Côte d'Ivoire: Ouattara inéligible a des airs d'un chef de guerre victorieux, et non d'un candidat à l'élection présidentielle

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Côte d'Ivoire. Ouattara inéligible a des airs d'un chef de guerre victorieux, et non d'un candidat à l'élection présidentielle.

Alassane Dramane Ouattara lors de son investiture ratée le 25 avril 2015 au stade Félix Houphouët Boigny d'Abidjan.

OUATTARA INÉLIGIBLE A DES AIRS D’UN CHEF DE GUERRE VICTORIEUX NON D’UN CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE IVOIRIENNE

Un candidat à des élections présidentielles se doit de se conformer naturellement aux dispositions juridiques de « son pays », à l’instar d’un citoyen, qui doit remplir les conditions retenues par nos juridictions pour obtenir, par exemple, la nationalité ivoirienne ou exercer son droit de vote. Pour aller à des élections présidentielles transparentes, il nous faut donc aussi bien des candidats que des citoyens légitimes. Sous Dramane Ouattara, ces deux conditions élémentaires ne sont pas réunies. Dramane n’est pas éligible, selon l’article 35 de la Constitution ivoirienne et son régime confirme la falsification de cartes nationales d’identité ivoiriennes dans un article paru le 09/05/ 2015 à 9 :39 sur le site Afrik53.com. Les faussaires résideraient dans un pays limitrophes et leur présence ralentirait la délivrance des cartes d’identité nationales ivoiriennes aux véritables citoyens. Ce qui supposerait qu’à ces élections présidentielles organisées par Dramane, un candidat inéligible, nous courons le risque de le voir « élu » par des millions de citoyens ivoiriens illégitimes. Quand nous savons que le financement des cartes nationales d’identité a coûté aux contribuables ivoiriens des milliards de nos francs, nous sommes en droit de nous interroger sur le financement de ces faussaires capables de fournir des CNI identiques aux nôtres à des millions d’étrangers, qui peuvent acquérir la nationalité ivoirienne sur déclaration, ou pour des services importants rendus à la Côte d’Ivoire, en tuant aux côtés de Dramane Ouattara des démocrates ivoiriens traités de xénophobes parce qu’ils défendent l’article 35 de notre Constitution, la République de Côte d’Ivoire que ne reconnaît pas leur leader politique opposé à l’application de cet article. Tout autour de Dramane Ouattara baigne dans le faux. Pour instaurer une république étrangère à notre Loi fondamentale, Dramane a préconisé, à dessein, la guerre, comme solution au contentieux électoral de 2010. Les résultats, nous les avons sous nos yeux ; malgré le bourrage des urnes au Nord, il a été installé de force par ses alliés à la tête de notre pays, après le sacrifice de plus de 3000 âmes. A la veille des élections présidentielles de 2015, il préconise, cette fois-ci, la violation de la Constitution ivoirienne, pendant qu’il se prépare, de nouveau, à la guerre. Les récentes attaques par son armée des milliers de congressistes du FPI réunis à Mama pour faire de Gbagbo le président du parti politique qu’il a créé, témoigne de sa volonté d’utiliser les armes pour être, de nouveau, installé à la tête de la Côte d’Ivoire. Les observateurs attentifs, amoureux de la vérité, qui ont suivi la « pacification de notre pays » par Dramane, ont pu se rendre compte qu’il a toujours fait le mort pour revenir « plus fort ». Rétrocéder, par conséquent, les camps militaires aux gendarmes est un acte politique qui s’inscrit, en réalité, dans cette stratégie de guerre: il est, en effet, plus aisé d’assiéger un site que d’être assiégé par des ennemis invisibles. Le repli des ex-combattants à Bouaflé, M’Bahiakro et à Guiglo permet à Ouattara de fondre ses troupes dans les populations afin de mater toute contestation au Centre, à l’Ouest et à l’Est, le Nord et le Sud étant déjà sous le contrôle de ses milices. Si Dramane refuse de se soumettre à l’article 35 de notre Constitution, c’est qu’il a choisi la voie de la force pour faire aboutir son projet politique. Pour préparer la paix armée, il prépare donc la guerre. Le procès de Gbagbo fixé par la CPI, avec son accord, au 10 novembre 2015, après « les présidentielles d’octobre » s’inscrirait aussi dans une stratégie de pacification définitive de la Côte d’Ivoire, qui a commencé avec l’emprisonnement des membres du FPI, de Lida Kouassi, des professeurs Hubert Oulaye, Dano Djédjé et de Koua Justin, arrestation condamnée par tous les démocrates ivoiriens sauf par ceux qui roulent pour Ouattara. Les chefs d’accusation de chaque leader de l’opposition ivoirienne sont déjà prêts. Tout est décidé selon la tête de l’accusé, ses origines ethniques ou religieuses. Hubert Oulaye né le 3 novembre 1953 est
agrégé de droit public et de sciences politiques. Il est de l’Ouest, de Guiglo, une des zones où sont rassemblés les ex-combattants de Dramane, durant leur repli stratégique, et où a déjà commencé le nouveau peuplement de l’électorat à vie du clan Ouattara. Le professeur Oulaye écopera, à dessein, d’une peine plus lourde pour l’empêcher de défendre les terres de ses ancêtres, et la démocratie en Côte d’Ivoire. Il est, en effet, accusé d’avoir participé à l’assassinat d’agents de l’ONU. Le Dr Assoa Adou, directeur de campagne du président Gbagbo a été arrêté, bien avant ces figures de proue du FPI pour les 4 chefs d’accusation suivants: commission volontaire de meurtres, participation à une bande armée sans en prendre la tête, détention d’armes, entretien de fournitures de subsides aux bandes armées. Dramane a construit de nombreuses prisons pour emprisonner et y laisser mourir, à petit feu, les démocrates ivoiriens. A partir du 10 novembre 2015, jour du procès du président Gbagbo et du ministre Blé Goudé, commenceront, parallèlement, les procès de tous les démocrates ivoiriens. Les chefs d’accusation collectifs sont les suivants : « trouble à l’ordre public » et « entretien de fournitures de subsides aux bandes armées ». Ainsi tous ceux qui de loin ou de près aident des exilés civils ou militaires, des parents au Ghana, au Libéria, courront le risque d’être enfermés pour un oui ou pour un non. Tous les manifestants pacifiques pourront être accusés de troubles à l’ordre public comme le professeur Dano Djédjé et Koua Justin. La loi sur les écoutes téléphoniques en France vient affermir l’autorité de la Françafrique et de leurs gouverneurs puisque Dramane pourrait invoquer les risques liés au terrorisme pour violer l’intimité de tous, afin d’en faire discrètement un chantage politique. Une particularité dans les chefs d’accusation attire notre attention ; cette tendance du régime de Dramane à associer d’éminents intellectuels à des meurtres : Oulaye, Assoa Adou etc… En fait, Ouattara tire, paradoxalement, profit de tous les meurtres commis aussi bien par ses propres partisans que par des criminels sur le sol ivoirien. La décapitation récente aux yeux de tous d’un chef de gang, tous ces crimes, ne nous leurrons pas, affermissent le pouvoir de Dramane Ouattara, qui n’est pas perçu par les Occidentaux, ses mentors, comme l’un des nôtres mais comme un gouverneur noir qui a épousé leurs valeurs. Il est donc chargé de mater dans le sang ces « africains sanguinaires et sauvages » qui demeurent des « meurtriers incultes » malgré les agrégations qu’ils ont glanées dans les universités occidentales. Il donne donc à ces mentors un signal fort, en faisant convoquer ses officiers afin qu’ils répondent de leurs crimes et obtiennent « une grâce présidentielle fictive ». Il jette en pâture Wattao, qui a financé sa guerre de 2010, en exploitant les minerais ivoiriens, après avoir divisé notre pays en deux zones. Il utilise les dioulas (et non les fils du Nord) comme un bouclier autour de sa personne, en invoquant le rattrapage ethnique qui n’est que l’institutionnalisation d’une tare, d’un défaut propre à ces populations que nous retrouvons à l’intérieur et à l’extérieur des frontières ivoiriennes. Ces derniers ont toujours eu du mal à coopérer avec les autres groupes ethniques quand ils occupent un secteur d’activités précis. Lorsque les dioulas investissent, par exemple, dans le transport ou le commerce, il n’y a plus de place dans ce secteur pour des personnes étrangères à leurs communautés. Le transporteur d’origine baoulé N’Zi Kan en sait quelque chose. Le rattrapage ethnique est un argument fallacieux pour institutionnaliser leur attitude égoïste. Cette musique peut bercer les Occidentaux et non les Africains, les Ivoiriens. Aucun gouvernement avant Ouattara n’a institutionnalisé le tribalisme. Quand un politique de son espèce refuse des médicaments à son prochain souffrant, en demandant un embargo sur les médicaments, que pouvons-nous attendre d’un tel homme ? L’apôtre Thomas a vu et a cru. Attendons-nous d’être jetés dans des fosses communes par les milices d’un candidat inéligible avant de croire, alors que les faits sont têtus ?

Une contribution d'Isaac Pierre Bangoret (Écrivain)