Côte d’Ivoire : Une gouvernance qui marche sur la tête, c’est inadmissible pour nos compatriotes

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions - Côte d’Ivoire. Une gouvernance qui marche sur la tête, c’est inadmissible pour nos compatriotes.

Alassane Ouattara et Kablan Duncan à l'aéroport d'Abidjan. Image d'archives.

Au lieu de la démocratie, du dialogue, de la liberté et de la dignité, la violence est le moyen de gouvernance pour le régime actuel. Des brimades sont quotidiennes, l’opposition est muselée, la jeunesse est violentée, des filles violées et des tueries rendues banales. Cette humiliation dans la chair et ce rabaissement des Ivoiriens et des Ivoiriennes devant lesquelles la « Grande France » moralisatrice ne lève aucune protestation me préoccupent et m’interpellent comme nous tous. Quand des anciens loubards devenus ministres sévissent et qu’ils sont encensés par la Communauté internationale, en quoi cette Communauté internationale est-elle crédible dans sa lutte contre le terrorisme ? Il nous faut continuer de l’interpeller en nous donnant les moyens pour que la démocratie revienne dans le pays.

J’ai volontairement utilisé sept pages pour décliner une contribution ouverte le 14 avril 2016. Ce fut pour expliquer des choses dans leurs différentes dimensions. L’adresse n’est aucunement empreinte d’émotions. Il faut donc la lire et la relire. J’ai en tout cas vu que de nombreux Ivoiriens et Ivoiriennes ont apprécié le format de la déclinaison. Dans cette lutte et dans une configuration où la gouvernance de la Côte d’Ivoire est fâchée avec le minimum de normalité, chacun doit jouer son rôle. Il y en a qui sont beaucoup fixés sur des considérations partisanes. C’est normal et c’est légitime. Mais dans l'état actuel des choses, moi aussi militant du Front populaire ivoirien, je regarde les souffrances avec mes yeux d’Ivoirien et aussi avec ceux d’une personne qui a vécu trente ans dans un espace de régime démocratique. C’est la mutualisation des expériences qui doit apporter au combat pour la libération du pays. La Diaspora a souvent été marginalisée et cela simplement par « esprit corporatiste ». Il faut plutôt voir l’importance de la Diaspora dans une projection sur l’intérêt du peuple.

J’ai par ailleurs toujours envie d’apprendre ; mais pas de leçons de la part de gens qui sont dans des postures, qui cultivent le sectarisme et la frilosité souvent par égocentrisme. J’ai parcouru le monde ; j’ai analysé ; j’ai vu des fonctionnements et des disfonctionnements ; j’estime que des pratiques restent décalées par rapport à des réalités. Et quand il y a des choses qui ne marchent pas, il faut soit changer de méthode soit l’améliorer. Je considère que les dogmatiques se trompent de siècle. Quelle est la priorité aujourd’hui ? C’est de mettre fin à la dictature ! Quand tous les partis politiques et les Ivoiriens auront eu leur pays libéré, chaque organisation politique pourra reprendre tout son sens. Il me semble aussi qu’on peut travailler à la consolidation de son parti tout en nouant des alliances pour la libération du pays. Ces alliances peuvent même conforter le parti. Mais nous sommes surtout à une ère où des coordinations transversales, « transcourants » et « transpartisanes » doivent être développées.

Attendons-nous la sortie de Laurent Gbagbo pour qu’il vienne tout refaire ? Ma contribution du 14 avril 2016 n’est pas un catalogue de critiques. Elle fait un état des lieux objectif et porte des propositions atteignables. Les sujets qui ont été clairement abordés, et qui font par ailleurs partie des dispositions partagées, méritent d’amener au passage aux actes. Après avoir murement réfléchi, rien ne me ferait revenir en arrière. Je suis fondamentalement édifié de ce qu’il faut rénover les pratiques. Seuls ceux qui sont dans des postures et/ou qui s’accommodent de l’immobilisme, pourront prendre mon adresse pour eux.

Je comprends que le choc du 11 avril 2011 qui a crée de grandes séquelles traumatiques nous a fait perdre confiance entre nous. Je me souviens aussi que des ouvertures dans le passé n’ont pas aidé à ramener la paix. Cela doit faire partie des réflexions. Mais nous devons aussi nous demander si nous avons suffisamment travaillé à la consolidation des ouvertures faites en leur temps. Les échecs existent pour réussir des bonds qualitatifs quand on en tire objectivement des leçons. Mais ruminer rancunes et rancoeurs est mauvais conseiller.

En tout état de cause, nous devons renouer la confiance parce que le monde continue de fonctionner. Et c’est en se rassemblant que nous gagnerons sur ceux qui nous divisent artificiellement.

C’est pourquoi, il me semble que ce qu’il faut aujourd’hui pour libérer le pays, est un mouvement de solidarité démocratique.

Une contribution de Claude KOUDOU