Scandale/Lobbying, soupçons de concussion et de corruption: Les sales draps de Jean Yves Le Drian

Par Aujourd'hui - Lobbying, soupçons de concussion et de corruption. Les sales draps de Jean Yves Le Drian.

Jean Yves Le Drian, ministre français des Affaires Etrangères.

Dans ses deux dernières parutions, Jeune Afrique consacre une longue enquête à l’actuel ministre des affaires étrangères français qui fut d’abord ministre de la défense sous la présidence de François Hollande. Donneur d’ordres en Afrique en particulier où il est reçu comme un chef d’Etat, Jean-Yves le Drian en agacerait tout de même certains qui n’hésiteraient pas, de l’aveu de J.A, à le traiter d’ingrat.

C’est tout de même une enquête à fleurets mouchetés qu’a menée Jeune Afrique sur le ministre des affaires étrangères de France qui ne serait pas sûr, selon des sources parisiennes, de conserver son poste après le réaménagement technique que prépare Emmanuel Macron. Le président français prépare en effet sa réélection pour un second mandat à la tête de la France et lorgnerait, pour ce faire, sur des personnalités pouvant lui apporter des voix de droite.

Le Drian, un ingrat

Cela dit, pour ce qui est de l’enquête, on y apprend tout de même que Jean-Yves le Drian qui fut ministre de la défense sous François Hollande a gardé ses relations sur le marché des armes et qu’il en ferait profiter son fils Thomas le Drian qui le suit dans ses différentes missions officielles.

Mais c’est surtout sur le théâtre africain que cette longue enquête devient intéressante. Car selon Jeune Afrique, le ministre français des affaires étrangères est un personnage craint dans le microcosme des chefs d’Etat africains.

Pour cela, on ne lui refuse rien et il est même accueilli comme un homologue dans le pré-carré Français où le Drian tutoie tout le monde, écrit Jeune Afrique. D’ailleurs, pour montrer qu’on ne lui refuse rien, le magazine raconte qu’un maître escroc franco-israélien imitant parfaitement sa voix s’est fait remettre des mallettes d’argent pour le compte du ministre des affaires étrangères on ne sait trop comment.

Car l’enquête ne va pas plus loin sur le sujet. Au moins, cette anecdote décrit de manière sibylline de quoi sont essentiellement faites les relations entre les chefs d’Etat africains et M. le Drian. D’ailleurs, l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéïta(IBK) dont celui-ci avait pointé en public l’incapacité à conclure un accord de paix avec la rébellion malienne lui aurait rétorqué qu’il est un ingrat.

Au sujet des détails de cette faveur, le journal raconte qu’en 2015, le président malien a dû accorder le marché de fabrication des passeports biométriques maliens à la société française Oberthur Technologie sur insistance de l’ambassadeur français accrédité dans le pays Gilles Huberson relayé par Jean-Yves le Drian en personne qui était alors ministre de la défense.

Coups fourrés françafricains

Au cours de l’année 2014, le Drian relance donc le président malien à plusieurs reprises et lui fait même du chantage au sujet de l’engagement militaire français dans le pays. IBK finit donc par faire droit à la demande française. Ce qu’un de ses proches n’oublie pas de raconter à Jeune Afrique : « Le Drian y tenait tellement qu’il a mentionné l’engagement militaire français au Mali lors des négociations, expliquant que les soldats des deux pays mourraient ensemble au front.

Il était déjà arrivé que Hollande demande d’aider les entreprises françaises, mais jamais de manière si insistante. Le président n’avait rien contre les Canadiens, il était d’abord réticent à changer », tente-t-il d’expliquer.

D’ailleurs, contrairement à l’accord avec la Candian Bank, la nouvelle convention qu’obtient Oberthur est avantageuse à plus d’un titre puisque l’entreprise française vend directement les passeports elle-même. Ce que ne faisait pas son homologue canadienne.

De toutes les façons, le lobby Breton ne se limite pas à cette prise africaine bien trop facile de toutes façons. Dans les Emirats, il décroche plusieurs accords pour l’usine Sabena Technics spécialisée dans l’entretien des aéronefs, notamment africains et travaille aussi pour un club de patronat français appelé le Club des trente pour lequel le ministre français joue d’influence au sein de la classe dirigeante parisienne. Mais comme on peut l’imaginer, l’Afrique est son terrain de chasse favorite.

Et en Côte d’Ivoire ?

J.A. n’écrit en revanche aucune ligne sur les relations entre le Breton et les autorités ivoiriennes que Jean Yves le Drian a pourtant toujours soutenues. En effet, au plus fort de la polémique sur le troisième mandat, le ministre des affaires étrangères s’est précipité pour se rendre à Abidjan aux funérailles du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly décédé en juillet 2020.

Il rencontre ensuite le président ivoirien Alassane Ouattara que la presse ivoirienne croit boudé par le gouvernement français. Jean-Yves le Drian douche alors rapidement les ardeurs de l’opposition ivoirienne en justifiant le mandat anticonstitutionnel que veut briguer Alassane Ouattara comme une conséquence du décès subit de son Premier ministre.

« Dans ces conditions, on peut comprendre que le président n’ait pas d’autre choix que de briguer lui-même un nouveau mandat » , dit-il en substance.
Ce discours, Alassane Ouattara l’avait rodé pendant toute la durée de ses consultations avec ses partisans. On imagine aisément qu’il s’est passé beaucoup de choses au Palais présidentiel d’Abidjan.

Lesquelles ? Difficile de le dire puisque l’enquête ne pipe mot du moindre lobbyng de Jean-Yves le Drian en Côte d’Ivoire qui est pourtant la capitale du pré-carré africain de la France.

Signe des temps, une grande partie de la classe politique de l’opposition avait écrit à Emmanuel Macron pour le prier de raisonner le président ivoirien en insistant sur le précédent dangereux que sa candidature anticonstitutionnelle créait dans le pays ainsi que des risques de violences qui allaient avec.

Mais elle n’a jamais eu de réponse. Et même lorsque les violences sont survenues et qu’Amnesty International a exigé la mise en place d’une commission d’enquête pour sanctionner les auteurs des violences qui avaient coûté la vie à 300 personnes, la France n’a jamais levé le petit doigt.

Une telle permission de tuer ne pouvait logiquement être accordée à un régime sans la moindre contrepartie mais ceci est une autre histoire que l'enquête de J.A. a refusé d’aborder.

SEVERINE BLE