Interview Exclusive - Sam l'Africain, président de la NACIP: "Youssouf Bakayoko doit démissionner de la CEI"

Par Notre Voie - Sam l'Africain, président de la NACIP "Youssouf Bakayoko doit démissionner de la CEI".

Sam l'Africain.

Sam l’africain, président de l’alliance pour la Côte d’Ivoire et la patrie (Nacip, parti de l’opposition ivoirienne) est signataire de l’alliance des forces démocratiques (afd). Dans l’entretien qui suit, il se prononce sur l’actualité politique.
Notre voie : Sam l’Africain, c’est par ce pseudonyme
qu’on vous désigne dans l’opinion publique.
Quel est votre véritable identité ?
Sam l’africain : A l’état civil, je me nomme Jichi Sam Mohamed.
mais je préfère qu’on m’appelle par mon pseudonyme Sam l’africain. Parce que ça me fait plaisir.
N.V. : Vous êtes le président de la Nouvelle Alliance pour la Côte d’Ivoire et la Patrie (NACIP). Comment se comporte votre parti politique ?
S.A : Notre parti se comporte bien et s’organise comme les autres formations politiques avec les réunions de sa direction et des organes; avec ses activités politiques et les relations qu’il entretient avec les autres entités, notamment le pouvoir et l’opposition.
N.V. : Le NACIP est membre de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) avec plusieurs autres formations politiques dont le FPI. L’un des responsables de ce parti, Laurent Akoun, a été convoqué, mercredi dernier, par la justice à travers la cellule d’enquête et d’instruction pour être interrogé. Quel commentaire vous inspire cette situation ?
S.A: Pour ce que nous savons, Laurent akoun a été arrêté pour des faits qu’on lui reprochait. Il a été jugé, condamné et a même purgé sa peine avant d’être libéré. Nous ne connaissons pas les raisons de cette nouvelle convocation. Mais comme ils ne l’ont pas gardé, c’est tant mieux. Néanmoins, cette convocation nous interpelle en ce qu’elle intervient au moment même où le pouvoir est en discussion avec l’opposition. Quand on parle de retour à la normale, il faut éviter de poser des actes qui peuvent mettre à mal la paix,la cohésion. Je demande au
gouvernement d’être raisonnable et d’éviter des actions qui sont de nature à compromettre la réconciliation,puisque nous sommes en pourparlers. Et cette autre convocation de Laurent Akoun ne plaide pas pour un retour à la normale.
N.V. : Que comptez-vous faire avec l’Alliance des forces démocratiques dont votre parti est membre ?
S.A: Nous nous sommes mis ensemble pour être forts pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. C’est pour aider à la paix pour notre peuple que nous avons signé cette alliance. Car comme le dit l’adage « l’union fait la force ». Bientôt, nous serons rejoints par d’autres partis et nous serons encore plus forts pour les combats à venir.
N.V. : L’Alliance est rentrée à la Commission électorale
indépendante (CEI). Qu’espère-t-elle ?
S.A: Vous savez, pour rentrer à la Cei, les discussions n’ont pas été faciles. Et pour le moment, concernant cette commission, nous sommes dans la forme des débats et non dans le fond. Nous avons posé des conditions avant d’y faire siéger nos représentants. Entre autres choses, nous avons demandé la présidence pour l’opposition et le départ du président Youssouf Bakayoko de la tête de la Cei. Concernant le point de la démission, je voudrais m’adresser au grand-frère Youssouf Bakayoko. Au regard de ce qui s’est passé pendant qu’il était le président, lui-même devait demander à se retirer. Je pense que c’est une question de bon sens et d’honneur. Et au-delà de son cas, je voudrais que nous, les dirigeants africains, apprenions à démissionner quand il le faut. Nous occupons des postes au nom du peuple et nom à titre personnel. Donc quand nous sommes aux affaires que par notre fait, il y a des problèmes, nous devons
comprendre et prendre nos responsabilités en nous retirant. C’est-à-dire que Youssouf Bakayoko, pour sa propre dignité doit partir. A cause de ce qu’il a fait pendant le 2e tour de la présidentielle de 2010, il n’a pas besoin que quelqu’un d’autre vienne lui dire de démissionner.
N.V. : A partir du moment où il a prêté serment en tant que membre de la nouvelle CEI, on peut supposer qu’il refuse de partir. Alors que fait l’Alliance si elle n’obtient pas la présidence de la commission ?
S.A: Je crois qu’il appartient à l’alliance dont je ne suis pas le seul membre d’aviser. Mais en ce qui concerne la NaCiP, si nous n’obtenons pas gain de cause, nous n’irons pas aux élections. Quant à Youssouf Bakayoko,je l’ai dit, il doit quitter la Cei.
N.V. : Quelles sont, selon vous, les conditions à remplir
par le pouvoir afin que l’Alliance aille aux élections
présidentielles ?
S.A: Sur les conditions pour aller aux élections, il y a beaucoup à dire et l’alliance va continuer de faire le combat. Mais ce que je peux évoquer rapidement en dehors de la question de la Cei et de la liste électorale, c’est la question du désarmement qui nous préoccupe également. Nous sommes dans un pays où une partie de la population est autorisée à aller partout et l’autre partie ne peut accéder à des régions données. Je pense
que ce n’est pas normal.Vous convenez avec moi qu’on ne pourra pas faire campagne si des ivoiriens continuent de détenir des armes. Or, il faut que chaque ivoirien puisse parler librement partout en Côte d’Ivoire. Donc la question de la sécurité est un impératif. Il n’est pas normal que les dozos remplacent les forces de défense et de sécurité.Cela signifie qu’il doit revenir à la police et la gendarmerie nationale d’assurer la sécurité des biens et des
personnes. Je parle juste de la question de l’insécurité mais il y a beaucoup à faire pour aller aux élections. Et je ne comprends pas l’attitude du pouvoir qui ne fait rien alors que les échéances approchent à grands pas. Si ça peut l’arranger de rester dans le statut quo pour aller aux élections, on verra le moment venu.
N.V : Vous parlez des conditions pour aller aux élections. Que dites-vous de la question des prisonniers politiques dont celle du président Laurent Gbagbo ?

S.A : Vous savez, le problème du président gbagbo dépasse aujourd’hui les ivoiriens. C’est un prisonnier qui appartient au monde entier. Je le dis, certains journalistes proches de l’opposition, affirment de choses qui ne sont pas justes sur le cas Gbagbo. Ils donnent des informations qui mettent les ivoiriens dans le doute et ce n’est pas bien.
Ce que les gens nous reprochent, c’est d’avoir tenu tête aux grandes puissances. Et la communauté internationale ne peut accepter cela. Donc elle fait croire qu’il y aura la guerre civile si le Président Gbagbo est libéré. On sait que c’est faux. mais ce n’est pas tout le monde qui vit ici. Donc moi je pense que
nous devons chercher une stratégie, un comportement
politique pour aider le président Laurent gbagbo à être
libéré. C’est à cela nous devons réfléchir.
N.V. : : Le Front populaire ivoirien (Fpi), votre allié au
sein de l’Alliance, vient de vivre une crise interne. Qu’en pensez-vous ?

S.A: J’ai eu très mal parce que cette crise ne vient pas au bon moment. Je demande aux responsables du Fpi de s’asseoir et de discuter. Pour le Président gbagbo et pour l’ensemble des militants du Fpi, les responsables doivent beaucoup réfléchir. Laurent gbagbo disait : « si on t’envoie, il faut savoir t’envoyer ». Moi, je pense que le Fpi et l’ensemble des partis d’opposition ont une mission historique, celle d’oeuvrer au retour à la normale en Côte d’Ivoire après des années de crise. Je demande donc aux uns et aux autres ne pas se tromper de combat, de ne pas se tromper d’adversaire. Le pays nous appelle et nous devons savoir où se trouve son intérêt. On revient aux mêmes problèmes que quand le président Gbagbo était là. Nous qui l’entourions, au lieu de l’aider à régler les problèmes d’intérêt général, nous avons passé le temps à nous chamailler. Nous sommes d’accord avec le « Gbagbo ou rien » parce que Gbagbo, c’est la Côte d’Ivoire. mais l’important, c’est quelle stratégie mettre en place pour que le Président gbagbo soit libéré. C’est à mon sens, le débat qui mérite d’être mené. Ce qui me permet de m’adresser à nos amis qui sont en exil. ils souffrent, mais nous aussi, nous souffrons ici. Au pays, il y a, entre autres phénomènes, l’insécurité. Nous en souffrons puisque c’est ici que se fait le combat. Je
souhaite qu’ils rentrent pour que nous fassions le combat
ensemble. Il n’y a pas deux combats mais un seul.
N.V. : : Comment doit se comporter l’opposition en général face au régime Ouattara ?
S.A: Nous avons fondé l’alliance des forces démocratiques (afD) pour fédérer nos forces et faire en sorte que notre pays retourne à la normale. Et cela passe par plusieurs choses dont l’élection présidentielle de 2015. Donc nous qui composons l’alliance, avons une mission historique, et nous devons faire en sorte d’être unis.
nous devons faire preuve de solidarité les uns envers les
autres et comprendre pourquoi nous nous sommes mis
ensemble. Nous devons relever le défi d’être la seule
force face au pouvoir. et éviter à notre pays ce qu’il a
subi avec la présidentielle de 2010.
N.V. : dans cette perspective que doit faire le pouvoir,
selon vous ?
S.a : C’est par celui qui est au pouvoir que doivent venir
les initiatives de paix et d’apaisement. On l’a vu au temps du président Gbagbo. C’est le pouvoir qui a pris l’initiative du dialogue direct et tout ce qui a suivi, même si on est encore en crise. Je dis au gouvernement d’être plus souple, de libérer les prisonniers politiques, de faire en sorte d’assurer un retour garanti aux exilés, de dégeler les comptes des cadres concernés. C’est à ce
prix que la Côte d’ivoire peut redevenir un etat normal, loin de la haine, de la violence. Tu ne peux exiger la réconciliation d’un frère alors que ses biens sont confisqués, qu’il n’arrive pas à scolariser ses enfants, à pourvoir à ses besoins parce que ses ressources sont gelées.
Non, on ne peut pas obtenir le retour à la normale tant qu’une partie de nos frères sera en prison et d’autres en exil. Partout, c’est la souffrance en Côte d’ivoire et en afrique. Ce n’est pas parce qu’on a la machine de l’etat qu’il faut brimer les autres.
regardons les grandes puissances, elles ont tout pour faire la guerre, mais elles ne font pas souffrir leurs populations. Faisons donc la politique avec intelligence et non avec la haine, le mépris et l’exclusion.
Interview réalisée par

Armand Bohui