Débats et Opinions: La coupe d'Afrique 2015 à l'image du régime d'Abidjan

Par IVOIREBUSINESS/ Débats et Opinions - La coupe d'Afrique 2015 à l'image du régime d'Abidjan.

Les Eléphants reçus par le chef de l'Etat le 10 février 2015 au palais présidentiel.

Bravo d’abord aux éléphants, bravo à Copa Barry dont l’expérience nous a été utile, parce qu’il est très difficile d’avoir le contrôle de toutes ses facultés, quand on porte, sur soi, les aspirations de tout un peuple. L’euphorie suscitée par la coupe d’Afrique ne peut cependant échapper à une analyse objective, impartiale, du parcours des éléphants. Pourquoi avons-nous attendu une vingtaine d’années avant de reconquérir une seconde coupe d’Afrique alors que nos joueurs sont pétris de qualités ? Au-delà des discours partisans ou hypocrites, nous dirons, sans ambages, que nous avons accusé tout ce retard, quand des partis politiques ont commencé à se servir du sport pour s’attirer des électeurs. Alassane Ouattara disait il y a quelques années qu’il aurait rendu la Côte d’Ivoire ingouvernable s’il n’était pas à la tête de ce pays, et les Ivoiriens ont fait l’expérience de la guerre fratricide. Ce refrain a été repris par Yaya Touré, un membre de son clan, au sein de l’équipe nationale ; les Ivoiriens seraient privés de la coupe d’Afrique tant qu’il ne porterait pas le brassard de capitaine, et l’équipe nationale nous a donné durant toutes ces années l’image d’une famille divisée. La doctrine politique de Ouattara étant fondé sur le principe du sacrifice ; de l’élimination systématique de tous ceux qu’il considère comme des adversaires potentiels, dans le milieu politique, en complicité avec la France et la CPI, il oeuvrera afin que Laurent Gbagbo soit mis en prison. Au sein de l’équipe nationale, Yaya Touré s’évertuera à pousser Drogba à la retraite anticipée, et son sacrifice s’avèrera utile. La coupe d’Afrique 2015 conquise sans Drogba par le capitaine Yaya Touré et son équipe démontre, malheureusement, que notre pays a accusé dans le milieu sportif 50 ans de retard. Après Pokou Laurent, l’homme d’Asmara, il nous a fallu attendre de nombreuses années pour voir apparaître un attaquant de la trempe de Didier Drogba, qui avait seulement besoin d’un milieu et d’une défense solide, solidaire, active, identique à celle de la coupe d’Afrique 2015 pour faire de l’équipe nationale, la première équipe africaine championne ou vice-championne du monde. Les éléphants valent mieux que cette coupe d’Afrique qu’ils auraient pu remporter plus de deux fois. Leur victoire est comparable à la croissance de Ouattara source d’appauvrissement pour les Ivoiriens. Combien d’années devrons, en fait, attendre pour voir de nouveau apparaître, au sein de l’équipe nationale, un attaquant de la trempe de Didier Drogba ? A l’équipe nationale, pour une fois unie, manquait la figure de Drogba pour faire la différence sans aller aux tirs au but. Une autre leçon nous a été donnée à cette finale ; c’est le méprisé Copa Barry, qui nous a offert la coupe d’Afrique. Ce gardien de but que l’on traitait de tous les noms n’a pris étrangement aucun but avant les tirs au but et cela s’explique ; si un portier a devant lui un milieu et une défense volontairement poreuses, toutes ces qualités ne servent à rien. Il est l’autre sacrifié d’une équipe nationale ivoirienne divisée, démotivée, tant qu’à Yaya Touré n’était pas concédé le brassard de capitaine. La doctrine politique d’Alassane Ouattara fondée sur l’égoïsme, sur la haine, sur le tribalisme est à l’origine du retard que nous accusons sur notre propre croissance, sur notre propre devenir, dans tous les secteurs d’activités. La gloire, l’or et l’honneur ne doivent revenir qu’aux membres de son clan. Cette manière de concevoir la gouvernance est indécente et fait de Ouattara le plus grand commun diviseur, aussi bien sur le plan politique, économique, social, sportif. Il nous faut construire notre pays avec tous ses fils car de celui que vous méprisez pourrait provenir notre propre salut. C’est la leçon à tirer de cette coupe d’Afrique où la victoire nous est venue non de Goliath (Yaya Touré) mais de David (Copa Barry) celui qui ne retenait pas notre attention.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)