Côte d'Ivoire/ Prévention d'un conflit latent à Bondoukou: Lettre ouverte au Ministre de la Sécurité, Par Dapa Donacien

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. Prévention d'un conflit latent à Bondoukou. Lettre ouverte au Ministre de la Sécurité, Par Dapa Donacien.

Dapa Donacien.

Monsieur le Ministre, vue l'urgence et les risques de dégâts insoupçonnés,susceptibles de plonger le département de Bondoukou dans la turbulence, nous n'avons d'autres choix en dehors d'une lettre ouverte à l'effet de vous interpeller.

Ne voulant pas jouer au Médecin après la mort, nous préférons vous prévenir, afin que votre avènement à la tête de ce ministère ne rime pas avec le basculement du département de Bondoukou dans la violence, éventuellement, parce que nous aurons manqué à notre devoir de vous interpeller à temps, sur la sociologie de notre zone géographique.

Il nous revient de manière persistante qu'un village, Flakiédougou, voisin à Pétèye et Brogodon, dans l'actuelle sous préfecture de Laoudiba, et fondé par un peuhl ressortissant d'un pays de la CEDEAO, (ces dernières décennies après l'indépendance), serait sur la table du Conseil de Gouvernement, pour être érigé en CHEF LIEU DE SOUS- PREFECTURE en Conseil de Ministre, de toute imminence.

L'implication sur le terrain de cette décision, si elle était avérée, aurait pour corollaire de soumettre de facto au commandement de Flakiedougou, les villages des autochtones, PETEYE et BRORGODON propriétaires terriens et villages jumelés depuis le 21 avril 2017, en présence des autorités préfectorales et sous préfectorales, et de Sa Majesté Dagbolo Saye 1er, Roi du peuple Koulango de toute la Région du Gontougo.

Monsieur le Ministre, avec tous les efforts des cadres de Pétèye et de Brogodon, avec la caution morale du Roi des Koulango, à l'initiative des chefs des villages, jusque-là, il n'ya jamais eu de conflit identitaire entre les peuples Koulango et les communautés étrangères de la CEDEAO fondatrices et gestionnaires de FLAKIEDOUGOU. A ces communautés, est venue s'ajouter une communauté Lobi, après la création de Flakiédougou. Le fondateur Flakiè, installé sur le site dans les années 70 avec la bienveillance et la générosité de Pétèye et Brogodon, a toujours reconnu ses tuteurs comme tels ainsi que les droits coutumiers sur les terres. Avant sa mort, il est venu présenter puis confier son fils Diallo aux autorités coutumières de Pétèye. Diallo,actuel chef de Flakiédougou, obéissant aux conseils de son défunt père a poursuivi dans la préservation des liens avec les autorités coutumières.

Une attitude de savoir-vivre que les populations autochtones, ont toujours appréciée jusqu'à la survenance de cette rumeur, dont vous êtes le seul à savoir si elle est fondée ou non.

Enfin, si une telle décision était avérée, l'inversion outrancière de l'ordre des choses ne manquerait pas d'enflammer la zone, demeurée un îlot de cohésion sociale, ayant résisté au désir des pyromanes qui ont mis à feu et à sang les rapports entre Koulango, Lobi et Peulh en 2016 à Bouna, sur fonds de conflit foncier meurtrier.

Il est incontestable qu'un chef lieu de sous préfecture est un embryon d'un conseil municipal. Et la gestion du foncier de l'espace communal sans exception est du ressort du conseil municipal. Et ce serait une tautologie de vous dire, de facto, les terres de nos villages environnant passeraient sous commandement de la CEDEAO.

Monsieur le Ministre, une mise au point du Gouvernement, qui préciserait que cette information est une rumeur non fondée ,est vivement attendue des populations, qui continuent de s'interroger si leur hospitalité serait devenue un non sens, voir un début d'esclavage, alors que Pétèye n'a cessé depuis quelques années, d'insister auprès du Ministre Koné Marietou, d'élever cet exemple de cohabitation pacifique au rang d'incubateur de cohésion sociale afin que les ivoiriens s'en inspirent et ne regrettent jamais leur hospitalité.

Avons-nous été naïfs en magnifiant la cohabitation pacifique entre ivoiriens et une forte communauté de la CEDEAO dans notre zone sans couac?

Monsieur le Ministre, à vous de nous convaincre, dans la suite de cette affaire qu'il n'est jamais vain d'être hospitalier.

Si chef lieu de sous préfecture, devrait y avoir (ce qui est d'ailleurs le vœux des villages jumelés), vous savez le lieu de son implantation pour la préservation continue de la paix sociale dans la zone. Il bon de préciser que Pétèye-Brogodon, sont à moins de 5 km Flakiédougou.

Monsieur le Ministre, ne nous trompons pas.Porte d'entrée dans le Département de Bondoukou, tout le Gontougo suit de très près ce dossier hautement sensible, en raison de la forte communauté de la CEDEAO à proximité de Pétèye et Brogodon et Kohui, un village qui vient de s'ajouter aux deux autres, portant le nombre de villages jumelés à trois.

A vous de dissiper les craintes et les doutes de cette population, dont l'option pour le jumelage, en dit long et constitue un signal parlant en direction de l'Etat, pour sa sécurité existentielle.

Par Kouakou Dapa Donacien

Président du Comité de Pilotage du jumelage des villages de Pétèye et de Brogodon