Côte d’Ivoire : Les raisons de l’échec de la tournée africaine de Guillaume Soro

Le samedi 29 janvier 2011 par IvoireBusiness – Le petit gros et Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro, redevenu maigrichon après avoir été délesté de ses 81 milliards de Fcfa par le

Guillaume Soro.

Le samedi 29 janvier 2011 par IvoireBusiness – Le petit gros et Premier ministre d’Alassane Ouattara, Guillaume Soro, redevenu maigrichon après avoir été délesté de ses 81 milliards de Fcfa par le

camp Gbagbo, milliards laissés dans son coffre-fort de la Primature pensant y retourner après son allégeance à Ouattara, a essuyé revers sur revers lors de sa dernière tournée africaine. Il entendait convaincre les chefs d’Etat du continent d’accepter une opération militaire dirigée contre la Côte d’Ivoire et son Président Laurent Gbagbo, pour extirper ce dernier du pouvoir et installer Alassane Ouattara, le chouchou de la communauté internationale et des américains. Les zougloumen ivoiriens du groupe « les garagistes » ne chantaient-ils pas « Alassane l’américain est de retour » ?
Les analystes politiques qui pariaient, tels des bookmakers, sur l’échec de la tournée de Guillaume Soro ont eu le nez creux ! Cette tournée l’a conduit au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée Equatoriale, au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Zambie et en Afrique du sud.
Le désaveu le plus cinglant est intervenu en Afrique du Sud où le chef de l’Etat sud-africain, Jacob Zuma et son ministre des Affaires étrangères, Mme Maite NKoama-Mashabane, ont opposé mercredi un refus ferme à la demande d’audience formulée par Guillaume Soro.

Pour les tenants de la thèse de l’échec de la tournée de Soro, le réveil des dignes fils de l’Afrique dans le dossier ivoirien, après les premiers jours d’intoxication de la presse internationale, a fini par faire son effet. Passés les premières heures de grande intoxication de la communauté internationale, beaucoup de chefs d’Etat africains se sont rendus compte qu’on leur avait menti. Que le vrai vainqueur de l’élection présidentielle n’était pas Alassane Ouattara, mais Laurent Gbagbo. Les premières fissures sont apparues lors des deux premières missions de la Cedeao en Côte d’Ivoire, fin décembre et début janvier.
Les chefs d’Etat se sont aperçus des énormes irrégularités du scrutin au nord de la Côte d’Ivoire, le fief de Ouattara. La ténacité de Laurent Gbagbo, preuves à l’appui, a fini par convaincre les plus sceptiques lors des deux audiences au palais présidentiel.
Après le tapage médiatique des médias français diffusant à profusion la victoire d’ADO, tous les journalistes et chaînes de télévision du monde entier ont tenu à effectuer le déplacement d’Abidjan pour se faire par eux-mêmes leur opinion. Ça a été la seconde brèche.
La troisième fut l’incapacité d’Alassane Ouattara de mobiliser la population ivoirienne à son avantage. Tous ses mots d’ordre, désobéissance civique, pays mort, grève générale, marche sur la télévision et la Primature, ont été de cinglants échecs. L’asphyxie financière du régime de Gbagbo par le limogeage de Philippe-Henri Dacoury-Tabley n’a pas non plus donné les résultats escomptés. Pire, la Côte d’Ivoire a rompu avec la Bceao et est désormais sur le point de battre se propre monnaie et sortir de l’union monétaire ouest africaine (Uemoa).
C’est alors qu’intervint la chute du régime Ben Ali et la mise à nu de tous les mensonges de la France concernant ce pays. Le monde entier a pu voir par lui-même ce qu’était un régime vomi, ou comment un peuple aux mains nues et sans aucune aide extérieure, sans médias d’Etat pouvait par sa seule détermination chasser un dictateur du pouvoir. Les gens se sont rendus compte qu’en Côte d’Ivoire, Gbagbo n’était pas un dictateur, bien au contraire, il avait avec lui son peuple et son armée, qui étaient même prêts à mourir pour lui.
En face de lui, Alassane Ouattara, qui n’avait rien et qui appelait le monde entier à venir l’installer au pouvoir par la force.
Ne voulant plus être les dindons de la farce d’une certaine françafrique, les dignes chefs d’Etat d’Afrique ont tenu à Guillaume Soro le langage de la vérité. Qu’il faisait fausse route en voulant les embarquer dans une aventure militaire en Côte d’Ivoire pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir.
L’Angola, la Guinée équatoriale, le Malawi et l’Afrique du Sud lui ont tenu ce langage lors de sa dernière tournée.
D’autres le lui diront dimanche lors du sommet des Chefs d’Etat de l’Union africaine. Sentant poindre la débâcle de son poulain Ouattara à l’horizon et le risque d’une mort prématurée de la françafrique, Nicolas Sarkozy, le Président français, s’est fait inviter au sommet de l'Union africaine et sera à Addis Abeba à la tête d’une délégation de 60 personnes.
Pourra-t-il renverser la tendance ? Nous le saurons dimanche.

Catherine Balineau