CPI: Le journal français "Marianne" commente la confirmation des charges contre Gbagbo

Par Marianne - Laurent Gbagbo n'échappera pas à la Cour pénale internationale.

Laurent Gbagbo. Michael Kooren/AP/SIPA.

Laurent Gbagbo n'échappera pas à la Cour pénale internationale

Ses partisans les plus lucides n’y croyaient guère : Laurent Gbagbo ne sera pas libéré. Pas tout de suite en tout cas. Dans l’immédiat, son destin semble plutôt se conjuguer avec la tenue d’un procès pour « crimes contre l'humanité (meurtre, viol, autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – tentative de meurtre, et persécution) ». C’est en tout cas la décision prise aujourd’hui par les juges de la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, lesquels devaient, ou pas, confirmer les charges retenues contre l’ancien président ivoirien par la procureur de la CPI Fatou Bensouda.

A l’issue d’une précédente audience, tenue du 19 au 21 février dernier, ils avaient demandé à cette dernière d’étayer sa copie, jugée bien trop floue, « largement fondée sur des rapports d’ONG et des articles de presse », réclamant, entre autres, de nouvelles enquêtes sur six points précis. L’ancienne avocate gambienne qui a succédé au très controversé Luis Moreno-Ocampo, premier procureur de la CPI, a-t-elle pleinement satisfait à cette exigence ? Deux juges ont répondu positivement, le troisième, la Belge Christine Van den Wyngaert, ayant adopté une « position dissidente ».

Le processus conduisant Laurent Gbagbo devant une chambre de première instance de la CPI pour y être jugé est donc enclenché mais la défense de Laurent Gbagbo va certainement faire appel du renvoi dans les heures ou les jours prochains. A ses yeux le dossier des charges est vide et seules des considérations politiques justifient la tenue d’un procès. La décision des juges intervient alors même que l’impartialité de la CPI est de plus en plus critiquée sur le continent africain, tant par de nombreux chefs d’Etats, dont certains sont eux-mêmes menacés par l’institution judiciaire transnationale, que de larges couches des sociétés civiles. Beaucoup y voient un acharnement injuste contre Gbagbo alors même que la CPI a jusqu'à ce jour épargné le camp d’Alassane Ouattara, l’actuel président ivoirien, pareillement convaincu de crimes contre l’humanité, notamment dans l’Ouest du pays lors de la guerre civile dont il est finalement sorti vainqueur.

Alain Léauthier
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NB: Le titre est de la rédaction. Le sous-titre de Marianne.