Congo: Que penser du soutien de HOLLANDE à son « ami » SASSOU ? Par Calixte Baniafouna

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Que penser du soutien de HOLLANDE à son « ami » SASSOU ? Par Calixte Baniafouna.

Calixte Baniafouna.

Par la naïveté la plus salvatrice qui soit, certains Congolais ont très vite pris
François HOLLANDE pour le président français qui ferait exception dans le
soutien indéfectible des dictateurs installés dans les anciennes colonies françaises
d’Afrique. Voici arrivé le messie, croyait-on, le « gentil » HOLLANDE face aux
« méchants » GISCARD, MITTERRAND, CHIRAC, SARKOZY qui ont tour à
tour déroulé le tapis rouge à l’« ami » SASSOU et qui, tour à tour lui ont laissé en place à la fin de leur
mandat, perché au piédestal sur lequel ils l’ont trouvé, comme bientôt l’« ami » HOLLANDE l’y
laissera d’ailleurs à son tour, mieux perché que jamais !
Il a fallu que l’« ami » SASSOU eût été mis en difficulté face à la colère de plus en plus montante de
la majorité de la population de son pays, colère manifestée pour contrer les manoeuvres liées au
changement de la Constitution qui le maintiendrait au pouvoir pour que l’« ami » HOLLANDE
montre à la face du monde son vrai visage en ayant nargué le peuple congolais : « Le président
Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit ». Comme ça fait partie du droit de
l’« ami » HOLLANDE de se livrer aux rétropédalages qu’il a pris l’habitude de faire dans bien de
domaines se riant ainsi de la responsabilité commune qui implique la girouette politique et le criminel
dans l’établissement historique des crimes économiques et humains !
Que reste-t-il donc de ces déclarations faites par l’« ami » HOLLANDE qui ont engagé la France à
Kinshasa le 13 octobre 2012 : « La francophonie doit porter la démocratie, les droits de l’Homme, le
pluralisme, le respect de la liberté d’expression, l’affirmation que tout être humain doit pouvoir
choisir ses dirigeants ? » ; à Alger le 20 décembre 2012 : « Je reconnais ici les souffrances que la
colonisation française a infligées au peuple... qui a été soumis à un système profondément injuste et
brutal ? » ; à Dakar le 30 novembre 2014 : « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où
la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays
sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la
justice, le droit et la démocratie… on ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel ? » ;
à Cotonou le 2 juillet 2015 : « Je suis attaché à ce que soient respectés les textes constitutionnels, les
échéances électorales et les rythmes de la démocratie… si je suis ici c’est pour montrer qu’il y a des
exemples à donner ? »… Que de la poudre aux yeux du monde ! Que des blablas hollandais vite
oubliés et jetés dans la poubelle de l’Histoire !
Fini le temps où la honte des affaires sur les Biens mal acquis, les Disparus du Beach, les assassinats
individuels et en masse, le non-respect des principes sur les droits de l’Homme et de la démocratie,
l’élasticité des mandats à durée indéterminée, la révision des Constitutions en vue de se maintenir au
pouvoir … hantait la conscience de l’« ami » HOLLANDE. Fini le temps où l’« ami » HOLLANDE
tournait le dos à l’« ami » SASSOU pour lui tendre la main sur le perron de l’Élysée. Fini le temps où
l’« ami » HOLLANDE assénait sans réplique la leçon de la démocratie et du respect des constitutions
aux « méchants » dont SASSOU était particulièrement pointé sur le viseur du « gentil » enfant.
Il est indéniable que le soutien de HOLLANDE à son « ami » SASSOU pour la tenue d’une mascarade
de référendum n’est pas qu’un simple falot portatif d’arrogance du plus fort venu au secours d’un
« ami » criminel en difficulté et qui, face aux mécontentements grandissants des Congolais, répondrait
à la guerre du pot de fer contre le pot de terre. C’est beaucoup plus profond que cela. L’« ami »
HOLLANDE a su choisir le moment qu’il fallait pour lancer son boulet dans le dos des mécontents
congolais : l’approche de la date de la tenue du référendum et la montée vertigineuse des
mécontentements. Sachant le référendum pipé à l’avance comme tout élu de l’Élysée a toujours su le
faire, l’« ami » HOLLANDE a ainsi cherché à marquer les esprits, à décourager et à arrêter net la
détermination du peuple congolais qui tient à mettre hors d’état de nuire un homme perçu par lui
comme le pire criminel du pays mais qui est accueilli par l’« ami » HOLLANDE comme le bon
samaritain, serviteur des intérêts divers depuis 31 ans… et de qui l’Élysée en attend davantage !
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L’« ami » HOLLANDE en ayant ainsi choisi ce moment stratégique pour décourager les attentes des
Congolais a cru parvenir à porter l’influence de l’Élysée sur les victimes de l’« ami » SASSOU et à
freiner leur hardiesse en vue de l’aider à se maintenir au pouvoir. La déception des Congolais est bien
évidemment au-delà des espoirs qu’ils ont fondés sur HOLLANDE par qui ils croyaient trouver
l’appui qui les aiderait à se débarrasser d’un criminel devenu gênant pour l’avenir de leur pays.
Le rétropédalage de l’« ami » HOLLANDE sur l’« ami » SASSOU appelle les Africains en général,
les Congolais en particulier, à en tirer les leçons et à réagir au prix des sacrifices sans lesquels ils
seraient repartis pour 100 ans de domination supplémentaires.
La première leçon à tirer résulte de la classique arrogance née du pouvoir colonial et du
complexe de supériorité qui en dépend. Des années 1950 aux années 2015, tel devenu un mode du
vivre ensemble, considéré comme naturel, tout dirigeant français n’a plus cru que Français et Africains
pourraient un jour traiter d’égal à égal : le simple fait même d’y penser serait pire folie. Figée à jamais
dans l’esprit et le crâne, la notion de pré carré permet au dirigeant français de se comporter en Maître
absolu.
D’où cette sorte de syndrome de Fachoda qui, dans l’imaginaire du dirigeant français, considère la
tentative de prise d’indépendance par une ancienne colonie française d’Afrique comme une profonde
humiliation infligée par un « assujetti » triomphant, hautain et forcément de mauvaise foi. D’où la
théorie des intérêts qui contraint la France via ses multinationales de poursuivre les pillages
systématiques des richesses de ses anciennes colonies d’Afrique, d’occulter l’histoire voire de ne pas
les compter comme parti pris dans l’Histoire pour faire en sorte que les anciennes colonies d’Afrique
soient toujours tenues à la remorque de leur ancien colonisateur. D’où le Permis de Continuer à Tuer
(PCT) accordé depuis les années 1970 et réactualisé par l’« ami » HOLLANDE à l’« ami » SASSOU.
Une preuve qu’au-delà du soutien de l’« ami » SASSOU perçu par l’« ami » HOLLANDE comme un
simple jeu de rôle et la colère du peuple congolais comme une bouteille d’eau jetée dans la mer, le vrai
message que l’« ami » HOLLANDE a voulu adresser au monde est le message de la sauvegarde du pré
carré dont il est le garant à un moment donné de l’Histoire de France, et que personne – des tenants de
la politique néocoloniale qui lui prêtaient l’intention de chercher à casser la Françafrique ou des
Congolais qui ont vite pris pour monnaie comptant ses déclarations sur la démocratie – ne s’attende à
ce que par lui s’échappe le pré carré.
La deuxième leçon à tirer du rétropédalage de l’« ami » HOLLANDE sur son « ami » SASSOU
est la notion de la démocratie. Vue de l’Élysée, la définition de la démocratie varie selon qu’elle
s’applique aux Occidentaux ou aux Africains, aux pays africains pétroliers ou aux pays africains non
pétroliers, selon les intérêts en présence. La démocratie en Occident est, pour l’Élysée, synonyme
d’élections transparentes, de respect des droits de l’Homme, de respect de la Constitution,
d’alternance, cependant que la même Élysée considère la démocratie en Afrique comme, certains
diraient même un luxe, la capacité de tout dirigeant africain de garantir les intérêts français avec toutes
les conséquences que l’on sait : mandats à durée indéterminée, élections truquées, répressions, manque
de liberté d’expression, manque d’alternance, etc.
De même, l’Élysée considère que les droits de l’Homme en Occident sont un ensemble des
prérogatives dont peut bénéficier n’importe quel individu. Tel n’est pas sa vision des droits de
l’Homme quand il s’agit de l’Afrique où l’oppression sans faire des vagues tient lieu des droits de
l’Homme et du Citoyen.
Idem pour la Paix, que l’Élysée considère en Occident comme une absence de conflit, de guerre, de
violence... La même Élysée ferme les yeux quand - au milieu des affamés, des démunis en eau potable
et en électricité, des silencieux forcés par la résignation -, les dictateurs qu’elle installe et soutient en
Afrique vantent la paix dans les pays à la tête desquels ils se trouvent.
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Il apparaît en définitive que l’« ami » HOLLANDE se pose en Maître pour démontrer aux yeux
de la communauté internationale que c’est Lui qui a le contrôle du Congo, même s’il ne le dira
jamais qu’il est également comptable des crimes à venir qu’aura forcément commis l’« ami »
SASSOU en l’ayant maintenu au pouvoir.
Pas un seul Français pourtant ne pouvait parier un kopeck que la Chine marcherait un jour devant la
France. Attention aux leçons de l’Histoire !
Congolais debout !

Une contribution de Calixte Baniafouna