Biens mal acquis : le fils du président congolais Denis Sassou Nguesso mis en examen

Par LE MONDE - Biens mal acquis. Le fils du président congolais Denis Sassou Nguesso mis en examen.

Biens mal acquis. Le fils du président congolais Denis Sassou Nguesso mis en examen.

Denis Christel Sassou Nguesso est poursuivi pour blanchiment et ses propriétés à Paris et à Neuilly-sur-Seine ont été saisies.

Denis Christel Sassou Nguesso, député et fils du président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, a été mis en examen en France pour blanchiment, en décembre 2019, selon des informations du magazine Challenge confirmées par Le Monde.

D’après Challenge, trois biens immobiliers situés dans le 16e arrondissement de Paris et à Neuilly-sur-Seine ont été saisis. Leur valeur pourrait avoisiner 30 millions d’euros.

Denis Christel Sassou Nguesso, 45 ans, est député d’Oyo (nord du Congo), fief de son père Denis Sassou Nguesso qui cumule trente-six ans à la tête du pays. Il a été jusqu’en 2016 la deuxième personnalité de la puissante Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), ce qui lui a valu le surnom de « Kiki pétrolier ».

Plusieurs personnes dans l’entourage du président congolais ont été mises en examen dans le dossier tentaculaire des biens mal acquis. Les magistrats cherchent à savoir si les fortunes de plusieurs familles présidentielles africaines, notamment celle de Denis Sassou Nguesso, ont pu être bâties en France grâce à de l’argent public détourné.

« Acharnement de nature néocolonialiste »

Les avocats de l’Etat congolais et de la famille Sassou Nguesso ont vivement critiqué cette mise en examen. Simone Bernard-Dupré, avocate de l’Etat congolais, s’est dite auprès du Monde « indignée » et a jugé que « cette procédure devient de la persécution ». « Ce sont les ONG qui sont derrière. Il y a un acharnement de nature néocolonialiste d’autant que rien, parmi les biens saisis, ne revient au peuple congolais. »

Selon Jean-Marie Viala, avocat de la famille Sassou Nguesso, le fils du président congolais « a refusé de répondre à toute question des juges », en raison d’une plainte « déposée par l’Etat congolais en juillet 2017 contre Transparency International pour tentative d’escroquerie au jugement ».

« Pour mes clients, cette procédure dite des biens mal acquis est quasi illégale. Ils ne veulent donc pas la légaliser en répondant aux questions des magistrats ou des enquêteurs. »

L’avocat de l’ONG Transparency International, William Bourdon, a en revanche estimé que la mise en examen de Denis Christel Sassou Nguesso était « une illustration du niveau et de l’intensité du système de corruption ». Les réactions de ses avocats, juge-t-il, « ressemblent de plus en plus à une caricature dans la victimisation et multiplient des attaques vulgaires contre l’institution judiciaire française ».
Près de 50 millions de dollars détournés, selon Global Witness

Selon l’ONG britannique Global Witness, Denis Christel Sassou Nguesso, aurait détourné près de 50 millions de dollars (près de 45 millions d’euros) des caisses de l’Etat congolais.

Ouverte en 2009 à Paris après une plainte de trois associations, l’enquête sur les biens mal acquis porte également sur le patrimoine de la famille Bongo, à la tête du Gabon.

Le volet portant sur la Guinée équatoriale s’est, lui, conclu par le récent procès en appel de Teodoro Obiang Nguema, vice-président du pays, qui attend lundi la décision de la cour d’appel de Paris. Il avait été condamné en première instance à trois ans de prison avec sursis et à 30 millions d’euros d’amende avec sursis.

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