Affi N’Guessan à Kouibly déshabille Ouattara: «Nous avons été trompés par un affabulateur »

Par Le Nouveau Courrier - «Nous avons été trompés par un affabulateur » selon Affi N'Guessan à Kouibly.

Après Diégonéfla, Oumé, Issia, Toulepleu, Blolequin, Taï et Guiglo, le président du Front populaire ivoirien a animé le jeudi 14 novembre 2013 un meeting à Kouibly. Pour Pascal Affi N’Guessan, un constat saute désormais aux yeux de tous, y compris les thuriféraires acharnés de l’actuel pouvoir, Ouattara a dupé tout le monde sur toute la ligne.

un affabulateur qui nous a fait croire qu’il a les solutions alors qu’il est luimême le problème de la Côte d’Ivoire», s’est insurgé le président du FPI le jeudi
dernier lors de son meeting de Kouibly. C’est pourquoi, même aux partisans des autres partis politiques, et particulièrement du RDR, aujourd’hui désabusés il a lancé un appel, Affi N’Guessan estime qu’il est encore temps de prendre conscience afin de
sauver la barque Côte d’Ivoire qui fonce tout droit dans le creux de la vague avec
Ouattara comme commandant de bord. « Rejoignez le Front populaire ivoirien », a-til invité.

Et pour cause : « Aujourd’hui, le pays est dans le gouffre ». Pour l’ancien
premier ministre de Gbagbo, si le pouvoir prend l’eau de toute part, c’est « parce que ceux qui sont à la tête du pays n’ont pas l’onction du peuple ». Conséquence, soutient-
il, le régime a décidé de régner par la terreur en tentant de soumettre le peuple. « Ceux qui, hier trainaient, les chefs par terre, fusillaient les jeunes, nous devons marcher pour les dégager des derniers bastions qu’ils tiennent », a galvanisé Affi N’Guessan. « Même les dozos, personne ne s’occupe d’eux. Ils sont obligés de nous racketter 500-1000 francs pour vivre », poursuit-il avant d’ajouter que les ex-combattants connaissent le même sort : «
Ouattara les a abandonnés dans la nature ».
Il a également rejeté les lois dirigistes et sans légitimité adoptées par le parlement aux ordres alors qu’elles n’ont pas l’assentiment de la majorité des Ivoiriens et vont
manifestement en l’encontre des intérêts de la nation. « On ne peut pas imposer une
loi sur le foncier. On ne peut pas imposer une loi sur la nationalité. Il faut qu’on discute», a-t-il insisté.

« Je tends la main à Alassane Ouattara »
A l’instar des précédentes étapes de sa tournée, le président du FPI a prôné la paix.
Selon lui, il faut tourner le dos aux ressentiments et s’engager dans le processus de
réconciliation. Car, affirme-t-il, lui-même n’a aujourd’hui aucune haine contre ses tortionnaires qui l’ont arrêté et maltraité à la prison de Bouna où il a été embastillé pendant deux ans et demi. « J’ai pardonné à Morou Ouattara pour les sévices qu’il m’a
fait subir. J’ai pardonné à Alassane Ouattara qui, hier, m’a mis en prison, au nom de la
réconciliation nationale », a déclaré Affi N’Guessan. Parce que, explique-t-il, « nous ne sommes pas un parti de revanchards.

Nous sommes un parti de tolérants ». « Je tends la main à Alassane Ouattara. De la même manière, qu’il tende la main et libère nos camarades qui sont en prison, qu’il libère Simone, Blé Goudé…, qu’il permette à ceux qui sont en exil de rentrer », a souhaité l’ancien locataire de la primature. « Qu’il fasse en sorte que le dialogue aboutisse, que les états généraux de la république se
tiennent », car, a-t-il interpellé le chef de l’Etat, « nous avons fait notre part, qu’il
fasse sa part ».

Affi N’Guessan a en outre appelé les populations à la mobilisation pour les futures joutes de 2015 afin d’arracher le pouvoir à ce régime qui a échoué. Des dizaines de personnes tuées à Kouibly, d’autres torturées avec du plastique fondant
Mais avant le président du FPI, Ben Kpéya Monhessea, le porte-parole des populations
a décrit ce que les hommes armés à la solde du régime ont fait subir aux habitants
du département de Kouibly pendant la crise postélectorale. Selon le porte-parole, Kouibly a souffert à cause de son engagement politique au côté de Gbagbo mais aussi à cause de sa forêt, particulièrement le Mont Tia. En effet, à Siébly, les populations ont été maltraitées, le chef du village Michel Zèhè en est décédé. A Ouyably- Gnondrou, 3 jeunes ont été enlevés devant leurs parents et exécutés à Kouibly. A Taobly, Christophe Baya, le secrétaire général
de section FPI, « tailladé et brulé au liquide coulant de plastique enflammé ».
Dans ce village, 4 jeunes ont été tués. A Douagué, 18 personnes ont été exécutées
nuitamment dont 3 femmes et 4 enfants. A Piébly, Guéhi Pedy, a été tué et son cousin enlevé et porté disparu jusqu’à aujourd’hui.
A Batiébly, Christophe Guéhi, a été appréhendé, fusillé au marché de Kuibly et le corps abandonné à Batiébly « devant ses parents ». A Guinglo-Gbéan, les habitants
avaient été encerclés, torturés avec extorsion de fonds pendant des semaines. A
Kordrou, chez le fédéral FPI de Kouibly, Victor Djéhoué, « le village fut envahi par des rebelles qui dans leur folie meurtrière ont aspergé 32 personnes d’acide chloridrique
à forte dose. 9 personnes sont mortes ». Même spectacle macabre à
Nenadi-Guirou où il y a eu des exactions sur les habitants ainsi que la mort du chef du
village, après avoir été « attaché à un véhicule et trainé [par terre] sur des kilomètres ». A Trokpadrou, village où Gbagbo a obtenu 100% aux dernières élections, le chef est décédé dans sa cachette en brousse, fuyant les hommes armés pro-Ouattara, qui étaient à ses trousses. A Kouibly, le chef central Jean Moho, a été traqué, malmené et humilié devant la population.
Une bombe à retardement

Aussi, Kouibly n’échappe pas à la colonie massive de repeuplement qui se développe dans tout l’ouest. « Les problèmes fonciers sont ici une véritable bombe à retardement », fait remarquer Kpéya Monhessea. « La cohabitation entre allogènes et autochtones est souvent difficile. Des morts ont déjà été enregistrés dans les villages de Tuewo et de Pombly dans la sous-préfecture de Ouyably-Gnondrou. Ces morts sont causées surtout par des allogènes burkinabé, cette armée de réserve des hommes au pouvoir qui squattent la forêt classée du Mont Tia », accuse-t-il. Malgré le martyre, soutient Kpéya Ben, le peuple Wobé qui a massivement voté à plus de 90% pour Gbagbo en 2010 reste toujours debout et ferme, fidèle et déterminé « pour reprendre le combat démocratique pour la libération et le retour
du président Laurent Gbagbo ».

Par Anderson Diédri, envoyé spécial

NB: Le titre est de la rédaction.