Côte d'Ivoire – Nécrologie : Décès mardi de Frédéric Bruly Bouabré, poète, philosophe, dessinateur et inventeur ivoirien

Par IVOIREBUSINESS - Frédéric Bruly Bouabré est mort.

Décès mardi de Frédéric Bruly Bouabré, poète, philosophe, dessinateur et inventeur ivoirien, qui se faisait appeler « Celui qui n’oublie pas », selon plusieurs sources concordantes.
Selon l’APA, il serait mort de diabète et de colopathie.
Cette mort brutale de Bruly Bouabré, à l’âge de 93 ans, plonge la Communauté des arts dans l’émoi en raison de ses nombreuses qualités et de ses actions en faveur de la culture du peuple bété (son ethnie d’origine à l’ouest du pays).
Selon RFI, Bruly Bouabré était un écrivain, un penseur et dessinateur.
Inventeur de l’alphabet Bété, il est l’auteur d’une écriture spécifique pour sauver de l’oubli la culture du peuple Bété. Considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène internationale, il a créé une œuvre singulière et prolifique, aujourd’hui exposée dans tous les grands musées du monde.
Frédéric Bruly Bouabré était un artiste protéiforme. Il avait inventé un alphabet unique à partir de sa langue – la langue des Bété –, à savoir un inventaire des sons traduit en 440 pictogrammes. Une tentative d’écriture spécifiquement africaine. Cette invention lui avait valu la réputation de « nouveau Champollion ».
C’est le scientifique Théodore Monod, passionné par sa découverte, qui le fera connaître au monde. Frédéric Bruly Bouabré racontait avoir eu une sorte de révélation qu’il datait du 11 mars 1948. Depuis, expliquait-il, je suis « celui qui n’oublie pas ».
Et de fait, l’homme écoute, lit puis archive, à la façon d’un entomologiste, le monde contemporain. Toutes les traces du monde réel et de son monde intérieur, spirituel, sont consignées dans des centaines de petits dessins, réalisés sur des cartons format carte postale qu’il qualifie de « bricolés ».
Il utilise invariablement stylo bille et crayons de couleur pour ses dessins figuratifs au premier regard mais enrichis de symboles abstraits et ésotériques.
Difficile de qualifier le travail et l’œuvre de Frédéric Bruly Bouabré : un penseur, un prophète, un philosophe, un conteur… un peu tout cela à la fois. Un artiste qui cherchait, à sa façon, à expliquer le monde. Il se définissait lui-même, non pas comme un chercheur mais comme un « rechercheur ».

Bruly Bouabré expliquait que son talent lui est né le 11 mars 1948, lorsque « le ciel s’ouvrit devant mes yeux et que sept soleils colorés décrivirent un cercle de beauté autour de leur Mère-Soleil, je devins Cheik Nadro : celui qui n’oublie pas ».

Les dessins de Frédéric Bruly Bouabré circulent aujourd’hui dans les musées du monde entier.

Que la terre soit légère au savant, au poète, et au philosophe Bruly Bouabré.

Serge Touré