Scandale/Côte d’Ivoire : Hausse du nombre de prisonniers politiques en 1 an due à l’explosion des arrestations (Rapport)

Par IvoireBusiness - Scandale/Côte d’Ivoire : Hausse du nombre de prisonniers politiques en 1 an due à l’explosion des arrestations (Rapport)

La tristement célèbre maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), véritable mouroir pour les prisonniers politiques. Image d’illustration.

Le nombre des détenus politiques dans les prisons ivoiriennes est reparti à la hausse en un an, selon un dernier rapport du Secrétariat National de l’Administration Pénitentiaire et des Prisonniers Politiques du Front populaire ivoirien (SNAPPP), en date du 26 juillet 2018.
Selon le SNAPPP, « l’on est passé de 197 détenus (dernier rapport 2017) à 228 prisonniers répertoriés à ce jour, du fait de nombreuses arrestations définitivement répertoriées par nos enquêteurs et opérées en 2017 dans divers endroits du territoire national comme Séguéla, Yopougon, Cocody, Bingerville, suite à des affrontements qui semblaient impliquer des forces pro-Ouattara entre elles. »

Chiffre qui s’appuie sur le recoupement des différentes données d’enquêtes et les recherches permanentes menées dans les maisons d’arrêt et de correction à travers le territoire national.

Alors même que la propagande officielle fait état d’une baisse du nombre des prisonniers, ce dernier rapport du SNAPPP vient battre en brèche les chiffres gouvernementaux.

On se rappelle que le Président Alassane Ouattara a toujours nié l’existence même de prisonniers politiques.
Mais de plus en plus de voix au sein de la majorité RHDP au pouvoir (RDR + PDCI) se lèvent pour contredire la parole présidentielle.

C’est le cas du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, qui sur les ondes de RFI depuis Paris, a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques.

Le Maire du Plateau Akossi Bendjo, fraîchement débarqué de son poste hier en Conseil des Ministres pour malversation, a mis son limogeage sur le compte de son refus de cautionner l’inféodation du PDCI-RDA à un soi-disant parti unifié RHDP, et à son combat en faveur de la réconciliation nationale et la libération de tous les prisonniers politiques.

Ce rapport de 18 pages du SECRÉTARIAT NATIONAL CHARGE DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE ET DES PRISONNIERS POLITIQUES, met également en lumière plusieurs autres dérives du système carcéral ivoirien comme :

-Les tortures ;
- Le surpeuplement carcéral ;
-Le confinement continu et le manque d’exercice ;
-Les insuffisances graves et préoccupantes en matière d’hygiène, de soins, de cantine et de sécurité ; -Le faible nombre de visites des membres de sa famille ; Le blocage des comptes des détenus politiques ;
- L’organisation de procès iniques ;
- La détention préventive prolongée au-delà de tout délai raisonnable ;

Le rapport impute les décès survenus dans ses prisons-mouroirs et en dehors de la détention au régime ivoirien.

Raison pour laquelle, il recommande « la nécessité qu’il y a à améliorer la gouvernance en Côte d’Ivoire afin d’en garantir pleinement la prospérité et la stabilité, car La situation d’emprisonnement que vivent les détenus d’opinion est inacceptable du point de vue des droits humains et appelle plus largement à une solution durable et définitive dans le sens de l'apaisement et de la réconciliation en Côte d’Ivoire. »

Comme solution, le rapport prescrit « une loi d'amnistie générale afin de pouvoir encore sauver ce qui reste de cohésion sociale en Côte d’Ivoire », car convaincu que « les prisonniers politiques et leurs familles politiques et biologiques sont disposés ensemble, à tendre la main au régime du rattrapage en Côte d’Ivoire ».

Nous y reviendrons.

Eric Lassale