Côte d'Ivoire/ Répression des Démocrates: Lettre ouverte au Président François Hollande, Par Claude Koudou

Par IvoireBusiness - Interpellation ouverte de François Hollande, Président de la République française suite à l’explosion socio-politique en Côte d’Ivoire.

Alassane Ouattara au cours d'une audience à l'Elysée. Image d'archives.

Interpellation ouverte de François Hollande, Président de la République française suite à l’explosion socio-politique en Côte d’Ivoire

Transmission par la Conseillère Afrique (Hélène Le Gal)

Monsieur le Président de la République française,

Les accords de Linas Marcoussis de janvier 2003 ont vivement recommandé que l’article 35 de la Constitution ivoirienne fasse l’objet d’un référendum pour que le peuple se prononce sur ses points litigieux. Alors que rien ne s’oppose à l’organisation d’un tel référendum, le chef de l’Etat Alassane Dramane Ouattara a décidé de ne pas tenir compte de ce terme desdits accords. Pis, il a changé deux fois, avant le terme de leur mandat, le président du Conseil constitutionnel et a maintenu le président de la Commission électorale dont le mandat unique est arrivé à échéance. Il importe de rappeler que plusieurs lettres vous ont été adressées concernant la violation flagrante des droits de l’Homme, les enlèvements, les arrestations arbitraires, les tortures et les contraintes à l’exil,… sous ce régime. C’est dans ces conditions de fortes tensions sociales et politiques que le chef de l’Etat veut la tenue d’une élection présidentielle le 25 octobre prochain.
Nous voudrions rappeler que « … Depuis 1789, la France a expérimenté tous les régimes politiques possibles. Les différents régimes qui se sont succédés (empire, monarchie constitutionnelle, république parlementaire), fait que la France a connu au cours des deux derniers siècles près de 15 Constitutions différentes, présentant chacune leurs spécificités propres A l'exception de la constitution actuelle, toutes les autres ont échoué, elles ont fini dans la tragédie ou le drame … »
Depuis le jeudi 10 septembre 2015, des démocrates ivoiriens manifestent pour exiger l’application des lois républicaines, en tête la Constitution. La réponse du pouvoir se caractérise par des répressions sanglantes et des morts sont enregistrés. Le bilan macabre donne à ce jour : 41 personnes arrêtées, 9 libérées ; 3 personnes tuées par des miliciens pro-Ouattara à coups de machettes ; au total 65 blessés.
Nous pensons que la France, qui défend la liberté d’expression et la démocratie, ne peut pas garder longtemps un mutisme qui peut se révéler complice à terme.
Nous voudrions indiquer par ailleurs, que depuis des décennies, un type de politique et des modèles économiques que la France, ancienne puissance tutélaire a exportés dans ses anciennes colonies, n’ont pas réussi. En effet, l’accaparement des matières premières et autres intérêts à coups de canon connaissent leurs limites. La preuve, l’extension des expéditions sous le « manteau humanitaire » fait des dégâts considérables dont le déplacement massif de populations et une amplification de vagues migratoires.
A vouloir conditionner l’opinion avec du déni pour garder un statu quo incompréhensible, le cours de l’Histoire rattrape l’Occident. Personne ne croit aujourd’hui aux réponses militaires que vous proposez notamment au Sahel et en Syrie.
Vous aviez promis de faire une autre politique en Afrique. Votre silence sur la Côte d’Ivoire, pays moteur économique de la sous-région ouest-africaine est plus que troublant. Peut-être que les comptes-rendus de certains de vos conseillers et/ou ministres, à cause de leurs liens personnels, d’avantages financiers occultes et des commerces de leurs proches avec le pouvoir d’Abidjan « vous mettent-ils sous influence ».
En tout état de cause, nous pensons que la France gagnerait à ouvrir un nouveau paradigme avec ses anciennes colonies. La France gagnerait à ce que la sécurité soit garantie dans ces pays ; que le climat des affaires s’assainisse ; que les entreprises embauchent ; que les marchés soient attribués sainement ; que les populations aient du pouvoir d’achat pour consommer ; …
Nous rappelons que les jeunes sont dans les rues pour demander :
- Le respect strict de la Constitution ;
- La mise en place d’une nouvelle commission électorale consensuelle ;
- La mise en place d’une transition qui sera qualifiée à conduire les réformes consensuelles.
Il faut aussi dire :
D’une part que depuis 2011, Alassane Dramane Ouattara ruse pour gagner du temps. Il n’a pas eu la volonté politique de faire la réconciliation nationale attendue. Au contraire, il a exacerbé les tensions en faisant une chasse aux sorcières et en cultivant un « rattrapage ethnique ». Le chef de l’Etat actuel, dans son élan autoritaire est donc disqualifié pour réconcilier les Ivoiriens.
D’autre part, les jeunes qui manifestent, expriment ainsi, par des méthodes démocratiques leur refus de la praxis autoritaire. Nous protestons donc vivement contre leurs enlèvements injustifiés, à leurs domiciles. Nous voudrions dire ici, que ces méthodes d’enlèvements des jeunes, nous rappellent des sombres souvenirs de l’Histoire de l’Humanité. Ces jeunes, de ce que notre ONG a appris, poursuivront leurs manifestations pacifiques jusqu’à ce que le respect des lois soit.
C’est pourquoi, sur la base des éléments déclinés plus haut, et au-delà de toutes postures politiciennes et intéressées, nous en appelons à votre attention, pour que votre intercession auprès des autorités ivoiriennes incite à ce que, les forces de l’ordre encadrent les manifestations plutôt que de faire de la répression au bénéfice d’un seul homme, de surcroît fermé à toute discussion.

Fait à Paris, le 16 septembre 2015
Pour l’ONG Convergences pour la Paix et le Développement de l’Afrique (Journal Officiel 2010)
Dr Claude KOUDOU
ongconvergencespaixdev@gmail.com