CPI: Voici pourquoi le juge allemand Hans-Peter Kaul a retourné sa veste pour se joindre à Silvia de Gurmendi

Par Notre Voie - Voici pourquoi le juge allemand Hans-Peter Kaul a retourné sa veste pour se joindre à Silvia de Gurmendi.

Le juge allemand Hans-Peter Kaul de la Chambre préliminaire 1 de la CPI.

Depuis le 12 juin dernier, l’opinion ivoirienne et internationale sait qu’un procès contre le président Laurent Gbagbo à la CPI s’ouvrira bientôt.
Deux des trois juges de la Chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale ont estimé qu’il y a «des motifs substantiels de croire que Laurent Gbagbo est pénalement responsable de chefs de crime contre l’humanité que constituent le meurtre, le viol, les autres actes inhumains ou à titre subsidiaire la tentative de meurtre et la persécution perpétrée à Abidjan».
Les deux juges qui ont imposé la confirmation des charges contre Gbagbo sont Silvia Fernandez de Gurmendi (présidente de la Chambre) et Hans-Peter Kaul. Alors que leur collègue Christine Van Den Wyngaert a opposé une opinion dissidente. «Je ne suis pas convaincue par les preuves disponibles qu’il existe des motifs substantiels de croire que Laurent Gbagbo, seul ou de concert avec un ou plusieurs membres de son entourage immédiat présumé, a utilisé les forces à sa disposition intentionnellement pour commettre des crimes contre des civils».
La position de la juge belge Wyngaert n’a pas changé d’un iota. Le 3 juin 2013, elle avait estimé que la procureure Fatou Bensouda n’avait pas apporté suffisamment de preuves pour que les charges contre le président Gbagbo soient confirmées. Un peu plus d’un an plus tard, elle dit la même chose. Ce n’est pas le cas pour le juge allemand Hans-Peter Kaul. Il avait fait le même constat que sa collègue belge en 2013. Avant de changer de position à 90°en 2014 alors que la procureure Bensouda n’a rien apporté de nouveau et de pertinent dans son dossier contre Gbagbo.
Pourquoi Hans-Peter Kaul et Silvia de Gurmendi ont-ils embouché la même trompette ?
C’est le magazine Jeune afrique, proche du camp ouattara,qui livre le secret sans doute par imprudence. «Dès l’an dernier, malgré les faiblesses du dossier d’accusation, l’Argentine Silvia Fernandez de Gurmendi semblait prête à renvoyer Laurent Gbagbo en procès. Il faut dire que, de 2003 à 2006, elle a elle-même travaillé au bureau du procureur de la CPI auprès de son compatriote, Luis Moreno-Ocampo (…). C’est donc le juge allemand Hans-Peter Kaul, 70 ans, qui a joué les arbitres. Comme sa collègue argentine, il a été diplomate avant de prendre la robe», écrit Jeune afrique. avant de préciser concernant la juge belge Christine Van Den Wyngaert que, pour elle, «le droit, rien que le droit».
Ces révélations permettent de comprendre davantage que l’affaire Laurent Gbagbo est éminemment politique. Ce sont deux diplomates attachés aux intérêts des hommes politiques et ayant revêtu des robes de juges pour la cause qui ont renvoyé Gbagbo en procès. Silvia de Gurmendi, ancienne enseignante de droit, n’a jamais eu une expérience de juge avant d’atterrir à la CPI. Elle fut, de 1994 à 2000, conseiller juridique à la mission permanente de la République d’Argentine auprès de l’ONU. Et puis, fait très important, elle a été la collaboratrice de Luis Moreno-Ocampo au bureau du procureur de la CPI (de 2003 à 2006). Cela après un passage dans les amphis d’université de 2000 à 2003.
Silvia de Gurmendi travaillait pour le procureur de la CPI alors que le chef de l’Etat burkinabé, Blaise Compaoré, instrument de la France en Afrique de l’Ouest trahissait le complot qui était ourdi contre Gbagbo. En affirmant que «Gbagbo est bon pour la Cpi». C’était en 2003 après la table-ronde de Linas-Marcoussis organisée à Paris par le président français de l’époque, Jacques Chirac. La france s’offusquait du fait que Gbagbo résiste à la rébellion armée pro-ouattara. Ocampo, qui était le premier procureur de la CPI entrée en vigueur en 2002, avait déjà compris que ses mandants voulaient la tête de Gbagbo.
La crise postélectorale de 2010-2011 s’est donc posée comme un alibi de taille pour exécuter l’ordre reçu depuis 2003. Silvia de Gurmendi poursuit donc la mission assignée par la nébuleuse politique françafricaine à son ancien chef et compatriote, Luis Moreno-Ocampo. Quant au juge allemand Hans-Peter Kaul, en ancien diplomate aux ordres du politique, il ne s’est pas fait prier pour ravaler le droit. eE puis, peut-être que l’affaire Gbagbo pourrait-elle lui garantir une retraite dorée .

Didier Depry