ASSASSINATS MANQUES DE DIGNITAIRES DU RÉGIME OUATTARA : QUI TIRE SUR LES DG ?

Le 17 mars 2013 par L’Intelligent d’Abidjan- Attaques des DG de l’Ecole de Police et de l’ENS. Voici les mobiles et le mode opératoire.

Les deux attaques ciblées contre des citoyens et personnalités, l’une visant le DG de l’Ecole de Police, et l’autre le DG de l’ENS (Ecole Normale Supérieure), suscitent des inquiétudes et soulèvent des interrogations sur les mobiles des assauts, ainsi que sur le profil de ceux qui pourraient les avoir perpétrées.
LE DG DE LA POLICE n’était pas dans un véhicule de très grand luxe. La BMW X3 qu’il conduisait n’est pas un véhicule rare, ni prisé au point de justifier une attaque. De plus, ce véhicule criblé de balles, a été laissé sur place. Difficile, dans ces conditions, de soutenir qu’il s’agit d’un braquage ordinaire, avec des mobiles financiers et mercantiles. Les mêmes mobiles financiers et matériels peuvent être écartés au sujet de l’attaque contre le DG de l’Ens.
Les braqueurs savent qu’ils commettent déjà une infraction quand ils vont voler. Les individus volent pour se procurer ce qu’ils n’ont pas, et pour essayer d’avoir une vie meilleure. En tuant, le braqueur sait qu’il commet un double crime et qu’il transforme ce qui peut être un simple délit en crime, ou plutôt tombe sous le coup d’un double crime, lorsque le vol est à main armée. En général, le braqueur cherche à tuer quand sa propre vie est menacée ou quand il y a risque qu’il soit reconnu et dénoncé. Le braqueur ne tire pas de façon préméditée, ni immédiate sur sa victime. Dans les deux attaques contre les DG de l’Ecole de Police et de l’Ecole normale supérieure (ENS), les informations recueillies indiquent bien que les auteurs présumés, ne cherchent pas à dépouiller leurs victimes. Les mobiles sont ailleurs.
S’agit-il de simples règlements de compte, ou de représailles ? La Police fait son enquête. L’oeil profane peut cependant se permettre de ne négliger aucune piste. Certains interlocuteurs, à voix basse, et presqu’en toussant, suggèrent que le mobile politique peut être une des causes des attaques. “En l’absence d’une revendication claire qui peut mettre à nu les instigateurs et permettre de remonter à eux, grâce aux moyens actuels de traçabilité , rien ne permet certes, de dire clairement que les attaques sont motivées par le souci de créer un climat de terreur et de psychose, visant à montrer que les autorités ne maîtrisent pas le terrain et visant à retarder le retour des investissements, pour faire échouer la reconstruction du pays. Toutefois cet objectif que les commanditaires n’osent pas assumer est un message politique visant à dire: libérer X et Y, relancer le dialogue.
Il est clair que même le Fpi ne peut endosser une telle revendication, encore moins le Président Ouattara, lui qui a dit qu’il ne cédera rien à l’opposition sous la pression de la violence et des attaques armées. Cependant les experts en intelligence et en sécurité, ne doivent exclure aucune piste”, conseille un observateur averti. Face à cette situation et à cette menace à la fois terroriste et sécuritaire, qui ne dit pas son nom, quelle est la meilleure réponse, lui demandons-nous ? Il répond: “Il s’agit de poursuivre la présence du CCDO (Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles) sur le terrain, en renfort aux actions classiques sur le terrain, notamment le renforcement des moyens mis à la disposition des commissariats, qui sont les plus petites unités opérationnelles. De plus, il faut déjà songer à trouver des QG alternatifs pour le CCDO, dont le QG central et principal peut être la cible des attaques, visant à le neutraliser, et à le rendre non opérationnel. Un peu comme la RTI, est la cible des attaques. Par exemple, au lieu d’identifier toutes les caméras et de chercher à les neutraliser, il peut être plus facile de mettre en difficulté le QG central. Vous voyez, pendant la crise, le camp Gbagbo avait eu sa régie mobile en dehors de la RTI.
Le CCDO, a dû déjà envisager un tel schéma. A côté des dispositions techniques et sécuritaires, la seconde réponse réside dans le dialogue politique, dont le succès rapide, ôtera tout prétexte, et surtout évitera la radicalisation dans les attaques. Une radicalisation peut par exemple, conduire les auteur, à agir en pleine journée comme les kamikazes, en étant prêts à en payer le prix par leur vie. Mais, nous ne sommes pas encore là, heureusement.” Simples règlements de compte et simples représailles de personnes frustrées et aigries, révolte d’éléments en armes ayant combattu pour la chute de l’ex- Président, ou assauts d’ex-Fds pro-Gbagbo, qui agissent ainsi pour semer la peur et la colère dans le peuple, à défaut d’avoir la capacité de renverser le pouvoir Ouattara? Les spéculations vont bon train, et devraient conduire les autorités ivoiriennes à redoubler de vigilance, aussi bien en termes de réponse technique et stratégique, qu’au niveau de la riposte et de l’initiative politiques.

Charles Kouassi

NB: Le titre est de la rédaction.

EN CÔTE D’IVOIRE, LE PHÉNOMÈNE DES TIREURS EMBUSQUES INQUIÈTE

Le 17 mars 2013 par XINHUA ABIDJAN – Des habitants d’Abidjan s’inquiètent du phénomène des tireurs embusqués qui a cours ces derniers jours dans la capitale économique ivoirienne, a constaté Xinhua.
Dans la nuit de mardi, le directeur général de l’école de police de Côte d’Ivoire, le général Alain Yao Brou, était tombé dans une embuscade tendue par des hommes armés dans le quartier chic de Cocody.
Dans la nuit de vendredi, le directeur général de l’Ecole normale supérieure (institut de formation des enseignants de Côte d’Ivoire), Valy Sidibé, a été également la cible de tirs d’homme armés embusqués et celui-ci a aussi été gravement blessé.
Plusieurs habitants ont été intrigués par ces faits répétés, et surtout par le mode opératoire utilisé par les tireurs.
« Apparemment, ces individus suivent leur cible et ouvrent le feu sur elle, ou alors ils connaissent son itinéraire et le coincent dans un piège », fait remarquer un sous-officier de police.
« Nous pensions au départ à des braqueurs mais le fait qu’ils disparaissent après leur forfait sans voler quoique ce soit montre que ce sont des personnes qui ont une autre intention », ont noté Ghislain Eba et Laurenne Tano, deux étudiants habitant le quartier de Yopougon (ouest d’Abidjan).
Ces habitants rappellent par ailleurs qu’il n’y a pas que des cibles civiles dans le viseur des tireurs, car les mois précédents, des soldats en faction dans des postes de contrôle et des commissariats ont été également victimes de ces inconnus armés.
LE CCDO A L’ÉPREUVE
La mise en place récente d’une unité spéciale de lutte contre les actes subversifs et la grande criminalité apporte toutefois un brin d’espoir.
Lundi, le chef de l’Etat ivoirien avait présidé la double cérémonie d’installation officielle et de remise de matériel roulant au Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO).
« Avec ce centre, nous aurons une surveillance rapprochée dans la ville d’Abidjan, divisée en cinq districts. Cette opération sera menée par des patrouilles mixtes de gendarmes, policiers et militaires sous la supervision des officiers supérieurs des différents corps », avait expliqué le chef de l’Etat.
Pour M. Ouattara, il s’agit d’une opération d’urgence qui devrait ramener la sécurité, la sérénité et la tranquillité au sein des populations ivoiriennes.
Le CCDO qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux se trouve ainsi mis à l’épreuve, avec ce phénomène des tireurs embusqués que les populations espèrent voir enrayé au plus tôt.

XINHUA