Côte d’Ivoire: lancement de la coalition contre Ouattara avant les élections d’octobre. Les participants scandaient "Libérez Gbagbo !"

Par IvoireBusiness - Côte d’Ivoire. Lancement de la coalition contre Ouattara avant les élections d’octobre. Les participants scandaient "Libérez Gbagbo !"

Vendredi 15 Mai 2015 . Abidjan. Les leaders de l`opposition ivoirienne et des candidats déclarés aux prochaines élections présidentielles, dont l`ex-Premier ministre Charles Konan Banny étaient présents à la cérémonie de signature de la charte la CNC. AFP

Abidjan- Plusieurs milliers de personnes ont assisté vendredi au lancement de la grande coalition nationale du changement CNC, composée de ténors de la majorité et de l’opposition contre le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, candidat déclaré à la présidentielle d’octobre malgré son inéligibilité, a constaté un journaliste d’IvoireBusiness.

Treize cadres de la politique ivoirienne, dont Aboudramane Sangaré et Akoun Laurent du FPI, l’ex-Premier ministre Charles Konan Banny (opposition Pdci), l’ancien président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly (opposition), KKB (opposition Pdci), et Kablan Brou (opposition Pdci), étaient présents à la signature de la charte de la Coalition nationale pour le changement (CNC), à hôtel Belle Cote d’Abidjan.
Cette Coalition exige le respect strict de l’article 35 de la Constitution, la dissolution de la Commission électorale indépendante, le désarmement des milices, la libéralisation des médias d’Etat, la libération des prisonniers politiques, l’organisation d’élections libres démocratiques et transparentes etc…

"Nous sommes (...) pour des élections transparentes, nous ne sommes pas contre quelqu’un", a déclaré à la presse M. Koulibaly, interrogé sur le caractère "anti-Ouattara" de cette coalition, qui selon lui "va battre" le président sortant.

"La priorité de la coalition est de dire au gouvernement qu’il va falloir négocier les conditions (des élections) et puis nous dirons quels seront nos candidats", a-t-il insisté.

La charte de la CNC, qui exige "la libération des prisonniers politiques, notamment du président Laurent Gbagbo" et "la dissolution de l’actuelle Commission électorale indépendante (CEI)", a été lue aux militants, qui ont longuement scandé "Libérez Gbagbo !"

Le Président Gbagbo, maitre du jeu politique ivoirien et qui recevait ce même jour à La Haye, Essy Amara, autre membre de la CNC, est emprisonné depuis plus de trois ans à La Haye, en attente de son procès pour "crimes contre l’humanité" le 10 novembre devant la Cour pénale internationale.

Plus de 3.000 personnes sont mortes durant la crise post-électorale de 2010-2011, liées au refus d’Alassane Dramane Ouattara de reconnaître la victoire de Laurent Gbagbo.
La coalition critique la composition, trop pro-Ouattara, de la CEI, organisatrice du scrutin, ce que les autorités nient. Elle dénonce également l’utilisation des médias publics comme des "caisses de résonance du pouvoir".

"Ouattara ne pourra faire le dos rond sur ces revendications, à moins de vouloir passer en force, ce qui serait mal vu par la communauté internationale", observe l’analyste Jean Alabro, pour qui la coalition met à "risque" la réélection du président sortant qui n’est plus acquise même dans les cercles du régime.

Opposés l’un à l’autre sur l’échiquier politique, FPI et PDCI sont en proie à de fortes divisions internes.
Fin avril, le FPI reuni en Congrès à Mama, a élu Laurent Gbagbo "président" de cette formation qu’il a créée et radié Affi N’Guessan pour haute trahison et collusion avec le régime Ouattara.

Au PDCI, quatre "frondeurs", dont Essy Amara, Charles Konan Banny Kablan Brou, et Bertin Konan Kouadio, disent non à l’Appel de Daoukro, qui vise à ne pas présenter de candidat du Pdci en octobre afin d’assurer la victoire d’Alassane Ouattara.

Le Rassemblement des républicains (RDR), la formation d’Alassane Ouattara, est de plus en plus l’ombre d’elle-même avec une investiture de Ouattara au stade Houphouët Boigny, largement boudée par les militants, malgré la présence du Pdci de Konan Bedié, de l’Udpci de Mabri Touakeusse, de l’Upci de Gnamien Konan. Sur 200.000 de personnes attendues, seuls 20.000 ont effectué le déplacement, signe du désaveu cinglant de la politique menée par Alassane Ouattara.

Eric Lassale