Affaire “Courrier de Sarkozy à la Cei” : Les preuves qui enfoncent la France

Publié le mercredi 23 fevrier 2011 | Le Nouveau Courier - L’Ambassade de France en Côte d’Ivoire a cru bon de tenter de sauver la face de Nicolas Sarkozy, en produisant hier un communiqué de

démenti. Seulement, les évènements restent encore vivaces dans les esprits.

Nicolas Sarkozy recevant Blaise Compaoré à l'Elysée.

Publié le mercredi 23 fevrier 2011 | Le Nouveau Courier - L’Ambassade de France en Côte d’Ivoire a cru bon de tenter de sauver la face de Nicolas Sarkozy, en produisant hier un communiqué de

démenti. Seulement, les évènements restent encore vivaces dans les esprits.

Les évènements se sont déroulés entre 23 heures et 2 heures du matin, dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 décembre 2010 au siège de la Commission électorale indépendante (Cei) aux Deux-Plateaux. Alors qu’on s’acheminait inexorablement vers la forclusion de la Cei, des soldats français de la Licorne à bord de jeeps débarquent au siège de la Cei, se disant être porteurs d’un message du président français au président de la Commission, Youssouf Bakayoko. Devant le refus des Fds postés à l’entrée du siège de les laisser passer, ils expliquent qu’il s’agit en réalité d’un courrier émanant de la présidence française pour le président de la Cei.

C’est alors qu’un commissaire de la Cei leur a fait savoir qu’un tel courrier devrait au préalable transiter par le ministre des Affaires étrangères qui à son tour se chargerait de le transmettre au président de la Cei. Ayant compris la bourde que leur précipitation leur avait fait commettre, la soldatesque d’«émissaires» de la France est aussitôt repartie. Interrogé à ce sujet, selon une source, l’Ambassadeur de France, Jean-Marc Simon, aurait expliqué que le mouvement de la force Licorne vers la Cei était une erreur de procédure diplomatique qui ne se répéterait plus. Toutefois, le courrier a bel et bien atterri entre les mains de Youssouf Bakayoko. La suite, c’est son escorte, le lendemain 2 décembre, par les ambassadeurs français et américains pour une pseudo-proclamation des résultats au QG de campagne d’Alassane Ouattara, le Golf Hôtel, devenu depuis lors sa «République».

Hier dans un communiqué, l’Ambassade de France a démenti l’existence d’un tel document. «Il s'agit d'un faux grossier qui révèle une méconnaissance des pratiques internationales et relève d'une volonté évidente de nuire aux bonnes relations qui existent entre la France et la Côte d'Ivoire», explique le communiqué. Seulement, la représentation diplomatique française oublie les injonctions maladives de Nicolas Sarkozy aux autorités ivoiriennes qui somme toute, révèle tout aussi bien une méconnaissance des pratiques internationales par l’héritier de la Françafrique. En voulant s’excuser, l’Ambassade de France n’as pas mieux fait que de s’accuser.

Par Frank Toti
ftoti@nouveaucourrier.com

Voici le contenu du courrier du Président Sarkozy à Youssouf Bakayoko.

Paris, le 01 Décembre 2010

Monsieur le Président,

A la suite de notre communication téléphonique ainsi que le contexte particulier pour la République de Côte d'Ivoire, ce peuple opprimé qui aspire depuis bien longtemps à une démocratie, une paix et à la recherche d'une stabilité perdue depuis près d'une décennie.
L'histoire vient de faire de vous la sentinelle de cette liberté recherchée, et cela compte tenu de vos responsabilités au sein de l'appareil en charge d'énoncer les résultats des élections présidentielles et surtout de dire la vérité sur les votes du peuple ivoirien.
Le processus a été achevé de façon juste et équitable d'après les rapports établis par toutes les parties prenantes au processus, c'est le moment pour votre institution et de votre propre personne, de vous acquitter de votre mission avec rigueur car le peuple ivoirien s'est clairement prononcé et sans équivoque.
Les textes de la République de Côte d'Ivoire vous offrent une marge limitée pour proclamer les résultats provisoires, comme vous le savez mieux que moi-même, et compte tenu de l'attente de votre peuple, je vous exhorte au prononcé du verdict des urnes.
Nous sommes disposés ainsi que toute la communauté de l'Union européenne à soutenir de façon irrévocable le respect de la volonté du peuple, de sécuriser les civils ainsi que tous les nouveaux représentants des institutious installées.
Nous reconnaissons aussi que votre tâche n'est pas facile, mais la République française que je représente s'engage à protéger toutes les personnes qui permettront à la République de Côte d'Ivoire d'aller enfin vers une vraie démocratie, pour enfin établir l'unité nationale tant recherchée.
Vous disposerez du soutien sans faille de notre Ambassadeur, du Ministère des Affaires étrangères pour une facilitation de votre mission. Afin de nous permettre d'orienter au mieux nos démarches diplomatiques, il est nécessaire que notre Ambassadeur soit informé de façon quasi automatique de la suite des événements.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la Commission électorale indépendante, à l'assurance de ma confiance et de ma considération.

Nicolas Sarkozy