Débats et opinions: La problématique de la libération de Laurent Gbagbo, la survie du FPI, et sa participation à la présidentielle de 2015

Par Correspondance particulière - La problématique de la libération de Laurent Gbagbo, la survie du FPI, et sa participation à la présidentielle de 2015.

LA PROBLÉMATIQUE DE LA LIBÉRATION DE LAURENT GBAGBO, LA SURVIE DU FPI ET SA PARTICIPATION A LA PRÉSIDENTIELLE DE 2015. Par Ben ZAHOUI-DEGBOU.

Depuis le 29 Novembre 2011, Laurent Gbagbo est en prison à la Haye par la
volonté de Nicolas Sarkozy et d’Alassane Dramane Ouattara. L'Objectif de nos
deux amis consistait à faire oublier leur ennemi commun par les Ivoiriens
avec sa déportation en Hollande, après l’avoir torturé pendant huit mois
à Korhogo, au nord de la Côte d’Ivoire. Ces deux membres en déclin de la
Mafia internationale, l’un est traqué par la justice de son pays et
l’autre est gravement malade, ces deux mafieux pensaient que
l’éloignement de Laurent Gbagbo arrangerait leurs affaires pour un retour
rapide sur investissement, après leur coup d’Etat sanglant qu’ils ont
fait à crédit en Côte d’Ivoire le 11 Avril 2011. Ils pensaient
également que sa présence en Hollande, très loin de la lagune Ebrié,
faciliterait la réconciliation nationale. C’est cet argument fallacieux
qu’ils ont fait prévaloir auprès de leurs amis des Nations Unies,
donneurs d’ordres de la CPI.

Le premier axe de la stratégie de Ouattara, conçue au bord de la Seine par
les barbouzes de Sarkozy, était justement la déportation de Laurent Gbagbo
à la Haye. Le deuxième axe de cette stratégie funeste, consistait à
affaiblir durablement le Front Populaire Ivoirien (FPI). Dans cette optique,
Ouattara a mis en prison toute la direction de cette organisation politique
qui, heureusement est très bien structurée et bien organisée. C'est une
vraie machine politique habituée à la lutte et seule capable de tenir tête
aux tenants du pouvoir d’Abidjan et de proposer aux Ivoiriens une
alternative crédible à court terme.

LE FPI A SURVÉCU A SON DÉMANTÈLEMENT GRACE A LA FORCE DE RÉSISTANCE DE
SES MILITANTS. SA DÉSTRUCTURATION PAR LE RÉGIME OUATTARA A COMPLÈTEMENT
ÉCHOUÉ.

La déstructuration du parti de Laurent Gbagbo, opérée par Ouattara était
une démarche indirecte pour suspendre et mettre en veilleuse les activités
du FPI. L’objectif était très clair, il fallait le faire taire et mettre
en place en Côte d’Ivoire, les fondations d’une oligarchie rétrograde
au service des multinationales néocoloniales et monopolistes. Celles-ci
étant bien évidemment incapables de soutenir la concurrence avec les
entreprises chinoises qui gagnent davantage, chaque jour, du terrain en
Eburnie, en particulier, et sur le continent africain en général. Signalons
au passage qu’une bonne partie des responsables et militants du FPI sont
en exil en Afrique, en Europe et aux Etats Unis.

Pendant le démantèlement de la direction du parti de Laurent Gbagbo, le
professeur Miaka Ouréto, avait été laissé en liberté, certainement
sous-estimé par les responsables du Rassemblement des Républicains (RDR).
Il a assuré sur deux ans, l’intérim de la présidence du Front Populaire
Ivoirien. Ses collaborateurs et lui, ont fait plus que résister face à un
pouvoir fascistes. Ils ont ressuscité de justesse le FPI qui fonctionne
aujourd’hui normalement, même si ses moyens financiers restent
insuffisants.

Ouattara connait bien la force du FPI. Il a une peur bleue de la formation
politique de Laurent Gbagbo et refuse par conséquent, de lui donner les
moyens pour qu’elle joue démocratiquement son rôle de parti
d’opposition. Ce qui du reste n’est pas surprenant. En effet, depuis
trois ans, les comptes bancaires des responsables du FPI et de tous ceux qui
ont légitimement soutenu les institutions de la république sont gelés.
Malgré tout, le parti de Laurent Gbagbo, habitué à la souffrance, à
l’image de son fondateur, a su reprendre intelligemment sa place sur la
scène politique ivoirienne.

Pascal Affi N’guessan, président statutaire du FPI, très déterminé,
dans sa liberté provisoire, une situation bien dissuasive pour un dirigeant
d’organisation politique de ce niveau, a pu tester la popularité de son
parti avec des tournées à travers le pays, du moins, dans le sud forestier.
Le nord est encore une zone « réservée où les Dozos et les rebelles »
font la loi. Dans l’ensemble, le FPI reste débout et est encore très
populaire en Côte d’Ivoire.

L’organisation d’une convention les 22 et 23 Février dernier, pour
recentrer les objectifs de la lutte et maintenir la flemme de la mobilisation
au niveau des militants, est venue confirmer le nouveau dynamisme de la
direction du FPI.
Il faut rappeler qu’au cours de cette dernière convention, la libération
de Laurent Gbagbo a été réaffirmée par les militants et les dirigeants du
FPI, comme étant la priorité dans leur stratégie de lutte, face au régime
moribond de Ouattara. La participation du FPI à la prochaine élection
présidentielle de 2015 a été également abordée les 22 et 23 Février
dernier. Aucune réponse ferme n’a pu être donnée à cette délicate
question qui dans le fond, est intimement liée à la libération de Laurent
Gbagbo, fondateur du FPI, à la survie de son parti et à l’avenir même de
la Côte d’Ivoire.

LA LIBÉRATION DE LAURENT GBAGBO DE LA PRISON DE LA HAYE EST UN PRÉALABLE
POUR SES PARTISANS.

Sa libération devient inexorablement un préalable à toute démarche en
faveur de la paix dans notre pays. C’est un préalable, parce que le Front
Populaire Ivoirien, parti de masse, ancré dans le socialisme, s’est
construit sur le charisme, le combat et le courage de Laurent Gbagbo, pour
promouvoir la démocratie, défendre les droits et les intérêts des
populations qui ne jurent que par lui. Du nord au sud, de l’ouest à
l’est en passant par le centre, Laurent Gbagbo garde intacte sa popularité
auprès des Ivoiriens.

Il bénéficie de ce qu’on appelle en sciences de la communication, d’un
pouvoir ou d’une domination charismatique. Celle-ci s’est essentiellement
construite sur l’admiration que les populations ont pour lui, en sa
qualité de Tribun de la Plèbe, investi de charisme et d’une mission
d’auxilium (défenseur du peuple). Le sociologue allemand Max Weber
définit justement la domination charismatique comme étant : « l'autorité
fondée sur la grâce personnelle et extraordinaire d'un individu. Elle se
caractérise par le dévouement tout personnel des membres d’une
organisation, à la cause d'un homme et par leur confiance en sa seule
personne en tant qu'elle se singularise par des qualités prodigieuses, par
l'héroïsme ou d'autres particularités exemplaires qui font le chef ».

Laurent Gbagbo est un Chef. C’est un leader charismatique et ses partisans
lui vouent une admiration exceptionnelle en Côte d’Ivoire, en Afrique et
dans le monde. A court terme, l’avenir du parti politique qu’il a créé,
dépendra nécessairement, d’un savant dosage entre les aspirations
légitimes des pro-Gbagbo et l’appréciation de l’évolution de la
situation sociopolitique en Côte d’Ivoire par la Direction du FPI. En
l’absence même de sondages d’opinions, on peut dire, sans risque de se
tromper, que pour les militants du FPI en particulier et les Pro-Gbagbo en
général, la libération du célèbre prisonnier de la Haye, est un
préalable à la réconciliation nationale et à la participation du parti
qu’il a créé, à l’élection présidentielle de 2015.

Dans le contexte sociopolitique actuel, le FPI n’a pas plusieurs choix
devant un régime complètement désorienté, qui ne pourra que tomber au
moment opportun, comme un fruit mûr, conformément à la loi de la nature.
Dieu merci, Laurent Gbagbo n’est pas encore condamné. Jusqu'à preuve du
contraire, il bénéficie de la présomption d’innocence et puis, la
procure Fatou Bensouda qui continue de faire du faux, n’a toujours pas de
preuve tangible contre lui. Dans deux mois, on saura si oui ou non Laurent
Gbagbo va être jugé par la CPI.

Une analyse politique sérieuse, sur l’avenir de la Côte d’Ivoire ne
peut exclure la libération de Laurent Gbagbo, soutenu par un peu plus de la
moitié des Ivoiriens. Si les « Grands décideurs » de ce monde, ne le
libèrent pas, ne serait-ce que provisoirement avant la présidentielle de
2015, il sera difficile à ses partisans d’accepter la participation du FPI
à cette échéance électorale. Ce sera impossible à la direction du Front
populaire Ivoirien d’envisager une démarche contraire à cette thèse,
compte tenu de la situation sociopolitique générale morose du pays qui
subit encore les conséquences du coup d’Etat du 11 Avril 2011. La Côte
d'Ivoire n'en est pas encore sortie.

PARTICIPER A L'ÉCHÉANCE DE 2015 CONSTITUERAIT UNE DÉMARCHE CONTRE NATURE
POUR LÉGITIMER UN POUVOIR MORIBOND.

Les conditions d’une élection juste, équitable et transparente ne sont
pas encore réunies en Côte d’Ivoire. Le nord du pays est toujours occupé
par les Dozos et les milices tribales de Ouattara. La Commission Électorale
Indépendante (CEI) qui était encore composée en majorité de
représentants des mouvements rebelles, vient de connaître un « toilettage
artificiel » sur mesure qui ne fait qu’amplifier, la suspicion légitime
de fraude sur le pouvoir. Et puis, Ouattara a déjà créé un fichier
électoral, voire même, mis en place un bétail électoral, sur la base
d’une naturalisation massive des ressortissants de la région ouest
africaine notamment du Burkina Faso. Aller à l’élection présidentielle
de 2015, constituerait pour l’opposition, une démarche contre nature pour
légitimer un pouvoir en agonie qu’il faut laisser mourir de sa propre
mort. C’est une question de temps. Le FPI doit attendre dans la
sérénité, continuer à travailler, à s’organiser et à réfléchir
sur les erreurs du passé pour construire l’avenir de la Côte d’voire.

Aujourd’hui, la présence de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, est plus
que nécessaire dans les conditions actuelles d’incertitudes. Avec une
réconciliation nationale boiteuse, impossible sans le natif de Mama et un
Ouattara (gravement malade) dont le corps astral a déjà entamé un voyage
de non retour, vers le monde invisible, depuis le 8 Février 2014. Pour
rappel, c’est ce jour-là que les Ivoiriens ont officiellement compris,
après son opération chirurgical qui a duré 04 heures 37 minutes, pourquoi
Ouattara passait trois semaines sur quatre dans le pays de sa femme.

Si Laurent Gbagbo libre, venait à parler à tous les Ivoiriens, dans des
termes dont lui seul a les secrets, notre pays aurait alors une chance
réelle d’aller à une vraie réconciliation nationale avec tous les
enfants de la Côte d’Ivoire, y compris ceux qui l’ont vendu aux «
Blancs », incarnés par Ouattara, Bédié et leurs suiveurs. Il faut les
comprendre. Ces derniers sont obligés d’assurer leur part de
responsabilité dans le contrat de vente de la Côte d’Ivoire aux
multinationales françaises. C’est avec leur complicité que, Sarkozy a
fait son coup d’Etat en Côte d’Ivoire le 11 Avril 2011. On comprend
alors aisément, l’entêtement de ce tandem de raison Bédié-Ouattara, à
se maintenir au pouvoir contre vents et marée. Ils n’ont pas le choix.
C’est la Mafia et ils ne peuvent pas en sortir.

Aimé Henri Konan Bédié, lui-même, est complètement dépassé par les
événements. Avec son âge très avancé et son état de santé qui se
dégrade de jour en jour, Bédié qui a toujours du vent dans les voiles, se
maintient malheureusement, à la tête du PDCI, maltraité au sein du RHDP,
une alliance contre nature, dont l’avenir ne peut qu’être incertain avec
un Ouattara lui aussi gravement malade et notoirement incapable de diriger le
pays. Pour des observateurs neutres de la vie politique ivoirienne, Laurent
Gbagbo reste encore, malheureusement pour ceux qui ne l’aiment pas, et
heureusement pour une grande majorité d’Ivoiriens, le seul recours
crédible, pour l’instauration d’une paix durable en Eburnie. Il a
montré, pendant onze ans, sa capacité à se surpasser et à faire des
sacrifices au nom de la paix. Soro Guillaume et Hamed Bakayoko qui se livrent
en ce moment une guerre fratricide, pour succéder à leur chef de guerre en
fin de règne, ne diront jamais le contraire. Ils ont certainement compris
que leur bienfaiteur d’hier, « leur père » même en prison à la Haye,
est présent, chaque jour que Dieu fait, sur la scène politique ivoirienne
qu’il impacte avec sa popularité grandissante.

Quelques membres démesurément ambitieux de l’élite politique du Front
Populaire Ivoirien et d’anciens proches collaborateurs de Laurent Gbagbo
qui se sont énormément embourgeoisés pendant une décennie et qui, pour
des raisons alimentaires, ont fait allégeance à Ouattara, ont voulu faire
de son vivant, « l’oraison funèbre » de celui qui a fait leurs
promotions et les a presque imposés aux Ivoiriens. Ils n’avaient pas
forcement plus de mérite que d’autres. Beaucoup d’entre eux, ont
bénéficié de la géopolitique de Laurent Gbagbo. Inutile de citer des
noms. Vous les connaissez. Aujourd’hui, il y en a qui se débattent tous
les jours, comme de beaux diables. Mais, personne ne les écoutent. Sans le
spectre reluisant de Laurent Gbagbo derrière leurs images devenues
désespérément pâles, ils ne sont plus crédibles et ne représentent plus
rien politiquement. Même Ouattara ne les « calcule » pas (ne les
considère pas).

Le leadership, l’histoire, le parcours, le charisme, l’aura et la
popularité de Laurent Gbagbo, devenu le symbole de la lutte pour la dignité
et la souveraineté de l’Afrique, restent encore le ciment de l’unité et
de la confiance entre le peuple ivoirien et le FPI. C’est une réalité
dont il faut tenir compte pour garder une belle convergence de vues et
d’analyses politiques par rapport à 2015, entre les structures nationales,
la Coordination des exilés, les mouvements de résistance patriotique et les
militants du FPI. Contrairement à ce que disent et écrivent à profusion,
des pseudos spécialistes de la Côte d’Ivoire, derrière les professions
de foi, sur la libération de Laurent Gbagbo, qui n’est pas un simple
slogan, Pascal Affi N’Guessan et la direction du FPI, n’ont pas
d’agendas secrets, en dehors des aspirations légitimes des pro-Gbagbo qui
n’attendent que le retour au pays de leur leader. Aboudramane Sangaré,
Assoa Adou, Miaka Ouréto, Laurent Akoun, Douati Alphonse, Dédi Séry,
Ghaoulé Oupoh et Jacob Ahoua Don Mello, pour ne citer que ceux-là, ne
trahiront jamais Laurent Gbagbo.

Une contribution de BEN ZAHOUI-DEGBOU
Géographe, Journaliste Spécialiste de Géopolitique et de
Médiation Institutionnelle