Quel sens donner au silence du FPI devant les tracasseries administratives dont étaient victimes des ivoiriens originaires du nord de la Côte d’Ivoire ?

- N’était-il pas plus simple de poser le problème de la nationalité et de le résoudre dans un dialogue national utile pour que les conditions d’attribution de la nationalité ne conduisent pas le pays à une guerre fratricide et inutile ?

- Les concours d’entrées à l’ENA, qui se vendent et s’achètent à la vue et au su de tous au point ou le président Gbagbo, est allé lui-même sur les lieux pour dénoncer cette forfaiture. Ne pouvait-il pas diligenter une enquête et arrêter tous ces truands pour les livrer à la justice ?

- Les concours de l’école de police ou les 75% des candidats admis appartiennent curieusement au groupe ethnique bété est sous nos yeux pour étaler les turpitudes d’une refondation atteinte par cette maladie égoïste et ethnocentriste que nous avons reproché en son temps au PDCI-RDA.
- Pourquoi n’avoir pas renégocié en douceur les accords de coopération avec la France au lieu d’une attaque frontale avec un adversaire dont on connaît la capacité de nuisance ?

- pourquoi n’avoir pas trouvé un terrain d’entente avec le PDCI-RDA, dans une alliance nationale qui aurait pu ouvrir les portes d’un compromis historique de gouvernance pour sauver l’honneur et la dignité des ivoiriens aujourd’hui amers et déçus de leur propre pays sous occupation ?

- Nous avons été déçus et dégouttés par les mariages des refondateurs avec des petites filles désœuvrées, les truands reconvertis en pasteurs autour d’eux, ainsi que leurs véhicules rutilants et leur déménagement dans des villas de luxe sur l’ile Boulay parce que nos quartiers paumés ne convenaient plus à leur standing de vie.

- Concernant les déchets toxiques. C’est quand même incroyable que ce soit en Côte d’ Ivoire qu’un bateau ivre que personne ne voulait dans son port arrive à Abidjan pour y déverser son poison pour contaminer et tuer les ivoiriens dans un laisser faire total des autorités. C’est cela la refondation qui sollicite encore les suffrages des ivoiriens ? Soyons sérieux Mesdames et messieurs les refondateurs.

- Nous trouvons choquant le fait que jusqu’aujourd’hui, on ne sait pas encore avec exactitude qui est le propriétaire de la société Tommy, qui était le destinataire abidjanais des déchets toxiques. C’est quand même incroyable. Quel est donc ce pays bizarre où on peut aller déverser du poison et tuer gratuitement des familles entières dans une opacité totale?

- Est-ce de la négligence, de la naïveté ou alors de l’inconscience ? Pascal AFFI Nguessan et ce qui reste des refondateurs doivent chercher eux mêmes les réponses qui conviennent pour expliquer cette situation paradoxale qui a terni une bonne partie de leur crédibilité politique auprès de nos populations.

Concernant la gouvernance de Dramane Ouattara, centrée et concentrée sur son groupe ethnique, nous disons simplement que la Côte d’ivoire plus que n’importe quel autre pays, porte dans son corps social le virus pervers du tribalisme et risque dans le futur de payer au prix fort l’aveuglement et la versatilité de sa classe politique. Observons ici les effets pervers de cette politique du rattrapage ethnique qui conduira ce pays vers la tombe :

- Lorsque l’adhésion à un parti politique se fait sur des bases ethno tribales, religieuses ou régionalistes.

- Dans un pays normal le président de la République est l’arbitre des conflits et de toutes les dissonances nuisibles qui peuvent surgir dans le corps social du pays. Pourquoi chez les ivoiriens, c’est le président de la république qui va se vautrer lui-même dans la mare boueuse des cochons pour chercher et rechercher le virus qui va détruire son propre pays ? Hier c’était Henri Konan Bédié et son ivoirité et aujourd’hui, Dramane Ouattara et son rattrapage ethno tribal.

- Lorsqu’on dénie toute compétence aux compatriotes des autres ethnies parce qu’ils ne sont pas originaire du bon groupe ethnique du nord de la Côte d’Ivoire.
- Lorsque tous ceux qui sont Bété, Dida, ou Gueré perdent les emplois de direction qu’ils occupaient dans la fonction publique à cause de leur appartenance ethnique ou régionale.

- Lorsqu’on prête à l’auteur d’un article des intentions qu’il n’a pas, ou des propos qui ne sont pas les siens parce qu’il est simplement originaire d’une autre tribu.
- Lorsque toutes les nominations à la tête des entreprises d’Etat ou des grands ministères de souveraineté ont pour seules critères l’origine régionale ou tribale des l’heureux bénéficiaires.

- Le tribalisme attrapeur, pousse toujours les petits politiciens à manipuler l’opinion de leur pays et surtout la jeunesse par des politiques de courte vue.
- Il a rendu l’ivoirien méfiant et intolérant au point ou la Côte d’ivoire est devenu un pays ou un simple accrochage entre deux véhicules dans la circulation peut devenir une affaire d’Etat si l’un des conducteurs est bété et l’autre sénoufo ou Koyaga.

- Le tribalisme est nuisible à un pays qui veut construire un avenir commun pour tous car, il crée artificiellement un sentiment de supériorité d’un groupe ethno tribal sur le reste du pays.
- Il conduit au non respect des droits humains et à la mauvaise gouvernance.

- Il conduit à la peur de la différence, à la soif du pouvoir qui pousse à tuer pour exister. - Le tribalisme est nuisible à l’intégration nationale, puisse que son pilier principal est l’exclusion et la négation des l’autres.

- Il favorise la corruption, le népotisme la gabegie et le clientélisme. Il est responsable du manque de démocratie de base. Il Conduit à un sentiment d’injustice, de frustration et de haine dans le corps social de la nation qu’on veut bâtir. Le tribalisme conduit toujours à des dictatures criminelles, sanglantes et sanguinaires.

- Telles sont les armes de la décomposition, de destruction massive et de décadence nationale qui sont aujourd’hui dans les mains d’Allassane Dramane Ouattara et de sa tribu dans le présent de la Côte d’Ivoire.

En un mot le tribalisme dans ses formes et ses procédés, détruit la cohésion sociale, la paix civil, la solidarité nationale, l’identité nationale qui sont les ferments d’une société qui aspire à un développement harmonieux ainsi qu’au progrès social et démocratique.

VI - Postulat de conclusion générale

Quand des maliens et burkinabés s’adressent aux autochtones ivoiriens et leur disant << ivoirien c’est quoi ? Vous n’êtes rien ici, quittez devant nous. Pays là c’est pour nous. Il y a un appauvrissement du débat politique en Côte d’ivoire au point ou l’infamie a trouvé durablement sa place dans les consciences grâce à l’aveuglement des différents pouvoirs.

Le sage disait hier encore que : << Les démons qui possèdent un homme sont nés en lui-même et de lui-même >>.
Ce démon là dans le cas d’Allassane Dramane Ouattara s’appelle la haine des autres ivoiriens. Nous demandons au président Ouattara de se ressaisir pour être le président de tous les ivoiriens. Mépriser et ostraciser une partie des ivoiriens au nom de leur appartenance ethnique n’apportera rien de bon, ni au présent encore moins au futur de ce malheureux pays qu’est la Côte d’ivoire.

Il nous avait promis la démocratie et des solutions de gouvernance pour faire de la Côte d’ivoire le paradis terrestre alors qu’il est aujourd’hui un enfer interethniques. Pourquoi nos frères du nord qui sont témoins au quotidien de toutes les dérivent gardent-ils le silence ? Pourquoi le PDCI-RDA, qui est le parti politique qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’indépendance est-il aujourd’hui plus que muet devant la détresse de la nation ?

Le RDR du Dr Allassane Ouattara, pense t-il pouvoir gouverner durablement dans cette ambiance de fin du monde ? Est-ce cela la paix que nous promettait Dramane Ouattara pendant sa campagne électorale ? Aujourd’hui sa gouvernance nous laisse plus de questions que de solutions et de réponses.

C’est donc dans cet esprit et sans prétention que nous faisons don au président de la République issue de la crise électorale ivoirienne, des sages paroles de Pierre CALAME, dans mission impossible :

<< Construire la paix et la démocratie, on le comprend de mieux en mieux, ne se limite pas à signer des traités, à démobiliser des armées, à autoriser le multipartisme ou à changer les institutions. Il faut encore, et surtout faire évoluer les mentalités et l’image que chacun a de l’autre, transformer les modes de gestion des conflits interpersonnels autant que des conflits collectifs.

De même, les innovations naissent à un moment précis, dans un contexte précis, avec des personnes précises leur diffusion dépend ensuite d’un contexte général. >>
Telles sont les réflexions que nous inspirent la Côte d’Ivoire et ses souffrances sans fin, dans un décor de fin du monde où elle est rongée par un mal pernicieux qui risque de l’emporter définitivement dans la tombe.

Comme d’habitude les dirigeants politiques s’en prendront non pas au message, mais à celui qui porte le message. Pourquoi parle t-il ainsi ? Il est contre nous. C’est un Akan, un pro Gbagbo ou un homme du PDCI-RDA. C’est un assoiffé de pouvoir. Où sont ses parents ?

Qui est-il ? Si jamais il met les pieds ici, il verra de quel bois ont se chauffe, nous allons lui trancher la gorge pour qu’il se rappelle que la démocratie c’est nous les gens du nord qui l’avons amené en Côte d’Ivoire. Voilà Mesdames et Messieurs les paroles qui ont rendus l’alternance politique pacifique impossible au pays des éléphants.
Merci de votre aimable attention.

Une contribution du Dr. Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano (Suisse)
Tel. 004179246.5353
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch