Après sa sortie sur Rti1 à propos de sa gestion de l’Etat: Ouattara encore loin derrière Gbagbo

Le 02 avril 2012 par Notre voie - Le chef d’Etat ivoirien a répété, le vendredi 30 mars, dans une interview sur la première chaîne de télévision RTI 1, qu’en moins d’un an d’exercice effectif du pouvoir, il a réalisé

ADO interviewée par Brou Aka Pascal (RTI) et Agnès Kraidy (Fraternité matin).

Le 02 avril 2012 par Notre voie - Le chef d’Etat ivoirien a répété, le vendredi 30 mars, dans une interview sur la première chaîne de télévision RTI 1, qu’en moins d’un an d’exercice effectif du pouvoir, il a réalisé

des performances que Laurent Gbagbo n’a pu faire en 10 ans. Et que pendant dix ans le pays n’a pas été géré. Refusant ainsi d’admettre que les résultats sur lesquels il tente, vainement, de construire, sont le fruit du travail de son prédécesseur.
C’est une Côte d’Ivoire divisée en deux et baignant dans un environnement totalement hostile que Laurent Gbagbo a dirigée ces 8 dernières années. A peine avait-il réussi, les 2 premières années de son mandat, à obtenir le retour des bailleurs de fonds qu’une rébellion éclate dans le Nord du pays en septembre 2002.

Une rébellion

Malgré cet état de fait, c’est pendant cette période difficile que la Côte d’Ivoire a écrit ses plus belles pages de son histoire. A juste que l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, alors porte-parole du candidat de la Majorité présidentielle (LMP), déclarait souvent lors des rencontres politiques: «Gbagbo est un homme d’ouverture et le père de la démocratie, qui est le socle de l’unité nationale». Alassane Dramane Ouattara aurait dû le comprendre ainsi lorsque des millions d’Ivoiriens, de toutes les couches socioprofessionnelles et de toutes les origines, ont désigné son adversaire politique pour porter leur espoir lors des dernières présidentielles de 2010. Ils ont reconnu notamment en lui un combattant pour la souveraineté et l’indépendance de leur pays. Et même de l’Afrique.
Et pour cause. Les observateurs de la vie politique ivoirienne ne peuvent pas passer sous silence le passage de l’actuel chef de l’Etat ivoirien à la Primature sous feu le président Félix Houphouët-Boigny de 1990 à 1993. Au cours de cette période, la Côte d’Ivoire a connu ses plus mauvaises contre-performances au plan macroéconomique. Le PIB était de -1,2% en 1990 et de -0,6 % en 1992. Au passage du président Henri Konan Bédié à la tête de l’Etat, le PIB de 1994 à 2000 est monté à 7 % à cause de la dévaluation du FCFA. Avant de retomber à -6 % en 1999. Le général Robert Guéi laissera le pays avec un PIB de -3 % en 2000 quand il abandonnait le pouvoir. En revanche sous le Président Laurent Gbagbo, le stock de la dette qui était de plus de 6.400 milliards quand il prenait le pouvoir en octobre 2000, a été ramené à 4.000 milliards avant les joutes électorales de 2010. Au moment des élections en octobre 2010, la Côte d’Ivoire avait un taux de croissance du PIB de près de 4%. C'est-à-dire qu’entre 2000 et 2010, nous avons fait un bond de 7 points. Simplement parce que le cadre macroéconomique était devenu plus dynamique et plus sain. Il attirait beaucoup plus les investisseurs. Les raisons sont les suivantes. Sous le président Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire innove en matière de bonne gouvernance. Elle va initier les premiers appels à candidature pour désigner les directeurs généraux des régies financières. A savoir le Trésor public, les douanes et les Impôts. Les ministres Charles Diby Koffi et Gnamien Konan devraient considérer comme injures les propos de l’actuel chef de l’Etat ivoirien Alassane Dramane Ouattara, mettant en doute la bonne gouvernance sous le régime de Laurent Gbagbo. Ils en sont des exemples palpables. Ils avaient été choisis sur leur valeur intrinsèque et non sur leur appartenance ethnique ou politique. Les deux personnages étaient en ce moment-là des militants attitrés du vieux parti, le PDCI-RDA. Alassane Dramane Ouattara ne peut donc pas parler de mauvaise gouvernance sous Laurent Gbagbo sans également froisser ses propres partisans. Le Rassemblement des républicains (RDR), puis ses démembrements dans la rébellion, ont participé à la quasi-totalité des gouvernements mis en place sous Laurent Gbagbo jusqu’aux dernières élections présidentielles. Mieux, alors que la rébellion pouvait toujours s’enorgueillir d’occuper plus de 60 % du territoire national, les fonctionnaires ivoiriens n’ont pas manqué un seul mois de salaire. Ils ont aussi vu des changements notables dans leurs différents statuts. Plusieurs agents de l’Etat ont ainsi été décrochés. Tout comme il existe désormais en Côte d’Ivoire un statut particulier pour les anciens chefs d’Etat, présidents d’institutions de la République et autres hauts fonctionnaires grâce à Laurent Gbagbo. Il y a même que les rebelles qui disaient avoir pris les armes au nom de M. Alassane Dramane Ouattara, qui ont également bénéficié du fruit du travail du président Laurent Gbagbo. Ils s’en sont mis plein les poches quand ils occupaient la partie septentrionale du pays par les armes. C’est au cours de cette période toujours difficile que plus de 1.000 villages ont été électrifiés en Côte d’Ivoire. Aussi bien dans le Nord, le Centre que dans le Sud. A l’Est comme à l’Ouest. Un record que n’a pas pu atteindre malheureusement le PDCI-RDA en 40 années de règne sans partage de 1960 à 2000. Et si les promesses de campagne présidentielle de l’actuel chef de l’Etat ivoirien tardent à se concrétiser, c’est justement qu’il avait fondé tous ses espoirs sur l’initiative des Pays pauvres très en endettés (PPTE). Malheureusement, il ne sait pas par quel bout prendre les choses parce qu’il s’agit de toute une procédure que ses hommes ne maîtrisent pas. Alors que le point de décision avait déjà été atteint par Laurent Gbagbo et son équipe, Alassane Ouattara espérait que la France, les Etats unis et l’Union européenne l’aideraient à vite arriver au point d’achèvement. Celui-ci était attendu pour le mois de mars 2011.
L’honnêteté recommande que l’on reconnaisse au lièvre qu’il court vite. Même si on ne l’aime pas. Le président Gbagbo a trop fait pour son pays. Il reste, pour l’instant, le meilleur des chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête de la Côte d’Ivoire.

Robert Krassault

Où sont les 50 mille emplois de Ouattara ?

Allassane Ouattara, chef de l’Etat ivoirien en poste depuis le 11 avril 2011 après le renversement du président Gbagbo, a affirmé vendredi, lors d’une interview accordée à la RTI, qu’il a créé 50 mille emplois depuis son arrivée aux affaires. Une seule et invariable question a traversé l’esprit des Ivoiriens après cette affirmation qui n’honore pas le gouvernement, encore moins son auteur. «Mais où sont ces emplois qu’il dit avoir créés ?» Comme s’est interrogé ce directeur des ressources humaines d’une importante société privée de la place, plusieurs autres concitoyens ont cherché à savoir si l’auteur des affirmations en question parle de ce qu’il aurait fait sur une autre planète ou de ce que tout le monde voit ici en Côte d’Ivoire. Pour la simple raison que les 50 mille emplois déclarés n’ont aucune trace sur le terrain du travail. Du coup, cela relève d’une grotesque fiction. Conscient certainement que sa déclaration n’a rien avoir avec la vérité, Ouattara se garde soigneusement de dire dans quel secteur d’activité, il a créé ses invisibles 50 mille emplois qui, s’ils existaient effectivement, ne devraient pas être invisibles. Car même un seul emploi créé, est toujours visible. Dans la mesure où le créateur de l’emploi et le bénéficiaire s’en enorgueillissent toujours bruyamment. Par contre, en 10 mois, correspondant au temps de Ouattara au pouvoir, 200 mille travailleurs du privé et du public ont été jetés à la rue. Tout le monde le sait. Les structures dont les employés ont perdu leurs emplois son bien connues. La présidence de la République, le Conseil économique et social, la Sotra, la RTI, l’Anader et le Port autonome d’Abidjan. La liste n’est pas exhaustive. De quoi parle au juste Alassane Ouattara ?
Veut-il parler des individus de son bord recrutés dans le cadre de sa politique de «rattrapage» ? Ou bien des balayeuses sans salaires, des ouvriers de la réfection des routes et des étudiants transformés en manœuvres ?
Même là encore, ces emplois précaires ne peuvent atteindre le chiffre mensonger et ridicule de 50 mille emplois avancés. Ouattara doit avoir le courage d’assumer les licenciements à la pelle enregistrés sous lui en un temps record, sous la dictée de ses soutiens extérieurs qui l’ont porté au pouvoir par effraction.
L’homme est contraint de se plier aujourd’hui à la volonté de ces derniers, sous peine d’être privé de la dette extérieure. C’est-à-dire que, Ouattara fléchit là où Gbagbo a tenu tête aux bailleurs de fonds, en misant sur les recettes nationales pour préserver les emplois.

Félix Teha Dessrait dessrai@yahoo.fr

Le chef de l’Etat confus

«Ce sont des questions complexes. Il faut du temps pour bien les régler». Cet aveu de taille d’Alassane Ouattara quant à son incapacité à résoudre la question du désarmement des Frci démobilisées est éloquent. Au cours de l’interview, le nouvel homme fort d’Abidjan, a reconnu implicitement que les Frci sont la cause principale de l’insécurité. Car, ce sont ces forces pro-Ouattara qui circulent partout et sont les seules à posséder les armes. Quel bandit peut-il détenir une lance-roquette si ce n’est un élément Frci ? Selon des sources pénitentiaires, à la Maison d’arrêt et de correction de Bouaké, l’on dénombre plus de 200 détenus issus des rangs des Frci pris en possession de kalachnikovs et souvent de lance-roquettes. Ceux-ci opèrent à visage découvert lors des attaques sur les routes. «Nous sommes dans une insécurité totale à Bouaké où, dans chaque maison, il y au moins une kalachnikov gardée par les ex-rebelles devenus Frci. Ce sont les com zones et surtout Soro Guillaume, chef de la rébellion, à qui obéissent sans broncher ces hommes, qui peuvent les désarmer et les encaserner, sinon tout ce qui se passe est du bluff», a indiqué un haut responsable de l’appareil judiciaire. Outre ce fait, des sources avancent que cette situation d’insécurité sur tout le territoire national est voulue par ceux qui veulent prendre en otage les populations face aux troubles qui pourraient survenir. Après avoir imputé les problèmes d’insécurité à ceux qu’il qualifie de «faux Frci», Alassane Ouattara laisse plus d’un perplexe lorsqu’il soutient qu’il est incapable de distinguer le faux du vrai de ses éléments. « Je ne peux pas le faire parce que des uniformes ont été volés pendant cette crise », tente-t-il maladroitement de se justifier. Mais, il s’y prend mal. Puisqu’il est de notoriété publique que ce sont les ex-rebelles devenus Frci qui ont attaqué et pillé les édifices militaires dans leur progression.
En clair, face à la question récurrente de l’insécurité qui hante les nuits des Ivoiriens, Alassane Ouattara n’a aucune solution. Il s’embourbe même en prenant directement le portefeuille de la Défense.
Alassane Ouattara a-t-il peur de son ombre ? Assurément. La gestion de la sécurité des Ivoiriens doit être l’affaire des professionnels réputés, aguerris et intellectuels. Ce n’est pas en nommant des chefs de guerre inexpérimentés et d’un bas niveau d’instruction que l’on pourra résoudre l’épineux problème de la sécurité. Il n’y a pas de honte à tester les stratégies sécuritaires déployées sous le président Gbagbo. Par exemple, le Cecos qui a fait ses preuves pour ramener la quiétude et la sérénité au sein des populations. En attendant, les Ivoiriens doivent subir à leur corps défendant les nombreuses agressions à mains armées, les enlèvements et les assassinats.

Didier Kéi