Burkina/ Fin de l’assaut contre les jihadistes d’AQMI: Au moins 27 morts, 4 jihadistes tués, 150 personnes libérées et 133 blessés

Par IvoireBusiness - Burkina/ Fin de l’assaut contre les jihadistes d’AQMI. Au moins 27 morts, 4 jihadistes tués, 150 personnes libérées et 133 blessés.

Soldat burkinabé à proximité de l'hôtel Splendid. De AFP.

Le gouvernement burkinabé a annoncé samedi vers la mi-journée, la fin de l’assaut des forces spéciales contre les terroristes jihadistes d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le bilan de l’assaut : Au moins 27 otages tués selon l’Ambassadeur de France, 4 jihadistes tués, 150 personnes libérées, et l33 blessés.

Pour rappel, l’hôtel Splendid, le restaurant Capuchino, et l’hôtel YIBI Le centre de la capitale burkinabé, Ouagadougou, ont été le théâtre d’une attaque terroriste revendiquée par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) vendredi soir.
En effet, dans la soirée du vendredi 15 janvier, 4 assaillants se sont retranchés avec des otages dans les étages supérieurs de l’hôtel Splendid après avoir mitraillé les terrasses de restaurants alentour. Plusieurs assauts des forces de sécurité locale ont eu lieu dans la nuit et la matinée.
Vers 9 h 30 (heure de Paris) le ministère de l’intérieur burkinabé, Simon Compaoré, a indiqué que les assauts étaient terminés sur le Splendid et le restaurant Cappuccino, mais qu’un autre assaut était en cours sur l’hôtel Yibi, situé en face du Splendid.

• Mitraillage des terrasses et prise d’otages au Splendid
Vendredi soir, les assaillants ont mitraillé le Taxi-Brousse et le Cappuccino et incendié des véhicules qui ont explosé avant de se retrancher dans l’hôtel Splendid, dont le lobby a par la suite pris partiellement feu. Des contrôles de sécurité étaient en place à l’entrée, mais n’ont pu empêcher l’irruption des assaillants vers 19 h 45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.
Un témoin interrogé par Le Monde a raconté que trois hommes encagoulés se sont introduits en début de soirée dans l’enceinte de l’hôtel, situé sur l’avenue Kwame N’Krumah une des principales artères de la ville. Le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes.
Le nombre exact de personnes présentes lors de l’attaque n’a pas été communiqué, mais, selon nos informations, le lieu devait être bondé : une réception de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) s’y déroulait. Le ministre de la fonction publique burkinais se trouvait dans l’établissement. Il a pu être libéré.
• Un bilan lourd et encore provisoire
Le ministre de l’intérieur burkinais a indiqué, samedi 16 janvier au matin, que « 126 personnes, dont au moins 33 blessées, ont été libérées et 3 djihadistes tués ». Il a également évoqué la mort d’au moins dix personnes sur la terrasse du café-restaurant Cappuccino, situé en face de l’hôtel Splendid.
Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a, lui, fait état d’un premier bilan global d’au moins « une vingtaine de morts ». Il a cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts « plus de Blancs que de Noirs ».
Gilles Thibault, l’ambassadeur de France au Burkina Faso, a déclaré sur son compte Twitter que l’attaque a fait 27 morts mais que « la nationalité des décédés (n’est) pas encore connue » et indique qu’« environ 150 personnes de 18 nationalités différentes (ont été) évacuées et traitées par le centre de soins primaire ». Contrairement à ce qui a été annoncé par un officier de la gendarmerie du Burkina, le diplomate français a déclaré que trois assaillants seulement, et non quatre, avaient été tués et qu’il n’y avait pas de femmes parmi eux.
• La France et les Etats-Unis en soutien
Selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), des tirs nourris ont commencé à se faire entendre samedi vers 5 heures locales (6 heures à Paris). Des échanges de tirs ont été entendus entre forces de sécurité et djihadistes au café-restaurant Cappuccino. Précédemment, les échanges de coups de feu étaient sporadiques.
Un QG a été établi à proximité de l’établissement afin de coordonner les opérations. L’électricité aux abords du lieu a été coupée.
Samedi matin, François Hollande, qui a dénoncé « l’odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou », a précisé que « les forces françaises apportent leur soutien aux forces Burkinabé ». A Paris, le ministère des affaires étrangères a donné des précisions sur le nombre de Français présents dans le pays : ils sont 3 915 à être enregistrés dont 3 034 à Ouagadougou, selon le porte-parole du Quai d’Orsay.

Les forces spéciales françaises sont épaulées par des militaires américains, indique un officiel à Washington, cité par l’agence AP. Le Pentagone a par ailleurs confirmé l’appui des Etats-Unis : « La France a réclamé un soutien immédiat ISR (surveillance aérienne, souvent assurée par des drones) et nous sommes en train de le mettre en œuvre », a détaillé un responsable de la défense.
• Revendication d’AQMI
L’agence de presse indépendante Alakhbar écrit qu’un membre d’AQMI lui aurait, de son côté, affirmé que « trente croisés » avaient été tués. AQMI a revendiqué l’attaque de Ouagadougou, précisant que l’attaque est menée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune.
Cette attaque survient un peu moins de deux mois après celle de l’hôtel Radisson Blu à Bamako, au Mali. Vingt-et-une personnes avaient été tuées dans une prise d’otages revendiquée par le même mouvement, Al-Mourabitoune, mené par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
• Le Burkina jusqu’alors épargné
L’événement est inédit dans la capitale burkinabé, même si le pays, membre du « G5 Sahel » consacré notamment à la lutte antiterroriste et « point d’appui permanent » de l’opération française Barkhane, a déjà été la cible d’opérations djihadistes. L’armée du pays a par ailleurs précisé dans la soirée de vendredi que le nord du territoire, près de la frontière avec le Mali, avait été la cible d’une première attaque dans la journée. Le « bilan provisoire » est de « deux morts, un gendarme et un civil, et deux gendarmes blessés, dont un grave ».

Mireille (Mimi) Kouamé avec Le Monde