Scandale/ Roulé dans la farine par Alassane Ouattara, Sidiki Bakaba appelle au secours de son épouse malade: "Ayala risque de mourir..."

Par Afrikipresse - Côte d'Ivoire. Roulé dans la farine par Alassane Ouattara, Sidiki Bakaba appelle au secours de son épouse malade "Ayala risque de mourir si rien n'est fait..."

Sidiki et Ayala Bakaba. Image d'archives.

Cela fait sept (7) mois que Ayala Yvette Ben Guigui, épouse de Sidiki Bakaba, ex-Directeur général du Palais de la culture d’Abidjan, est hospitalisée à Paris. Son époux, acteur, metteur en scène et réalisateur de renommée, rencontré mardi 14 novembre 2017 au café « La Place » métro Place d’Italie, dans le 13e arrondissement de la capitale française, crie son amertume et sa colère :

« Celle que nous partons voir là a mis 10 ans de sa vie au service de la Côte d’Ivoire. Il sera injuste qu’elle meurt dans cette condition, sans assistance ». Dans le bus 83 emprunté pour aller vers l’hôpital où son épouse est internée, il ne cesse de raconter le parcours de celle-ci, et son engagement au service de la Côte d’Ivoire, son pays d’adoption.

Arrivés à l’hôpital Broca sis au 54-56 rue Pascal, Paris 13e, nous partons à la porte 278, au 2e étage. Une aide-soignante est à l’intérieur et nous devons patienter. Après une poignée de minute d’attente, nous voici nez-à nez avec celle qui fut directrice administrative du Palais de la culture d’Abidjan pendant dix ans. Couchée raide, elle ne sent même pas notre présence.

Sidiki Bakaka s’approche d’elle et l’embrasse. Il est presqu’en larme. Il montre l’une de leurs photos d’il y’a seulement un an. Quand je jette à nouveau un regard sur le lit, impossible pour moi de supporter son regard. Je n’ai pu contenir mes larmes moi aussi. Sur le mur, j’observe qu’elle est en soins intensif et de long séjour avec un coût qui avoisine 4000 euros par mois. « C’est de tout ça je t’ai parlé. Où tu veux que j’enlève de l’argent pour payer tout cela », interroge l’ex DG du Palais de la culture de Côte d’Ivoire. « On me dit tantôt qu’elle a l’hémorroïde, tantôt on me parle d’Alzheimer…Il y’a des jours, elle ne me reconnaît même pas, ou bien elle perd la mémoire, et demande que je sorte de la chambre…C’est tout ça qui me fait souffrir », raconte-t-il.

[ Qui est madame Sidiki Bakaba née Ayala ? ]

Âgée de 70 ans, Yvette Ayala Ben Guigui est née à Oran en Algérie. Elle est française, d’origine juive sepharade. Elle fait la rencontre à Paris dans les années 75 ( un peu plus de 40 ans ) du jeune acteur, Sidiki Bakaba, originaire de la Côte d’Ivoire. Et depuis, ils forment un couple. En 2000, lorsque Laurent Gbagbo prend le pouvoir, il fait appel à son jeune frère Sidiki Bakaba pour lequel il aurait de l’admiration, et qu’il voyait souvent à Paris pendant son temps d’exil (1984). Pendant ce temps, Bakaba Ayala est professeur psychiatre depuis 20 ans à l’hôpital des enfants Paris Necker dans le 15e arrondissement. Laurent Gbagbo lui fera aussi appel.

[L’appel aux autorités ivoiriennes ]

« Elle n’est pas une aventurière qui a suivi son mari, c’est une fonctionnaire de l’État français que le nouveau président ivoirien, Gbagbo, a détachée auprès de lui. Lorsque j’ai été nommé DG du palais de la culture en janvier 2001 par décret présidentiel, elle aussi a été nommée conseillère à la présidence détachée auprès du DG du palais de la culture comme directrice administrative. Vous voyez que, pendant que moi je dépendais du ministère de la culture, elle dépendait directement de la présidence de la république. Malheureusement au moment où nous quittions le pays suite à la crise postélectorale en 2011, son dossier était vide. Le responsable des français de l’étranger à Abidjan nous a dit qu’elle ne bénéficie d’aucun droit. Aucune cotisation dans les caisses de l’État ivoirien, ni de l’État français. Alors qu’elle a laissé plus de 95 millions de Fcfa comme budget prévisionnel 2012 dans les caisses du Palais de la culture, alors que l’ex ministre feu Bohoun Bouabré lui a décerné le diplôme de meilleur gestionnaire, enfin alors que parallèlement à sa fonction de directrice administrative, elle s’est occupée pendant dix ans de plus de 350 enfants orphelins dans l’Ouest du pays, elle risque de mourir comme si elle n’avait jamais existé. Il faut que les nouvelles autorités me viennent en aide en réparant cette injustice » plaide, Sidiki Bakaba.

Malgré son absence durant dix ans de la fonction publique française, Mme Bakaka bénéficie d’un revenu minimum parce qu’elle a la nationalité française, mais aussi pour avoir travaillé epndant 20 ans en France. Des ressources insuffisantes pour subvenir à sa prise en charge médicale.

Philippe Kouhon

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Quelle est votre actualité en France ?

Disons que j’ai eu la chance d’être honoré en juin dernier (2017) pour l’ensemble de ma carrière, par Eurafriclap initiée par Claude Fisher-Herzog, et qui en est à sa troisième édition. La cérémonie a eu lieu dans le mythique « Les Ursillines cinéma » dans le 5ème arrondissement de Paris. Il y a eu aussi, tout récemment, ma présence aux Champs-Elysées Film Festival, avec un film français que j’aime beaucoup. A savoir « Descente aux enfers » dans lequel je partageais la vedette avec Claude Brasseur et Sophie Marceau. C’est un peu la France qui me rend hommage, à travers ces deux événements.

Comment avez-vous perçu cet hommage de Eurafriclap, alors que vous traversez des moments difficiles ?

Pour moi, c’est une fierté. Mais ça souligne ce paradoxe que je traverse. Je n’ai plus accès à mon pays la Côte d’Ivoire, comme je le souhaiterais… Comme le dit Koffi Kwahulé ( Homme de théâtre ivoirien) : « Mourir à l'étranger, c’est comme si on n’avait jamais vécu, parce qu’un étranger, c’est quelqu'un qui accroche sa vie comme on accroche son manteau à l’entrée d’une maison. C’est quelqu’un qui attend de vivre ». À l’heure où je vous parle, j’attends de vivre. Vivre pour partager les moments de joie et de tristesse avec les miens. Ceci dit, je reviens du Sénégal…

Qu'étiez-vous allé faire au Sénégal ?

Le Sénégal est un pays que j’aime, et qui m’aime. J'y ai travaillé avec une équipe de Rfi sur les grands témoins de notre continent. J’y ai rencontré Cheikh Hamidou Kane et Amadou Mahtar M’bow. J’ai eu le bonheur durant mon séjour, d’offrir au nom de la Côte d’Ivoire, à la Télévision nationale sénégalaise, une pièce emblématique de la Résistance face à la pénétration coloniale: « l’Exil d’Alboury » de Cheikh N’Dao. J'étais là, dans un de mes rôles de prédilection: le rôle d’ambassadeur…

Comment vivez-vous le fait que votre pays ne vous sollicite pas en ce moment, alors que vous êtes demandé un peu partout dans le monde ?

J'espère encore que c’est ponctuel. En effet, depuis mon exil forcé en 2011, j’ai tourné en Chine un film qui est actuellement à l’affiche là-bas (China Salesman). Juste après, j’ai été invité à me produire au Fal de théâtre contemporain à Brazzilia. Je viens de terminer un très beau film avec Christian Lara, intitulé « Esclave et courtisane » dans lequel, ma participation a déterminé le réalisateur à aller tourner une partie du film en Côte d'Ivoire. Ce film est ainsi devenu franco-ivoirien. Ensuite, je suis actuellement en tournage pour « Ni Dieu ni maître » d’un réalisateur italien. C'est sur le drame des migrants. Ceci dit, il y a effectivement un paradoxe dans ma situation.

Pouvez-vous expliquez ce paradoxe ?

Il y a 3 ans, Maurice Bandaman, le ministre de la Culture, m’a transmis un message du président de la République, M. Alassane Ouattara, me demandant d’accompagner la délégation ivoirienne au festival de Cannes, en France ; la Côte d’Ivoire étant sélectionnée pour la deuxième fois dans ce festival. C’était pour moi, un honneur d’accompagner cette délégation, et de rendre hommage à Désiré Écaré qui avait eu le prix de la critique internationale en 1985, avec son film « Visages de femmes » dont j’étais un des acteurs principaux.

Et qu'est-ce qui s'est passé ?

Ce même ministre, qui m'a transmis le message présidentiel, m’a exclu des « 50 ans du cinéma ivoirien », en retirant de cet événement, tous les films dans lesquels j’apparais en tant que réalisateur ou acteur. Y compris « Visages de femme ». On a aussi soigneusement évité de m’inviter au dernier Fespaco, alors que, comble de tout, on rendait hommage à la Côte d’Ivoire. Curieusement, ce même ministre de la Culture qui m’avait invité à Cannes, n’a pas jugé ma présence opportune dans ce Fespaco où je vais chaque année, depuis sa création en 1969. J’ai été proprement exclu de la délégation ivoirienne, alors que le président du Fespaco, Ardiouma Souna du pays des Hommes intègres, lors de sa conférence de presse, à Paris, avait promis ma présence. J’ai même accordé des interviews à la presse burkinabé dans ce cadre. Et finalement, pas de Sidiki Bakaba.

Votre présence dans la délégation ivoirienne à Cannes, a été critiquée par certains Ivoiriens.....

Je suis allé à Cannes avec beaucoup d’enthousiasme, et je considère que c’était mon devoir de le faire, en tant qu’aîné. Cela m’a été effectivement reproché par certains Ivoiriens, ignorant que je suis avant tout, sur un terrain neutre. Je suis un artiste, un acteur de cinéma, et ma place, ma Mecque, mon Rome, c’est Cannes. Surtout, quand ça a été demandé par le président de la République. N’oubliez pas que j’ai été nommé Ambassadeur pour la culture, par décret, par le président Gbagbo. Je joue donc mon rôle d’Ambassadeur en allant à Cannes. Mais bon, on ne peut pas s’arrêter, même quand il y a ce genre de critiques.

Comment définissez-vous ce rôle d'Ambassadeur ?

Mon rôle à moi, est de ne pas jeter e l sur le feu, mais plutôt de l'éteindre. Il y a un âge pour tout. Le rôle d’un Ambassadeur, surtout un artiste, est plutôt de réconcilier des frères ennemis, réconcilier la langue et les dents dans la même bouche. Je rappelle que je ne suis d’aucun parti, ni d’aucune querelle ethnique ou religieuse.

Est-ce votre amitié avec Laurent Gbagbo, qui explique cette mise à l'écart ?

Il faut que les gens comprennent que j’ai des amis dans tous les partis politiques. À propos de mon amitié avec le président Laurent Gbagbo, je voudrais rappeler ce qu’a dit un jour Amadou Hampaté Ba sur ses relations très cordiales avec Houphouët-Boigny. Il disait très justement, qu’un président de la République n’a pas d’amis. Ceci dit, Laurent Gbagbo et moi, nous nous connaissons depuis plus de 40 ans. Je me considère comme l’ami de l’homme Gbagbo. Pour le président, je n’en sais rien. Depuis la crise que mon pays a connue, il y a des personnes comme le ministre Hamed Bakayoko, qui sont restées très proches de moi. Hamed Bakayoko me respecte beaucoup, et je le lui rends bien sur le plan des relations humaines. Il y a Sidiki Konaté qui est très proche de moi. Il y a aussi Amoakon Tiémélé d’Abengourou qui est ma ville natale. J’ai des amis dans toutes les chapelles politiques en Côte d’Ivoire. Les gens devraient savoir que je défends des causes nobles : la justice et la paix.

Avec du recul, que retenez-vous de votre passage à la tête du Palais de la culture en Côte d’Ivoire ?

Je garde de très bons souvenirs, même si ces moments inoubliables, passés à vouloir construire l’aura d’une Côte d’Ivoire culturelle, ont été au prix d’un vrai sacrifice: celui de ma carrière sur le terrain international. Mais j’ai fait ce sacrifice avec cœur, surtout pour ces milliers d’écoliers qui venaient chaque semaine au Palais de la culture, voir nos créations. C'était pour moi, comme un placement, que de les voir s’instruire au rythme des contes traditionnels, sous l’oiseau-livres. Je voudrais remercier le professeur Mamadou Koulibaly, alors président de l’Assemblée nationale, qui venait régulièrement avec de nombreux écoliers, pour suivre nos œuvres. Les gens ignorent le grand intérêt de ce monsieur pour la culture ivoirienne.

De mauvais souvenirs sans doute aussi ?

Oui, il y a eu des hostilités de la part du ministre de la Culture de l’époque, Augustin Kouadio Komoé, qui ne m’a pas facilité les choses, c’est le cas de le dire. Je dirais même que ce ministre m’a combattu. Tout n’a pas été rose. Mais bon, tout ça est derrière moi. Je prends de la hauteur. Je voudrais aussi dire que ce poste de Directeur du Palais de la culture, n’est pas un poste politique. Je n’ai d’ailleurs pas accepté le portefeuille de ministre de la Culture, que le président Gbagbo m’avait proposé. Il faut que ça soit clair dans l’esprit des gens, que je ne suis pas un homme politique.

Vous avez rencontré le 9 juin dernier à Paris, le conseiller du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Est-il vrai qu’au cours de cet entretien, vous avez décidé d’apporter votre soutien à la politique du pardon et de réconciliation, initiée par M. Soro.

Je vous ai dit que je suis né à Abengourou dont le nom initial M’Pènkoro, donné par le fondateur Mian Kouadio, veut dire ‘’pays de paix”. J’irai donc partout où il est question de paix et de réconciliation. La paix est sacrée chez les Akans dont je suis un des dignitaires du Royaume de l’Indénié… C’est tellement sacré à mes yeux que, lorsque le doyen Bernard Dadié a lancé l’opération pour la libération de Laurent Gbagbo, je n’ai pas hésité à y participer.

Et comment avez-vous manifesté cette adhésion ?

J’étais sur un vélo dans Paris, pour demander sa libération. C’est le symbole que je soutenais. J’aurais pu le faire pour n’importe quel autre dirigeant africain. Et d’ailleurs, si on m’avait invité pour la caravane de la paix que le gouvernement Ouattara a organisée, je crois en 2013, je serais allé en Côte d’Ivoire, la main sur le cœur. J’en profite pour dire que je n’ai pas oublié le geste du président Ouattara fin 2014, suite à un Avc, qui, sur mon lit de convalescent, m’a apporté un soutien humain.

Que comptez-vous faire concrètement pour aider Guillaume Soro dans sa démarche de paix ?

Il a déjà mon soutien. Maintenant, c’est à lui de décliner sa stratégie, et je verrai ce que je ferai. Je voudrais préciser que Soro me rejoins sur le terrain de la réconciliation et la paix. Ce n’est pas lui qui m’y entraîne. En 2002, à l’éclatement de la crise, nous avons lancé la toute première caravane pour la paix. Honoré Guié, un Imam, le révérend Siéhi Benjamin, Philippe Mangou, alors colonel, et moi-même, avions organisé cette caravane pour la paix. Madame Ayala Bakaba et le révérend Siéhi Benjamin se sont occupés ensuite des milliers d’orphelins de guerre à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Vous comprenez que la mobilisation pour la paix et la réconciliation, est essentielle pour moi. Je ne découvre donc pas cela par le biais de Guillaume Soro.

Avez-vous déjà rencontré Laurent Gbagbo ?

Hélas non ! J’ai essayé en 2012. J’ai fait les démarches qu’il fallait, et je n’ai pas eu de suite. Alors, comme il est écrit sur les fiches que j’ai remplies, que la Cpi ou le détenu peut refuser la visite, je m’interroge : qui a refusé ? La deuxième demande que j’ai ensuite faite, est restée sans suite. Au décès de sa mère, j’ai fait une troisième démarche, pour lui présenter mes condoléances. Elle est, elle aussi, restée sans réponse. Je prie Dieu qu’il recouvre la liberté. Quand il sortira, je suis sûr, l’homme sincère qu’il est, m’expliquera pourquoi mes trois demandes de visite, sont restées sans suite.

Que vous inspire cet hommage que vous a rendu le monde universitaire, par le biais du Professeur Kamaté Bahouman André, qui vous a consacré deux livres, et qui prépare un colloque international qui vous est dédié ?

Cela m’honore. Mais je suis mal placé pour en parler. Je suis touché par la démarche du Professeur Kamaté Bahouman André. Il m’a contacté, il y a quelques années, pour me dire qu’il me suivait, et préparait des travaux sur mes œuvres. Après les livres, il prépare en ce moment un colloque international sur mes créations. C’est la preuve que le travail bien fait, est bien reconnu. En tout cas, je remercie le professeur Kamaté pour l’intérêt intellectuel et universitaire, qu’il porte à mes œuvres.

Réalisée par KIKIÉ Ahou Nazaire et SYLLA A.

Source: In LINFODROME du 12/07/2017