Affaire « Bombardement du camp français de Bouaké en 2004 - Un ex-officier de Licorne « Ce n’est pas Gbagbo»: L’aveu qui tombe à pic !

Par Aujourd'hui - Un ex-officier de Licorne « Ce n’est pas Gbagbo». L’aveu qui tombe à pic ! par Joseph Titi (EDITORIAL).

U n monsieur que je ne nommerais
pas, sûrement pour ne pas qu’il me reproche de publier ses moindres
confidences, m’a dit ces
jours-ci que j’en faisais un peu trop en exploitant les aspects prophétiques
de cette crise. Alors je me suis demandé : en
fais-je vraiment trop ? Pourtant, un jour de novembre 20024, le général français Henri Poncet, patron de la force Licorne, avait dit que quiconque ne croit pas en Dieu doit se rendre à Abidjan. Avons-nous vraiment
pris toute la mesure de sa déclaration ? Je n’en suis pas si sûr, vu que beaucoup nous font parfois un procès en rationalité.
Poncet était pourtant un brillant officier militaire français, fier des traditions de son pays et de sa rationalité
d’homme blanc sorti des nuits des folles croyances ancestrales
ou religieuses. Son expertise n’avait jamais été mise en doute. D’ailleurs, le jour de sa nomination,
le journal « Nord-Sud », proche du RDR, l’avait présenté
comme un expert en coup d’Etat, ne cachant plus que son arrivée signait l’arrêt de mort du président ivoirien.
Et « Nord-Sud » n’eût pas tort puisqu’une nuit de
novembre de la même date, des centaines de chars français se retrouvèrent devant la résidence de Gbagbo tard
dans la nuit. Le lendemain, le patron de la licorne affirmait
s’être égaré. Puis les militaires français, repliés dans les jardins de l’hôtel Ivoire en attendant certainement
de repartir à l’assaut de la résidence présidentielle, tuèrent 67 jeunes patriotes et en blessèrent des centaines. Le patron de la licorne avait tiré de cet épisode
pour le moins étonnant, la terrible phrase indiquée dans
les premières lignes. Qui aurait pu en effet penser, à partir de ce moment et
à la façon dont la France voulait le faire tomber, que
Gbagbo réussirait à garder le pouvoir jusqu’à l’élection présidentielle de 2010 ? Si ce n’est pas Dieu, je ne vois pas qui cela pouvait être. Car neutraliser à la fois une opposition politique et ses ramifications militaires qui
fourbissent les coups tordus tous les jours et garder l’oeil
sur Jacques Chirac avec les pouvoirs qu’il avait à
l’ONU par lesquels il jurait par ailleurs d’avoir la tête de Laurent Gbagbo, ne pouvait pas être possible sans l’assentiment de Dieu. Poncet avait donc raison, celui
qui ne croyait pas en Dieu devait venir en Côte d’Ivoire parce qu’aucune explication rationnelle ne vaille pour
théoriser la déconvenue française de novembre 2004 en Côte d’Ivoire. Il y avait donc Dieu au commencement et à l’arrivée.
C’est-à-dire entre le coup d’Etat manqué et l’assaut
réussit contre sa résidence en 2011. Bien sûr qu’entre les deux moments, il y a eu le renversement de
l’homme que Dieu a épargné pendant dix ans contre ses ennemis d’ici et d’ailleurs. Et dans notre désespoir, aucun signe ne nous a semblé digne de constituer la
preuve que Dieu ne nous avait pas lâchés. Pourtant, que
si ! D’abord parce qu’en dépit des bombardements de la coalition franco-onusienne qui a bombardé sa résidence des jours durant en y lançant plus de mille tonnes d’obus, Gbagbo est resté en vie avec tous ceux qui y
avaient trouvé refuge. Aujourd’hui, un nouveau miracle s’accomplit dans un contexte qui amplifie la confusion du camp des ennemis.
De quoi s’agit-il ? Alors que les gouvernements successifs de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy
avaient refusé de déclassifier le dossier des bombardements
de Bouaké, celui de Hollande a laissé les patrons de Licorne de cette époque être entendus par la juge
Khéris qui instruit actuellement le dossier. Cette juge a en effet entendu six généraux français de l’époque. Et voilà ce qu’ils disent :

Première affirmation : Laurent Gbagbo n’a pas donné l’autorisation de bombarder le camp militaire français.
Gbagbo n’a jamais dit autre chose. Il a demandé, comme on le fait dans tout pays sérieux une enquête et posé une question fondamentale : quel était son intérêt à tuer les soldats français au moment où c’était la débandade
du côté des rebelles qui ne pouvaient pas faire face à la puissance de feux des MI-
24 loyalistes ? Le mobile est en effet un élément-clé dans la constitution
d’un délit. Il n’ya donc pas de crime
sans élément intentionnel. Autrement, il s’agit d’un accident.

Deuxième affirmation : Le camp
Gbagbo est sûrement tombé dans un piège.
Piège de qui exactement ? C’est pour le moment le silence. Mais on voit
bien que tout ceci portait un projet politique.
En tout cas, c’est ce que les six généraux français ont fini par
avouer.

Troisième affirmation : La France
avait, à cette époque, un projet politique selon Renaud De Malessène,
adjoint du général Poncet et commandant
en second de la force Licorne. A savoir « dégommer Gbagbo
pour installer Alassane Ouattara ».
Gbagbo avait donc raison en accusant la France d’avoir fait le boulot. En fait, elle l’a terminé.
Voilà donc un aveu qui va faire du bien à tous les Ivoiriens
qui ont toujours su que Gbagbo n’est pas un assassin et qu’au surplus ce n’est pas un anti-français.
Toute la communication qui avait servi à salir son
image et à donner une légitimité surfaite à Ouattara ne répondait qu’au seul besoin de rendre digeste un coup
d’Etat contre lui. Et ce sont les mêmes raisons pour lesquelles il se retrouve enfermé à la cour pénale internationale
pendant que des criminels de guerre reconnus
comme tels depuis 2002 sont en liberté. D’ailleurs au vu du contexte dans lequel interviennent ces aveux, on peut les saisir comme un autre signe de Dieu. Car Jeune
Afrique n’est pas un journal proche de Gbagbo. D’ailleurs, il a largement protégé les imposteurs d’aujourd’hui et défendu leurs causes. Béchir Ben Yamed qui en est le patron avait même dit que Ouattara a gagné les élections en Côte d’Ivoire et que les faits lui donneraient
ultérieurement raison. Le recomptage des voix n’ayant pas été autorisé, je me demande si la légitimité
de son préféré s’est vraiment retrouvée plus consolidée comme il le prédisait ? Car en vérité, c’est le contraire de ce qu’affirmait Ben Yamed qui se concrétise tous
les jours.
Au demeurant, cet aveu des généraux français montre que le but de Sarkozy n’était pas de restaurer la démocratie en Côte d’Ivoire mais de concrétiser le projet politique
de 2004 qui consistait à dégommer Gbagbo et installer Alassane Ouattara au pouvoir. A quelques jours de la libération de l’ancien président de la République, ces informations sont de nature à ne pas rassurer le pouvoir.
Selon Jeune Afrique, Ouattara est en effet décidé défaire inculper Gbagbo pour crimes économiques et
aurait, pour cela, requis quelques personnes de son entourage immédiat : Amadou Gon Coulibaly, Ahmed Bakayoko et son ministre de la justice Gnénéma Coulibaly. Comme si l’effet dévastateur de cette libération peut être contenu par de petites combines locales qui
n’ont même pas pu faire peur au plus jeune des dirigeants du FPI Justin Koua.
Au moins, ce vent de panique a l’avantage de nous montrer à quel point la libération de Gbagbo ne fait plus de doute. Puisque Ouattara qui avait tant compté sur la cour pénale internationale est obligé de rechercher ici, l’antidote à sa principale peur. Mais que ces confessions
françaises tombent à pic !

Par Joseph Titi