Afrique du Sud : Le monde rend hommage à Nelson Mandela, « un héros de notre temps »

Par Le Monde - Le monde rend hommage à Nelson Mandela, « un héros de notre temps ».

L'annonce de la mort de Nelson Mandela, ancien président sud-africain et Prix Nobel de la paix qu'on savait en mauvaise santé depuis de nombreux mois, a suscité de nombreuses réactions très émues partout dans le monde.

Dans son pays, l'Afrique du Sud, où il était une icône, l'actuel président Jacob Zuma s'est exprimé à la télévision :
« Notre bien-aimé Nelson Mandela, le président fondateur de notre nation démocratique, nous a quittés. Il est mort en paix entouré de sa famille aux environs de 20 h 50 le 5 décembre 2013. Il repose maintenant en paix. Notre nation a perdu son plus grand fils. Notre peuple a perdu un père. Même si nous savions que ce jour viendrait, cela n'enlève rien à notre sens d'une perte profonde et durable. Son combat infatigable pour la liberté lui a valu le respect du monde. Son humilité, sa compassion et son humanité lui ont valu leur amour. »

L'Afrique du Sud et le monde ont perdu un colosse, un modèle d'humilité, d'équité, de justice, de paix et d'espoir avec la disparition de Nelson Mandela, a dit le Congrès national africain (ANC) dans un communiqué. « Sa vie nous donne le courage d'aller de l'avant dans le développement et la lutte contre la faim et la pauvreté », ajoute-t-il.
Le dernier président blanc sud-africain, Frederik De Klerk, a estimé vendredi que son successeur, qu'il avait fait sortir de prison et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix 1993, était « une inspiration pour le monde entier ». « Je crois que son exemple lui survivra et qu'il continuera à inspirer tous les Sud-Africains, pour réaliser sa vision de société multiraciale, de justice, de dignité humaine et d'égalité pour tous », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a rendu un hommage appuyé à Nelson Mandela, premier président noir de l'Afrique du Sud, saluant un homme « courageux, profondément bon ». « Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus », a déclaré M. Obama depuis la Maison Blanche. Le président américain a ensuite ordonné de mettre les drapeaux américains en berne jusqu'à lundi soir pour honorer la mémoire de M. Mandela.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué en Nelson Mandela « une source d'inspiration » pour le monde. « Nous devons nous inspirer de sa sagesse, de sa détermination et de son engagement pour nous efforcer de rendre le monde meilleur », a-t-il déclaré à la presse au siège de l'ONU.

HOMMAGE EUROPÉEN

Nelson Mandela était « l'une des plus grandes figures politiques de notre temps » et le symbole de la lutte contre le racisme, ont estimé le président de l'UE, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
Le président français, François Hollande, a rendu hommage jeudi soir à Nelson Mandela, voyant en lui « un résistant exceptionnel », « un combattant magnifique », selon un communiqué de l'Elysée. Nelson Mandela a été « l'incarnation de la Nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l'Afrique », déclare le président français. Il a également décidé la mise en berne des drapeaux en France pour honorer la mémoire de l'ex-président sud-africain. « C'est toute l'humanité qui est en deuil. La France participe à ce deuil. Elle est aux côtés des Sud-Africains qui aujourd'hui pleurent ce grand homme », a déclaré pour sa part le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, en visite officielle en Chine.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a salué vendredi la mémoire de Nelson Mandela, un « nom pour toujours associé au combat contre l'oppression de son peuple », selon un communiqué. « Tant d'années en prison n'avaient pas pu briser Nelson Mandela ou le rendre amer, a souligné la chancelière. Et de son message de réconciliation est née une nouvelle, une meilleure Afrique du Sud. »
Le premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré jeudi qu'« une grande lumière s'est éteinte ». « Nelson Mandela était un héros de notre temps. J'ai demandé que le drapeau soit mis en berne au no 10 » de Downing Street, a-t-il précisé sur son compte Twitter. « La reine a été profondément attristée d'apprendre la mort de Nelson Mandela la nuit dernière. Il a travaillé sans relâche pour le bien de son pays. Son héritage est l'Afrique du Sud pacifiée d'aujourd'hui », a indiqué la reine Elizabeth II selon un communiqué du palais de Buckingham. Le prince Charles a également rendu hommage au héros de la lutte anti-apartheid, « l'incarnation du courage et de la réconciliation. Le monde a perdu un dirigeant inspiré et un grand homme ». Jeudi soir, son fils le prince William, avait qualifié d'« extrêmement triste et tragique » la mort de Nelson Mandela, juste après avoir assisté à la première à Londres d'un film consacré à la vie de l'ancien président sud-africain.
Dans un télégramme au président sud-africain, Jacob Zuma, le pape François « salue l'engagement constant montré par Nelson Mandela pour promouvoir la dignité humaine de tous les citoyens de la nation et forger une nouvelle Afrique du Sud basée sur les fermes fondations de la non-violence, de la réconciliation et de la vérité ».
Le président russe Vladimir Poutine a « adressé ses condoléances après le décès de Nelson Mandela, dirigeant de l'Afrique du Sud pendant de longues années et un des hommes politiques éminents de notre époque ». « Mandela, qui a surmonté les épreuves les plus difficiles, est resté fidèle à ses idéaux d'humanisme et de justice jusqu'à la fin de ses jours, a ajouté M. Poutine. Le nom de Mandela est lié à toute une époque de l'histoire moderne de l'Afrique, marquée par la victoire sur l'apartheid et la construction d'une Afrique du Sud démocratique. »

« SYMBOLE DE LA LIBÉRATION DU COLONIALISME »

Benyamin Nétanyahou, chef du gouvernement israélien, a jugé que « Nelson Mandela était le personnage le plus honorable de notre époque. Il était le père de son peuple, un homme avec une vision, un combattant de la liberté qui avait rejeté la violence ».
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a salué jeudi soir en Nelson Mandela « un symbole de la libération du colonialisme et de l'occupation pour tous les peuples aspirant à la liberté ». « C'est une grande perte pour tous les peuples du monde et pour la Palestine », a affirmé M. Abbas, qualifiant M. Mandela de « plus courageux et plus important des hommes qui nous ont soutenus ».
Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a décrété trois jours de deuil pour la mort du leader sud-africain. « Un autre géant des peuples du monde s'en va. (...) Madiba, tu es vivant pour toujours ! » a écrit le président sur son compte Twitter. M. Maduro a souligné que la mort de Nelson Mandela est intervenue exactement neuf mois après le décès de l'ex-président du Venezuela Hugo Chavez.
Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff a elle aussi déploré le décès de l'ancien président sud-africain. « L'exemple de ce grand dirigeant guidera tous ceux qui luttent pour la justice sociale et la paix dans le monde », a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué officiel.
Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, a salué en Nelson Mandela l'un des « plus grands libérateurs » de l'histoire et « une icône de la vraie démocratie », dans un message de condoléances à l'Afrique du Sud. « L'humanité tout entière se souviendra toujours de Mandela et lui rendra hommage », écrit M. Jonathan.
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« MADIBA NOUS A APPRIS COMMENT VIVRE ENSEMBLE »

Le dalaï-lama a déclaré vendredi avoir perdu avec Nelson Mandela « un ami cher » et a salué « un homme de courage, de principes et à l'intégrité incontestable », dans un courrier adressé à sa famille. Le leader tibétain en exil a estimé que « le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre est de faire tout ce que nous pouvons pour contribuer au respect de l'unité de l'humanité et travailler à la paix et à la réconciliation comme il l'a fait », dans cette lettre publiée sur son site internet.
La chef de l'opposition birmane et Prix Nobel de la paix en 1991 Aung San Suu Kyi a rendu hommage vendredi à Nelson Mandela, « un être humain remarquable » qui « nous a fait comprendre que nous pouvons changer le monde ».

Lech Walesa, chef historique du syndicat polonais Solidarité et Prix Nobel de la paix en 1983, a rendu hommage à Nelson Mandela, « un grand symbole de la lutte contre l'apartheid et le racisme » aux côtés de « Martin Luther King et de l'archevêque Desmond Tutu ». «
Margaret Thatcher vient de partir. Avant elle c'était le pape Jean Paul II et aujourd'hui Nelson Mandela. Chacun d'eux a œuvré pour briser les divisions en Europe ou dans la vie des gens. Encore un grand opposant aux divisions du XXe siècle qui est mort », a regretté M. Walesa.

« Au cours de vingt-quatre années [depuis sa libération], Madiba nous a appris comment vivre ensemble et croire en nous-mêmes et en chacun. Il a été un unificateur à partir du moment où il est sorti de prison » en février 1990, a salué l'archevêque Desmond Tutu, autre héros de la lutte anti-apartheid et Prix Nobel de la paix en 1984.

L'Inde a décrété cinq jours de deuil national en hommage à Nelson Mandela. Le drapeau indien sera mis en berne à travers le pays pendant cinq jours et « il n'y aura pas de divertissement officiel », a précisé le gouvernement dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion spéciale à New Delhi. Le premier ministre indien Manmohan Singh a déclaré que le pays considérait Mandela comme un « véritable gandhien dans l'esprit et l'idéal ». « Dans un monde marqué par la division, il était l'exemple de l'investissement même pour la réconciliation et l'harmonie et nous ne reverrons certainement pas d'autres hommes comme lui pendant longtemps encore », a ajouté M. Singh, cité par la télévision. «Il était un grand ami de l'Inde et nous nous souviendrons toujours de sa contribution au renforcement des liens étroits qui existent entre nos deux pays,» a affirmé M. Singh.

Bono, chanteur du groupe de pop U2 et cofondateur de One, une ONG inspirée par les actions de Mandela, a déclaré : « Nelson Mandela nous a surtout montré comment aimer plutôt que haïr, pas parce qu'il n'avait jamais cédé à la rage ou à la violence, mais parce qu'il a compris que l'amour serait plus efficace. Mandela a dû faire face à des enjeux colossaux. Il a mis sa famille, son pays, son temps et sa vie en jeu, et il a gagné la plupart de ces batailles. Obstiné pour les meilleurs raisons, il a défié la vie et son créateur jusqu'à ces derniers instants. »
Le Monde.fr avec AFP |

LA France SALUE MANDELA, LE RESISTANT EXCEPTIONNEL

Le Monde.fr |

Se joignant au chœur de louanges mondial après la mort de l'ancien président sud-africain et Prix Nobel de la paix Nelson Mandela, la classe politique française a unanimement salué la mémoire de cette icône de la paix. Le président François Hollande a annoncé la mise en berne des drapeaux en France pour honorer sa mémoire. « C'est toute l'humanité qui est en deuil. La France participe à ce deuil. Elle est aux côtés des Sud-Africains qui aujourd'hui pleurent ce grand homme », a déclaré M. Ayrault, en visite officielle en Chine.
François Hollande a rendu hommage à un « résistant exceptionnel » , « un combattant magnifique », selon un communiqué de l'Elysée. Nelson Mandela a été « l'incarnation de la nation sud-africaine, le ciment de son unité et la fierté de toute l'Afrique », a déclaré le président français.

Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a salué « le géant charismatique qui s'en va », « le père de l'Afrique du Sud ». « Universellement admiré, il donnait son plein sens au mot humanité. Personnellement, je l'admirais d'autant plus que la lutte contre l'apartheid a été l'un des grands et constants engagements de ma vie », a affirmé le chef de la diplomatie.
La ministre de la justice, Christiane Taubira, a rendu hommage à l'ancien président sud-africain sur son compte Twitter en renvoyant vers une tribune qu'elle lui consacre sur le Huffington Post.fr qu'elle termine sur quelques vers de Pablo Neruda.
UN « PASSEUR DE COURAGE »
De son côté, l'ancien ministre français de la culture Jack Lang, qui, à la demande de l'ancien président français François Mitterrand, fut l'organisateur en 1990 à Paris de la cérémonie d'accueil en France de Nelson Mandela, a estimé qu'« en cette période où la politique est souvent déconsidérée, Nelson Mandela, offre aux nouvelles générations une grande leçon de vie ». « Il montre que la politique peut être frappée du sceau du courage, de la conviction et surtout de la fidélité à son idéal », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Pour Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste et ancien président de SOS Racisme, « au-delà de l'Afrique du Sud, c'est le monde qui perd aujourd'hui son plus grand combattant contre le racisme, et une figure universelle de l'égalité et de la fraternité. (...) Il incarne la révolte contre l'asservissement, la liberté retrouvée de tout un peuple mais aussi la force du pardon. (...) Il restera une référence pour tous les combattants de la liberté et de l'égalité, il est de ces êtres rares en lesquels l'humanité entière se reflète ».
La maire de Lille, Martine Aubry, a déclaré : « Nous perdons avec lui le plus grand chantre de la liberté. Mandela a certes fait l'histoire de son pays, mais il laisse aussi une empreinte si puissante dans le monde. Chacun a partagé son combat contre l'apartheid, ses souffrances, l'émotion de sa libération et la fierté de son élection à la présidence de l'Afrique du Sud. Il est de la lignée d'un Martin Luther King. »
Pour Ségolène Royal, présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, « d'une certaine façon, Nelson Mandela ne mourra jamais car il reste un “passeur de courage”. (...) Il a tenu vingt-sept années en captivité par fidélité à son combat pour ses frères de couleur, il a eu le courage d'oser l'espoir de la réconciliation pour un pays déchiré. (...) Il a donné au monde entier un exemple exceptionnel de volonté et de lucidité politiques, de hauteur morale et d'humanité. »

Vendredi matin, un immense portrait de l'ancien président sud-africain a été déployé sur le siège du Parti communiste français, place du colonel Fabien à Paris. Le secrétaire national Pierre Laurent a salué celui qui « restera à jamais le symbole de l'émancipation humaine » rappelant son alliance « indéfectible avec le Parti communiste sud-africain ». « Toute la destinée d'un peuple s'est incarnée en lui » ajoute-t-il dans un communiqué.
« UNE DES PLUS BELLES FIGURES DE L'HUMANITÉ »
« Aujourd'hui, c'est une figure légendaire du XXe siècle qui nous quitte. Le monde perd un géant de l'histoire, une des plus belles figures de l'humanité. [Il] était un homme d'exception qui aura mis toute son intelligence et tout son charisme au service des valeurs les plus nobles : la liberté, l'égalité, la tolérance. Il incarnait intensément un humanisme authentique, source d'inspiration pour tous les hommes politiques », a déclaré Jean-François Copé, le président de l'UMP.
« Aujourd'hui, avec le décès de Nelson Mandela, disparaît l'une des figures historiques les plus lumineuses de notre époque contemporaine. Ce combattant de l'apartheid restera longtemps comme le symbole de la résistance et de la réconciliation », a de son côté exprimé l'ancien premier ministre François Fillon.
« C'est sans doute la plus grande réussite de cet homme au rayonnement hors du commun, que d'avoir été, à l'égal des plus grands de son siècle, à la fois l'homme du combat et de la résistance et celui de la réconciliation », a quant à lui souligné le maire de Bordeaux, Alain Juppé.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, « salue la mémoire de l'homme et de l'ancien président de la République d'Afrique du Sud qui, par patriotisme et par amour de son peuple, avait réussi à sortir son pays de la guerre civile en le préservant des déchirures ». « Par son autorité, Nelson Mandela a su imposer la paix et la réconciliation : cette victoire sur la division, la haine et la revanche marquera incontestablement l'histoire », conclut Mme Le Pen.
Pour Jean-Louis Borloo, président de l'UDI (centre), « c'est le plus beau combat d'espoir du XXe siècle qui s'achève. Mais c'est aussi une voie qui a été ouverte. (...) Mandela, c'est ce message universel qui parle à chacun de nous : gardez l'espoir, gardons l'espoir. Gardons l'esprit en éveil et le cœur ouverts. Ne nous laissons pas prendre au piège des exclusions et du fatalisme, qui sans rien changer, dégrade et avilie ».

Le Monde avec Afp