11 Avril 2011/ Le président Laurent Gbagbo raconte son vécu: " Morou m'a poussé dans un véhicule qui a roulé à tombeau ouvert, et on est allés jusqu'à l'Hotel du Golf"

Par Ivoirebusiness - 11 Avril 2011/ Le président Laurent Gbagbo raconte son vécu " Ouattara Morou m'a poussé dans un véhicule qui a roulé à tombeau ouvert, et on est allés jusqu'à l'Hotel du Golf".

Le Président Laurent Gbagbo lors de son arrestation le 11 avril 2011 après bombardement de son palais par la force française Licorne.

« Ouattara Morou m'a poussé dans un véhicule qui a roulé à tombeau ouvert, et on est allés jusqu'à l'Hotel du Golf. Là, on m'a fait attendre dans une pièce, j'ai vu d'autres prisonniers couchés à même le sol, puis on m'a mené au quatrième étage, dans une chambre, je crois la 468.

Les barons du nouveau régime sont venus me voir: Soro, avec une petite casquette, Hamed Bakayoko. Pour quoi faire? Pour savourer leur victoire. Ils sont restés une quinzaine de minutes, pas plus.
J'ai vu arriver Simone et mon fils Michel, en sang. J'avais vu mes proches se faire tabasser, comme j'ai vu Tagro être assassiné. J'ai vu la ministre de la santé, mon ami Sangaré...

On les a mis dans une autre pièce.
Le 12, Guillaume Soro est revenu me voir. Il m'a dit que j'allais être transféré à Korogho le jour même. J'ai refusé... Il n'a rien voulu entendre. Chérif Ousmane est venu, et m'a emmené brutalement.

Au passage, ils ont pris mon médecin, Christophe Blé pour l'emmener avec moi. Sur le chemin du Golf, Il s'en est fallu de rien qu'un rebelle l'égorge. Et là, le voilà parti avec moi pour huit mois de détention. C'est un homme bien, Christophe Blé, un médecin compétent et une bonne personne.

C'est parce qu'il était mon médecin attitré qu'il a failli être tué et qu'il a ensuite été détenu sans aucun mandat. On nous a mis dans un hélicoptère, direction Korhogo.

Sur le chemin, j'ai pensé à ceux qui étaient mort et qui avaient souffert, je priais pour eux. Je me demandais ce qu'allait devenir la Côte d'Ivoire. »

LAURENT GBAGBO in "Pour la vérité et la justice" page 241