Conférence de Brazzaville: Les colonies Françaises, les vaches à lait et les soufre douleur de la France, par Bernard Dadié

La guerre finissant, Paris tenait à fixer sa position vis-à-vis de ses
sujets nègres.
« Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie pour la France dans les
colonies, écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité
d’évolution hors du bloc français, de l’empire : La constitution
éventuelle, même lointaine de self governement dans les colonies est à
écarter ».
Les Africains parlant d’indépendance démontrent qu’ils n’ont rien
compris de la conférence de Brazzaville, ou s’étaient réunis des
gouverneurs généraux, des gouverneurs et administrateurs des colonies. Deux
(02) civils africains étaient pris à témoins, deux (02) nègres qui
parlaient et écrivaient le français. Haïti brisait ses chaines. Napoléon
accourut pour embarquer Toussaint Louverture et l’enfermer jusqu’à la
mort dans une prison du continent au fort de Joux près de Pontarlier en 1803
pour que les nègres continuent de produire pour enrichir les maîtres. Une
autre guerre prenant fin, les nègres esclaves parlaient de liberté.
Chez nous l’armée française et l’aviation française se mirent en
colère.
Elles tuèrent et détruisirent tout pour que nous continuions à produire
pour vendre à bas prix et acheter leurs produits usinés au prix fort. Pour
l’indépendance d’Haïti, il lui fut réclamé en 1804 une somme qu’il
a fini de payer en 1947. Comme toujours, Paris a ses hommes de mains qui
brûlent tout à leur passage et tuent en chantant père et mère. ET le soir
venu, ils parlent de réconciliation pour éviter les cauchemars. Nous avons
un Président de république dont le palais a été détruit, arrêté et
expédié dans une prison d’Europe. Un autre Toussaint Louverture. Des
blancs et des nègres ici et là protestent. Qu’ils en soient remerciés et
que les autres, ceux qui se veulent des maîtres sachent que les prisons et
les cellules ne sont pas les lieux de plaisir. Les fins de civilisation… ou
d’exploitation ? Le Président Gbagbo en exil en France, parla trop, un
dangereux individu pour la présence des hyènes de la colonisation d’où
son séjour à la CPI aujourd’hui.
En 1939, la guerre a été déclarée et les nègres coururent pour
défendre la mère-patrie. Nombreux furent les volontaires et les anciens
combattants à Thiaroye qui payèrent leur audace qui leur faisait croire que
les français avaient besoin d’eux pour défendre la Gaule.
10 Juin 1940, les allemands étaient à Paris qui sera divisée en deux
(02), tout comme le sera Berlin et la Côte d’ivoire, partagée, occupée
par les assaillants. A Paris, il eut des résistants et des collaborateurs,
assassinats des patriotes, tout comme chez nous. Des disparitions et des
enlèvements, des chasses à l’homme et le service du travail obligatoire.
« Papa gagne de l’argent en Allemagne ». (Les Editions de Minuit).
Ici en côte d’Ivoire.
« Papa gagne de l’argent au pouvoir acquis grâce aux bombes ».
Pour rompre le silence, les forces Françaises Libres, le Vercors, haut lieu
de la résistance où l’on ne cessait, dans le cadre de la défense de la
France de crier, « Français libérez-vous de la peur ».
La côte d’Ivoire est dans Nuit et Brouillard ; et nous ne saurons pas
qui vient frapper à la porte de la maison. Nous avons vécu le Togo.
Lumumba condamné par Mobutu qui finira hors du pays, la RCA avec les
aventures de Bokassa, Sékou Touré qui a osé dire qu’il veut
l’indépendance de la guinée.
D’autres prouesses de Paris pour maintenir la colonisation et sur nous les
bombes des avions et les obus des canons. Combien sont-ils les morts des
comptes bloqués, des embargos et autres caprices péchés dans la seine
coloniale ? La belle devise : liberté, égalité et fraternité qui accepte
que « les fins de l’œuvre de civilisation accomplie pour la France dans
les colonies écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité
d’évolution hors du bloc français de l’empire ; la constitution
éventuelle, même lointaine de Self Governement dans les colonies est à
écarter ».
La CPI et autres prisons en Europe pour les nègres.
Et des Blancs pour avoir parlé de liberté pour des nègres ne furent-ils
pas assassinés (Philippe Rémond, Professeur à l’INPHB) ?
Et civiliser pour certains responsables serait-il le droit pour des
assassinats crapuleux ? Feu Docteur Biaka-Boda, feu ministre Boka Erneste,
feu Kragbé Gnagbé qui parla d’indépendance, et d’autres dans les nuits
sombres, d’autres dans les jours les plus éclatants. C’est le Président
Gbagbo, le Président sorti des urnes qu’on attaque parce qu’il refuse de
se plier au verdict de linas-Marcoussis «Je continue de croire que notre
monde tire sa liberté et son dynamisme de la liberté de chacune de ses
composantes… dans un monde de compétition, il est illusoire de croire
qu’un peuple peut assurer le bonheur parfait d’un autre peuple ;
l’histoire ne donne aucun exemple de ce type ».
L’Afrique francophone, même la partie au service de la France coloniale,
n’approuve-t-elle pas ces propos ?

« L’Afrique qui refuse les chaines ».

Une contribution de Bernard BINLIN-DADIE
Président du C.N.R.D
(Congrès National de la Résistance pour la Démocratie)