Burkina/Côte d’Ivoire : Le torchon brûle entre Roch et Ouattara. Yayi Boni appelé en pompier

Par Ivoirebusiness - Burkina/Côte d’Ivoire. Le torchon brûle entre Roch et Ouattara. Yayi Boni appelé en pompier.

Yayi Boni et Roch Marc Christian Kaboré, lundi 18 janvier 2016 à Ouagadougou.

Ouattara- Kaboré, rien ne va plus. Selon une source diplomatique proche du dossier, le torchon brûlerait en ce moment entre les deux chefs d’Etats. Leurs divergences seraient totales concernant les deux mandats d’arrêts internationaux émis par le Burkina Faso contre l’ex-président Blaise Compaoré, réfugié à Abidjan, et le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro.
Selon cette même source, le Président Roch Kaboré souhaite qu’on laisse la justice burkinabé faire son travail dans ces deux affaires. Pas question pour lui de règlement de ces affaires par voie diplomatique, car il s’agit de mort d’homme. Tout le contraire de que préconise le Président ivoirien Alassane Ouattara, un règlement diplomatique de ces affaires.
Yayi Boni appelé en pompier

En effet, après l’échec de sa première tentative lors de l’investiture du Président Roch Marc Christian Kaboré (le tête-à-tête entre les deux hommes n’avait pas eu lieu), le chef de l’Etat ivoirien vient de remettre de couvert à la faveur de l’attaque jihadiste qui a frappé vendredi dernier, Ouagadougou et le Nord du burkina.
Cette fois, le Président béninois Yayi Boni, a été appelé en renfort pour jouer les pompiers.
Arrivé lundi à Ouagadougou pour officiellement apporter sa solidarité et sa compassion au peuple burkinabé, il a surtout mis à profit sa présence dans la capitale burkinabé pour évoquer les mandats contre Compaoré et Guillaume Soro, et appeler à un règlement diplomatique de ces deux affaires, à la demande de son homologue ivoirien.
Le Président burkinabé aurait poliment décliné l’offre, arguant en privé n’avoir pas de leçon à recevoir de la part d’un chef d’Etat passé maître dans l’art de juger ses opposants, voire de les extrader, soit en Côte d’Ivoire, soit à la Cour pénale internationale.
Il préfère donc lui aussi qu’on laisse la justice burkinabé faire son travail comme en Côte d’Ivoire, et souhaite qu’on s’en tienne désormais à là. Ambiance.
Le lendemain mardi, c’est un Yayi Boni qui atterri à Abidjan, où est chaleureusement accueilli par son homologue ivoirien.
Officiellement, les deux hommes ont parlé de "une mutualisation des efforts communautaires" pour lutter contre le phénomène du terrorisme en Afrique de l’Ouest "qui est en train de faire tâche d’huile avec les dernières attaques" au Burkina.

Mais à huis clos, ils ont surtout parlé des mandats et de la réponse du Président Roch Christian Kaboré. Ouattara aurait été profondément déçu par la réponse de son homologue burkinabé selon notre source. Les relations entre Ouattara et Roch sont désormais sérieusement menacées. La rupture ne serait plus loin. Mais tout dépendra de l’attitude de la Côte d’Ivoire.
On peut d’ores et déjà dire qu’elle ne coopérera pas, car selon un proche du Président ivoirien, « Ouattara n’extrade pas ses amis », encore moins ses proches.
Affaire à suivre…

Eric Lassale