Côte d’Ivoire - « libération annoncée des 150 prisonniers pro-Gbagbo » : Selon « Le Patriote », Simone Gbagbo n’en fait pas partie

Par Le Patriote - Simone Gbagbo pas concernée par la libération des 150 prisonniers pro-Gbagbo.

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre et continue d’alimenter les causeries. Jeudi dernier, à l’issue de la rencontre entre le gouvernement et le FPI, qui s’inscrit dans le cadre du dialogue politique, le ministre d’Etat auprès du président de la République, Ahoussou Kouadio Jeannot et le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’guessan, ont conjointement annoncé à la presse, la libération prochaine de 150 pro-Gbagbo, incarcérés depuis la fin de la crise postélectorale. C’est clair que cette décision participe manifestement de la décrispation du climat sociopolitique et affiche la volonté nette du président Alassane Ouattara d’aller, à tout prix, à la réconciliation nationale.

Pour autant, cette libération en masse annoncée ne signifie pas que tous les crimes de la crise postélectorale sontabsouts et qu’un blanc-seing est accordé à leurs auteurs, comme s’ils n’avaient rien fait du tout. Ce serait une erreur de le penser et aussi une grosse insulte à la mémoire des victimes de ce conflit postélectoral, qui a fait officiellement 3000 morts, mais en réalité beaucoup plus de pertes en vies humaines. S’il est vrai que le gouvernement est prêt à consentir de nombreux sacrifices pour que les Ivoiriens réapprennent à vivre ensemble et tournent définitivement la page de la crise, il ne peut cependant pas faire un trait sur tout ce qui s’est passé. C’est pourquoi, cette libération des 150 pro-Gbagbo ne concerne pas tout le monde, y compris des membres influents du FPI.
A commencer par l’exPremière Dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, qui ne fera pas partie, selon une source digne de foi, de cette vague de libération. La raison est simple :son cas, qui est un peu plus complexe, relève d’un engagement international de la Côte d’ivoire liée par ses accords, singulièrement celui avec la Cour Pénale Internationale (CPI). C’est donc la CPI qui va décider de son sort. Faut-il le rappeler, l’épouse de Laurent Gbagbo fait l’objet d’un mandat d’arrêt de cette juridiction internationale, délivré sous scellés le 29 février 2012 et levé huit mois plus tard. Elle est notamment soupçonnée « de meurtres, de viols et d’autres violences sexuelles, d’actes de persécution et d’autres actes inhumains, qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post électorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. » Inutile donc d’évoquer les cas de Laurent Gbagbo lui-même et Charles Blé Goudé, ex leader des jeunes patriotes, transférés à la Haye. Toutefois, à défaut pour l’instant d’un transfèrement dans la prison de La Haye, ses conditions de détention pourraient être revues, d’une manière ou d’une autre. Mais, tout dépendra de ce que le FPI fera. Et l’attitude du parti de Laurent Gbagbo et de ses responsables sera très observée, dans les prochains jours, après que le président Ouattara ait donné satisfaction à plusieurs de leurs revendications, notamment le dégel des avoirs de beaucoup d’entre eux, le paiement des rentes viagères à ceux qui ont occupé une haute fonction dans l’administration ou encore ont dirigé des institutions de ce pays. Aujourd’hui, Pascal Affi N’guessan jouit par exemple pleinement des droits et privilèges afférents à son statut d’ancien Premier ministre. En plus de sa rente viagère, il bénéficie de véhicules officiels avec chauffeurs et la protection d’une garde. Tout cela aux frais de l’Etat de Côte d’Ivoire, grâce à Alassane Ouattara.

Tout comme Simone Gbagbo, le personnel militaire n’est également pas concerné par cette libération annoncée. Leur situation est totalement différente de celle des autres prisonniers, d’autant que les militaires emprisonnés seront présentés plutôt devant le Tribunal militaire. Pour le reste des détenus, deux périodes sont prises en compte. Il y a d’abord celle qui se situe avant la prestation de serment, le 4 décembre 2010, du président Ouattara. Là, des actes, qui sont à l’étude, peuvent être pardonnés, et leurs auteurs relâchés. Ensuite, il y a la période d’après la prestation de serment du président de la République, où les actions posées sont considérées comme des atteintes à la sûreté de l’Etat. De toute évidence, les portes des geôles ne seront pas grandement ouvertes, comme d’aucuns le pensent, pour que tous les détenus pro-Gbagbo s’évanouissent dans la nature. Loin de là, tout sera analysé au cas par cas, et pour certains, les chances d’une libération, même provisoire, sont quasi-nulles. Surtout qu’au cours du dialogue politique, les deux parties se sont engagées à mettre fin à l’impunité.

Par Y. Sangaré
NB : Le titre est de la rédaction.