CPI / Bensouda avoue : «Gbagbo reste un élément de base de la politique ivoirienne»

Par Soir Info - CPI / Bensouda avoue «Gbagbo reste un élément de base de la politique ivoirienne».

Fatou Bensouda reçue en audience par Alassane Ouattara au palais présidentiel d'Abidjan. Image d'archives.

Fatou Bensouda accuse gravement les visiteurs de l’ex-chef de l’Etat.

L’influence de Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, sur la sphère politique ivoirienne est une réalité, selon Fatou Bensouda. La Procureure de la Cour pénale internationale (Cpi) a soulevé cet argument pour demander à la Cour de maintenir en détention l’ex-chef d’Etat ivoirien. C’est ce qui ressort du commentaire de la juriste gambienne sur la question du maintien en détention ou non de Laurent Gbagbo. Fatou Bensouda en veut pour preuve les nombreuses visites rendues au ”Woody de Mama” par des candidats à l’élection présidentielle de 2015 et aussi, son implication dans la crise au Fpi. « Le Procureur soutient à nouveau que la reconnaissance par l’aile dure du Fpi de l’accusé, en tant que président du parti, les visites des candidats à la présidentielle au centre pénitentiaire de la Cpi et le plaidoyer des membres de la Cnc pour la libération de Gbagbo, montrent comment l’accusé reste un élément de base de la politique ivoirienne », a expliqué Fatou Bensouda aux Juges dans un document en date du 11 juin 2015. Contrairement aux soumissions de l’avocat de Laurent Gbagbo, la Procureure de la Cpi n’est pas d’avis avec l’argument selon lequel, libérer Laurent Gbagbo peut contribuer à la réconciliation nationale. «La Défense soutient que les appels ” unanimes ” à la libération de l’accusé sont un développement important et nouveau. La Défense affirme que la libé- ration de l’accusé ” permettrait d’avancer sur la voie de la réconciliation “. Le Procureur rappelle que ” les conséquences d’une éventuelle libération de M. Gbagbo sur le processus de réconciliation nationale, étaient auparavant considérées comme pertinentes aux fins d’un examen en vertu de l’article 60 (3) par le juge unique de la Chambre préliminaire », soutient Fatou Bensouda. « En plus, la Défense ne dé- montre pas comment la libération de l’accusé aurait un effet positif sur la ré- conciliation. Ce facteur ne constitue pas un changement de circonstances justifiant la libération de l’accusé », ajoute-t-elle. La fonctionnaire de la Cpi est également revenue sur l’activisme des pro-Gbagbo qu’elle accuse d’être impliqués dans les plans de déstabilisation du pays. « Les membres du réseau pro- Gbagbo ont été impliqués dans des crimes, même après l’arrestation de l’accusé en avril 2011. Ils restent actifs et auraient été impliqués dans le meurtre de sept casques bleus, en juin 2012, dans l’ouest de la Côte d’ Ivoire. Un des membres de ce réseau est Hubert Oulaye, ancien ministre Gbagbo et jusqu’au-boutiste Fpi. Il a été arrêté le 4 mai 2015 par les autorités ivoiriennes, et est actuellement détenu pour des faits entre autres, relatifs au meurtre de soldats de la paix de l’Onu », a-t-elle rappelé. Pour la 9ème fois, la Cpi devait se pencher sur la question de la mise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo, le 11 juin dernier. La décision de la Chambre sur la question n’a pas encore été rendue publique.

Abraham KOUASSI