Bernard Doza crache le feu: « Ouattara est un tigre en papier qui va bientôt fuir et rendre le pouvoir »

Le 29 octobre 2012 par IVOIREBUSINESS - De passage récemment à Paris dans un cadre purement familial, le journaliste, écrivain et homme politique ivoirien Bernard Doza, a bien voulu répondre aux questions d’Ivoirebusiness sur l’actualité dans son

pays, la Côte d’Ivoire. Une fois de plus, Bernard Doza a craché ses vérités crues au régime d’Alassane Dramane Ouattara, dont il annonce la chute imminente.

Ivoirebusiness: Bonjour M. DOZA, on ne vous entend plus, depuis presqu'un an. Pourquoi ce silence ? Et en plus, vous avez quitté la Côte d’Ivoire.

Bernard Doza (Journaliste, écrivain et homme politique ivoirien) et Christian Vabé (président du RPCI), récemment dans un grand hôtel parisien (octobre 2012).

Le 29 octobre 2012 par IVOIREBUSINESS - De passage récemment à Paris dans un cadre purement familial, le journaliste, écrivain et homme politique ivoirien Bernard Doza, a bien voulu répondre aux questions d’Ivoirebusiness sur l’actualité dans son

pays, la Côte d’Ivoire. Une fois de plus, Bernard Doza a craché ses vérités crues au régime d’Alassane Dramane Ouattara, dont il annonce la chute imminente.

Ivoirebusiness: Bonjour M. DOZA, on ne vous entend plus, depuis presqu'un an. Pourquoi ce silence ? Et en plus, vous avez quitté la Côte d’Ivoire.

B. DOZA: Un an après mon arrivée définitive en Côte d’Ivoire, je n’avais plus de soutien financier local pour mener le combat politique de l’après Gbagbo sur le terrain (surtout après l’assassinat de Désiré Tagro, par un soldat pro-Ouattara). Je suis donc sorti d’Abidjan le 23 mars 2012 en direction du Bénin (pour rester dans la sous-région).

IB: Et pourtant, certains pro-Gbagbo nantis sont restés à Abidjan. Ils auraient pu vous financer pour continuer le combat politique. Puisque c’est vous qui étiez en première ligne en attaquant frontalement Ouattara dans les médias de l’opposition, pour donner du courage à la gauche qui était « sonnée » depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011.

B.DOZA : Je suis un révolutionnaire. Et certains pro-Gbagbo, qui en réalité sont des « bourgeois compradore » ne veulent pas de la révolution. Donc mon discours radical, qui indisposait le pouvoir d’Alassane Ouattara (à cause de mon statut officiel de journaliste parisien), dérangeait encore plus la version « neutraliste » du FPI qui est restée sur le terrain. C’est un courant, « dit républicain », qui se bat pour l’existence sociale et politique du parti contre Alassane Ouattara, qui lorgne vers le Parti Unique. Sur la question de mon soutien financier, certains cadres du FPI ont avancé que mon « arrivée à Abidjan n’a été gérée que par le seul Laurent Gbagbo et son entourage (qui n’auraient pas consulté le parti). C’est même au domicile du ministre Amani N’guessan que j’ai dû signer l’engagement au propriétaire, de payer (dans le futur) les 6,8 millions de FCFA que me coûtait l’ensemble du loyer de l’appartement meublé, où m’avait logé Désiré Tagro, sur instruction du président Gbagbo, depuis le 20 mars 2011.

IB : Pourquoi les services de Bernard DOZA valent aussi chers, même à la Côte d’Ivoire, pour qu’on vous loge aux frais de la présidence ?

B.DOZA : Non parce que je ne suis pas le seul. Mais aussi comme on peut le constater, malgré les mauvaises langues, le président Gbagbo a prouvé à mes ennemis de Paris et d’Abidjan, qui en doutaient encore (à travers des dénigrements malveillants) que nous sommes amis, depuis 1983. Et si j’ai critiqué sa politique et son gouvernement, « C’est parce qu’il n’y a que moi seul qui pouvait le faire, pour avoir crû en lui et à son étoile dès décembre 1983, en le propulsant dans les médias parisien ». Et cela, il me l’a dit en face.
Et en plus, j’avais mis au point à Paris dès 1985, un système de conseil politique très spécial pour les opposants africains, vers la conquête et la conservation du pouvoir dans un pays de gestion néocolonial, pour rendre gorge aux différents intérêts en présence, qu’il a utilisé. Par exemple : Laurent Gbagbo a fait la révolution des idées au sein même de l’appareil de gestion néocolonial. Sans remettre en cause verbalement l’indépendance factice octroyée à la Côte-d’Ivoire en 1960, il a pris le colonisateur au mot en se positionnant dans la fonction de l’indépendance véritable. C’est une démarche politiqu, du fait accomplit. Ainsi, sans déclarer la guerre à la France (qui était nichée derrière la rébellion des pro-Ouattara), il a continué jusqu’au bout à nier dans les faits, sans le dire ouvertement, l’existence de l’état néocoloniale, obligeant ainsi l’armée occidentale à venir en 2011 dans le combat de la restauration, montrant ainsi à l’Afrique entière au-delà des mots, les limites de l’indépendance de 1960. Ces sont des choses qui ont énervé l’impérialisme (la France et l’Amérique réunie). Parce que dans les pays occidentaux, on considère que la matière grise (c'est-à-dire la réflexion de pointe) n’appartient qu’à l’homme blanc. Laurent Gbagbo a simplement exécuté un concept qui aurait pu conduire à la première révolution anti-coloniale de l’Afrique noire, si les chefs de son armée et certains leaders patriotes n’avaient pas été achetés par l’adversaire pour fuir le combat en quittant Abidjan, deux semaines avant son arrestation par le commando de l’état français.
C’est de la science politique. Et c’est nous qui l’avons inventé…C’est pour cela que Gbagbo m’a fait rentrer à Abidjan, quant il était entouré par l’ennemi occidental, en février 2011.

IB: Mais les journaux du PDCI ont écrit que Gbagbo ne t’avait pas reçu en audience en 2011?

B.DOZA : Ah oui ! les journaux du PDCI ont-ils vraiment cherché et diffusé la véritable information ? Non. Parce que ce ne sont pas des journalistes, mais des militants. Car il n’ont repris que ce que moi-même j’avais déclaré dans la presse lors de ma première interview au journal ivoirien « Aujourd’hui », pour brouiller les pistes. Parce qu’en politique, il ya des choses qu’on ne dit pas. Ils ne savent pas lire entre les lignes, parce qu’ils manquent de formation. Et c’est d’ailleurs un journaliste du PDCI qui a écrit dans « Le Nouveau Réveil » (au mois de mars 2012), en prévenant Alassane Ouattara, que « j’ébruitais des scénarios qui allaient vers le renversement des institutions de la République ». Voilà aussi pourquoi j’ai quitté la Côte d’Ivoire le 23 mars 2012, en attendant que passe la tempête de la délation. Donc en novembre prochain, je retourne à Abidjan pour continuer le combat médiatique contre la dictature tribale qui inonde mon pays.

IB : Comment faites-vous pour échapper à Ouattara alors que pour moins que cela, des pro-Gbagbo sont arrêtés et jetés en prison ?

B.DOZA : J’ai plusieurs fois répondu à cette question, mais comme vous insistez je dis ceci: Ouattara me voit, il me connaît depuis les années 80 dans le combat médiatique contre Félix Houphouët-Boigny, son maître. Posez-vous la question: Comment j’ai survécu à la dictature du parti unique? Malgré tout ce que j’ai dit au micro de Tropic’Fm radio contre le PDCI depuis 1983, et ce que j’ai écrit dans mon livre « Liberté Confisquée » en 1991, dont des chapitres sur sa naissance et son affiliation douteuses avaient complètement ridiculisé le président ivoirien sur la place de Paris?
Alors que Félix Houphouët faisait tuer des personnes aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en France (comme ce français retrouvé mort assassiné à Saint-Tropez, dans le sud de la France, pour avoir enlevé et séquestré son neveu, l’ancien ministre Ahousou Koffi, dans l’affaire du Waffou).
Entre 1988 et 89, le président de Côte d’Ivoire est « très blessé par le tapage médiatique » qui a suivi sur Tropic’FM, le « retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire ». Alors, il a envoyé plusieurs personnes en mission à Paris pour chercher à me capturer. Il était question de m’enlever, de m’endormir, pour m’emmener à Yamoussoukro dans un cercueil, qui devait servir de soubassement dans la tombe du président une fois décédé, c’est la tradition Akan. Ils ont même approché un de mes cousins, qui les a emmenés dans un restaurant où j’étais assis. Ils ne m’ont jamais trouvé. Et pourtant, j’habitais à la MECI. Et quand finalement il a réussi à m’emmener devant lui en juin 1993 à la rue Masseran, c’est pour insulter les bété, sans plus.
Je n’ai pas de fétiches, c’est Dieu. Dans la vie, il y a des hommes qu’on ne touche pas si on veut vivre longtemps. C’est comme dans la brousse, il y a des animaux qu’on ne mange pas. C’est la loi de la nature, et Ouattara le sait. Nous sommes dans une bataille qui a plusieurs visages.

IB: Que penses-tu de la situation actuelle de la Côte d’Ivoire ?

B.DOZA : Alassane Ouattara se bat pour affirmer son pouvoir auprès de la communauté internationale qui l’a élu, dans les bombardements des hélicoptères français comme « Président de la Côte-d’Ivoire ». Aujourd’hui, il a en face de lui sur le terrain militaire, des « actions nébuleuses » qui frappent les FRCI. Donc déboussolé, il arrête et emprisonne des citoyens innocents à tout va. Et à ce propos je dis que les mouvements ou groupes, auteurs de ces actions gagneraient à se faire connaître. Car le manque de visage sur des actions militaires de commandos politiques, arrange certains opposants qui (en sous-mains) se les attribuent et officiellement, démentent en être les auteurs. Il faut avoir le courage de revendiquer les actes politiques que l’on pose. Sinon, on apparaît comme un terroriste et la noblesse du combat disparaît. Moi, contre le régime dictatorial d’Alassane Ouattara, je refuse d’apparaître comme un terroriste, encore moins comme un opposant en exil. Car si on a combattu le grand Houphouët qui est tombé comme un fruit pourri en Mars 1990, Konan Bédié et le général Robert Guéï, qui ont rendu le tablier du pouvoir, je ne quitterai pas la Côte d’Ivoire à cause d’Alassane Ouattara, qui est pour moi un tigre en papier, qui joue à se faire peur. Vous verrez, c’est un homme qui va fuir et rendre le pouvoir bientôt, pour aller exercer ses talents néfastes au FMI, qu’il n’aurait jamais dû quitter.

IB: Pourquoi êtes-vous monté à Paris il ya quelques jours? On a parlé d’une « réunion au sommet de l’opposition nationaliste et radicale », où un chef politique a été élu pour conduire « la guerre de libération de la Côte d’Ivoire », contre le régime d’Alassane Ouattara. Qu’en savez-vous ?

B.DOZA: Je ne suis pas au courant. Je suis venu à Paris pour voir mes enfants, que j’ai quittés depuis janvier 2010. Mais si effectivement une telle réunion pour la libération de la Côte d’Ivoire a vraiment eu lieu, je ne peux que l’encourager. Car l’arrogance actuel du pouvoir, qui use de violence au quotidien, appelle tout ivoirien authentique à s’armer contre l’occupation de notre pays par les forces militaires de l’étranger.

I.B: Quel est ton avenir politique aujourd’hui, où as-tu abandonné la lutte?

B.DOZA : La question de mon avenir politique dans une Côte d’Ivoire occupée n’a pas de sens. Dans la mesure où le pays lui-même n’existant plus depuis l’arrivée violente d’Alassane Ouattara au pouvoir, penser à un avenir politique sous l’occupation, c’est accepter la collaboration avec l’ennemi. Et ceux qui le feront passeront devant le jugement du peuple, au lendemain de la libération nationale.

IB: Alassane dit qu’il est indéboulonnable, qu’en pensez-vous ?
B.DOZA: Je ne minimise jamais les propos d’Alassane Ouattara car c’est un homme violent qui a toujours tenu parole dans toutes les menaces qu’il a adressées au peuple de Côte-d’Ivoire, depuis 1999. Je le prends tellement au sérieux que j’appelle les nationalistes ivoiriens à s’organiser dans l’action politique et militaire, pour le déboulonner et le renvoyer bientôt, vers ses maîtres de la finance internationale.

IB : Que pensez-vous des pro-Gbagbo qui sont en exil au Ghana et ailleurs?

B.DOZA : Je leur demande de financer la lutte. Des jeunes gens se battent sur le terrain militaire à Abidjan depuis un an, sans moyens, même pour manger. Alors que le pouvoir de Laurent Gbagbo a enrichi des personnes qui étaient à des postes importants de responsabilités, et le peuple ivoirien les connaît. Certains vivent encore aujourd’hui dans un luxe insolent à l’étranger, là où des ivoiriens pauvres triment dans des camps de réfugiés, à Accra, Lomé, à la frontière du Libéria. Et aux dernières nouvelles, on apprend que non seulement ces milliardaires refusent le financement de la lutte de libération, mais ils ne veulent même pas qu’on y associe leur noms. « Ce sont des hommes et femmes qui veulent aller au paradis sans mourir… », comme me le disait récemment un ami de la lutte. Car dit-il, « Ils veulent la liberté de la Côte d’Ivoire sans payer le prix de la liberté… ». Et surtout, si cette liberté nouvelle ne leur apporte pas le pouvoir à eux et à leurs amis.
Ainsi chaque semaine, on apprend la formation « d’un nouveau gouvernement en exil » au Ghana avec un chef militaire, prêt à prendre le pouvoir à Abidjan.
Pendant que d’autres répandent l’idée d’une guérilla interne qui opposerait pro-Soro contre pro-Ouattara, tout en étant dans une logique générationnelle. Une logique qui voudrait la victoire militaire de Soro contre Ouattara. Et qui amènerait Guillaume Soro vainqueur du chef de l’Etat Alassane Ouattara, donc devenant le nouveau chef de l’Etat, à constituer un gouvernement composé d’anciens de la FESCI, avec même un Fesciste pro-Gbagbo comme Premier ministre. C’est un plan dans des plans. Voilà pourquoi sur le terrain, on constate une trahison permanente de la lutte de libération de la Côte d’Ivoire par « certains groupes militaires » dits pro-Gbagbo, qui arrêtent de jeunes combattants de la liberté (parce qu’ils ne les contrôlent pas) et les remettent au FRCI.

I.B: Vous qui avez vécu la guerre contre la Côte d’Ivoire de Gbagbo depuis Abidjan, que pensez-vous de la direction actuelle du FPI à Abidjan ?

B.DOZA: C’est une direction qui cherche son existence. En refusant l’affrontement avec le régime, elle veut maintenir le parti en vie. Car Alassane Ouattara qui lorgne vers le parti unique, recherche la dissolution du FPI. Et à ce niveau, le chien de garde Hamed Bakayoko et ses sbires ne ratent aucune occasion d’incriminer le parti de Gbagbo d’être derrière toutes les opérations militaires contre la dictature. Ce qui en réalité n’est pas vrai. Ce sont des hommes et des femmes qui luttent à l’intérieur, dans le ventre du serpent contre le serpent. Il faut les soutenir, quelque soit ce qu’on en pense…

IB : Merci Bernard Doza

Propos recueillis à Paris par Catherine Balineau